Y a pas photo !

Pour toute défense après que Patrick Assirvaden eut exhibé une photo de lui en compagnie de Geanchand Dewdanee à l’Assemblée Nationale, mardi dernier, Pravind Jugnauth – on le désignera par son nom pour le reste de cet article parce que tout dans son comportement de goujat et de lâche le disqualifie pour le poste de Premier ministre – a brandi un cliché montrant la chanteuse Jasmine Toulouse en compagnie de Franklin.

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Pour rappel, Geanchand Dewdanee est un activiste du MSM qui avait une présence très assidue non seulement aux réunions organisées au Sun Trust, mais qui était presque quotidiennement vu dans les couloirs des ministères occupés par Pravind Jugnauth et surtout lorsque ce dernier a été installé comme chef du gouvernement par son père.

C’est d’ailleurs quelques mois après l’installation controversée de son leader au poste de PM que le zanfan Lakaz du MSM Dewdanee a été interpellé en mars 2017 suivant la saisie de 135 kilos d’héroïne pour une valeur de Rs 2 milliards dissimulés dans des compresseurs. À part les interpellations et le témoignage de Navin Kistnah, il n’y a pas encore eu de condamnation formelle dans cette affaire qui date de 6 ans. C’est comme ça que le propriétaire du Sun Trust “kas lerin mafia”.

Pravind Jugnauth devrait être le dernier politicien à donner des leçons aux autres lorsqu’il s’agit de fricoter avec des barons réels ou présumés. Il n’y a pas que la proximité et la complicité évidentes avec Dewdanee. Il y a également des photos de lui en d’autres compagnies plus que glauques, notamment celle de l’employé du port Shakeel Baulaum qui avait quitté le PTr pour rejoindre le MSM, où les petites affaires se déroulent toujours comme sur des roulettes ou sur des boulettes puisqu’il s’agit de drogue.

Ce transfuge que l’on voit assis très décontracté sur un sofa aux côtés de  Pravind Jugnauth a été interpellé dans le cadre de l’enquête sur les Rs 30 millions de cannabis découverts en juin 2020 sur le LSS Success. Le leader du MSM, qui aime brandir les photos des autres, a aussi été aperçu sur un cliché le montrant en compagnie du tout premier prête-nom interpellé dans l’affaire Franklin, Ritesh Sumbhoo. C’est celui qui revendiquait être le propriétaire de la très voyante demeure de Franklin à La Gaulette.

Pravind Jugnauth doit aussi avoir quelques photos avec son conseiller municipal à Vacoas/Phœnix et son fils Ranveer Moocheet qui a été arrêté avec du haschish, il y a une quinzaine de jours. C’est dire que son album photos à lui, en compagnie de personnes peu recommandables, est bien plus fourni que tous ses opposants réunis.

La photo de Jasmine Toulouse date d’une dizaine d’années, avant même qu’elle ne s’engage en politique et qu’elle défende les couleurs du MMM aux dernières élections générales à Savanne/Rivière Noire en novembre 2019 ; celles du Premier ministre avec des trafiquants présumés ou avérés sont eux très récents.

Le cliché de la chanteuse et travailleuse sociale de la région de l’Ouest lui a été refilé au Parlement par son meilleur valet du moment, celui qu’il a récemment décoré : Alan Ganoo. Pravind Jugnauth le lui a demandé, il s’est exécuté sans hésitation. Voilà l’explication bidon du servile de service. Et pourtant, il connaît parfaitement le parcours de Jasmine Toulouse, une habitante de sa circonscription. Mais il s’est montré sous son vrai jour de goujat et de lâche.

Alan Ganoo a même osé tenir un point de presse après la PNQ du leader de l’opposition, mardi. Il n’a pipé mot sur la photo dont il était l’infâme distributeur, ni n’a-t-il commenté le rapport de l’audit qui a, une nouvelle fois, démoli le ministère de la Santé dans la fameuse affaire du Molnupiravir, alors que sa sœur Dalida Allagapen était la Permanent Secretary et a commodément démissionné avant que l’enquête ne démarre. Non, il lui suffit d’être le petit fournisseur de photos de son patron.

Or, Alan Ganoo devrait lui aussi se garder d’exhiber des photos de ses adversaires. Qui ne se souvient de cette photo où il affiche, tout sourire, une grande intimité avec son chauffeur personnel Ravin Jany, ce dernier le couvrant de ses doigts protecteurs et triomphalistes. Or, ce Ravin Jany a été interpellé pour trafic de drogue le 22 décembre 2020.

Et cet ancien Speaker, qui ose balancer photo et nom d’une étrangère en plein hémicycle, alors que pour le trafiquant Franklin, condamné à 7 ans de prison à La Réunion pour trafic de drogue, c’est le strict respect des procédures internes au Parlement et ce sont seulement ses initiales qui ont été mentionnées. Non mais en matière d’indignité, de lâchété et de bassesse, Sooroojdev Phokeer, Pravind Jugnauth et Alan Ganoo sont sur la même ligne.

Le nominé politique du MSM au perchoir a annoncé qu’il viendra avec une déclaration sur l’utilisation des photos dans l’hémicycle. Celui qui a été incapable de faire respecter les Standing Orders et qui a autorisé son leader à balancer le nom de Jasmine Toulouse en plein hémicycle et de brandir des photos de Bruneau Laurette avec des dirigeants travaillistes – en oubliant que celles de ses propres troupes avec l’activiste étaient bien plus éloquentes – va maintenant réglementer l’usage des photos. Non, mais quelle farce!

Les fanfaronnades du leader du MSM sur le trafic de drogue, et la protection dont il jouit au Parlement pour faire le procès de ses adversaires, ne changeront rien à la perception que beaucoup de Mauriciens ont que c’est toujours sous un gouvernement MSM que les stupéfiants connaissent une explosion.

Ce n’est pas une coïncidence que ce sont ses proches qui ont été épinglés dans le rapport Lam Shang Leen, qu’il se retrouve comme par hasard en photo avec des présumés trafiquants et d’autres louches individus, qu’il ait attendu quatre ans après la condamnation de Franklin, après que la presse et l’opposition ont dénoncé l’affaire, pour lancer les procédures de son extradition.

Et pour couronner le tout, voilà qu’en marge de l’affaire Franklin, un cas de corruption a fait surface impliquant des caciques du Sun Trust. Alors, entre lui et les opposants qu’il dénonce, y a pas photo.

Josie Lebrasse

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