Vraiment pathétique

Entre les larmes qui ont ponctué l’interview que Jenny Adebiro nous a accordée la semaine dernière pour dire tout le bien qu’elle pense du MMM et le script maladroitement lu dans un débit tout aussi larmoyant pour annoncer son départ parce que “l’éthique n’a plus d’importance”  chez les mauves, il n’y a que quatre jours seulement. C’est vraiment pathétique.

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Et ce qui l’était plus encore, c’est ce parler à la troisième personne et ces “Jenny, Jenny, moi, moi”. Elle se plaint de n’avoir pas été soutenue, de n’avoir pas été nommée ici ou là. La politique, ce serait les petites places de prestige éphémère qu’on occuperait. C’est le militantisme ça? Et c’est l’éthique ça?

Madame Adebiro dit tout et son contraire. Dans sa lettre de démission, elle écrit qu’elle quitte aussi la présidence de la commission des femmes d’où, selon ses propres dires, elle a été “éjectée” en 2020. Faut décider: soit on y est, soit on n’y est plus et soit on est en congé. Ce qui est le cas depuis 2020 au moment où elle était extrêmement bouleversée par les cas de vol et de viol impliquant un membre de sa famille.

Les gesticulations de Jenny Adebiro sont, en tout cas, indignes et répugnantes pour ceux qui viennent de la découvrir ou la redécouvrir en marge du recomptage des voix au no 19. Le MMM devrait s’en prendre à lui-même si, aujourd’hui, les choses connaissent une telle tournure.

Comment quelqu’un qui a démissionné de la présidence de la commission des femmes en mai 2019 pour des raisons jamais révélées et qui a ensuite repris sa lettre, peut-elle obtenir une investiture cinq mois plus tard. Et être choisie pour se présenter aux côtés du leader lui-même alors qu’il y avait d’autres nouvelles candidates de valeur, jeunes et tout aussi engagées?

Avec un parcours aussi instable, le MMM était pourtant prévenu et pouvait difficilement dire ne pas entrevoir les retournements et les volte-face à venir. Elle a obtenu son ticket, a été accompagnée dans ses démarches légales pour obtenir un recomptage des voix et elle a perdu dans les circonstances que l’on sait et les nouvelles inepties découvertes quant au déroulement du scrutin et de son organisation.

Cela dit, un membre d’un parti peut être en désaccord avec sa hiérarchie pour de bonnes raisons: l’orientation idéologique, la stratégie et une foultitude d’autres raisons valables et parfaitement défendables. Mais lorsque la démission suit une rencontre occulte avec un entremetteur patenté, lorsqu’elle suit un appel à l’adhésion d’un adversaire connu pour sa bassesse, il y a forcément des interrogations qui s’imposent.

De nombreux militants, de vrais, ont depuis des années pris leurs distances parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec les concessions faites pour rendre une alliance possible, parce que le parti de gouvernement n’était  pas conforme à ce qui constituait son socle originel mais ils sont restés militants, au vrai sens du terme, votent les “kamarad” qu’il ont côtoyés sur le “koltar”, tout en étant critique et en retrait. D’autres ont rejoint des groupuscules de gauche qui correspondent plus à leurs sensibilités et leurs aspirations.

Oui, il y de tout temps eu des démissions du MMM, de femmes notamment, pas de celles qui sautent d’un parti à l’autre juste parce qu’elles ont besoin d’un petit avantage ou d’un grand privilège. On peut citer Joceline Minerve qui avait fait une mauvaise lecture des événements post-émeutes de 1999 et qui avait pris des décisions radicales.

Elle avait non seulement quitté le MMM mais elle avait aussi démissionné comme députée. Pour créer son Nuvo Lizur ? Pas pour passer chez l’ennemi. Pas d’antinomie commode justifiée par des arguties et des explications invraisemblables.

Mais, à bien voir, est-ce que le militantisme, tel qu’il était défini, tel qu’il a existé depuis les années 70 a encore le même sens? Les valeurs comme la loyauté, la droiture, la sincérité, la générosité, l’ouverture, la défense de la démocratie, du mérite, de l’unité nationale sont-elles toujours d’actualité lorsqu’on voit ce dont les jeunes sont capables en terme de reniements, de pratiques de la courte échelle pour obtenir tout, tout de suite?

C’est, en fait, toute la question. Il y a eu un changement de paradigme dans nous moeurs politiques depuis 1983, année témoin de l’amorce de toutes les érosions, de l’atteinte à la liberté de la presse jusqu’au “moralite pa rempli vant”.

Depuis, la perversion des institutions s’est accrue et le comportement du politicien, lui, s’est considérablement dégradé. Pour aboutir à ce que nos constatons aujourd’hui. De la médiocrité, de la bassesse, des attaques personnelles et souvent ouvertement racistes, un clientélisme débridé, le népotisme, le copinage et la corruption.

Et il ne faut pas croire que le citoyen lambda ou l’électeur n’a pas sa part de responsabilité dans la perte des valeurs. Aujourd’hui le soutien est intéressé lorsqu’il n’est pas carrément monnayé. On se vend au plus offrant et les couleurs de la table peuvent changer  après le déjeuner le jour du vote. Parce que les grosses coupures ont entretemps changé de mains.
Le militantisme? Un concept aujourd’hui vidé de tout son sens. Qui n’a pas été choqué d’entendre des électeurs d’Ivan Collendavelloo dire avec un allant déconcertant que c’est grâce à leur député que leurs enfants ont pu accéder à la “fonction publique”.

On pensait que les militants étaient pour la méritocratie, pour que chacun obtienne ce à quoi il a droit et qu’il ne fallait pas un parrainage quelconque pour obtenir son dû.  Mais non, le militantisme, nouvelle version, et ceux qui osent encore se réclamer de cette exaltante mouvance cinquantenaire sont devenus, eux aussi, des “roder bout”.

Le joke ultime sur le militantisme est venu vendredi de ces exemples éloquents du militantisme pur et dur que sont Joe Lesjoingard et Alan Ganoo. Selon eux, “c’est le MSM qui représente les valeurs du MMM”. Valeurs et MSM? Un oxymore carrément agressif!

Josie Lebrasse

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