Visites surprises

— Alors comment ça a été le retour au travail ?
— Mollo mollo toi, après cette semaine de congé où j’ai travaillé comme un boeuf.
— Pourquoi tu as fait ça ?
— Je ne t’avais pas dit que ma bonne était en congé jusqu’au huit.
— Oui c’est vrai ça. Alors elle a repris le travail en pleine forme ?
— Elle dit que son corps est kanya-kanya, comme moi. Avec cette différence que moi j’ai fait son travail et qu’elle, elle était en vacances au bord de la mer à dépenser le 14e mois que je lui ai payé !
— Hum ! On dirait que cette affaire de 14e mois t’est restée en travers de la gorge.
— Et crois-moi, je ne suis pas la seule à qui c’est resté en travers de la gorge ! Ayo, allons changer de conversation s’il te plaît, sinon je vais commencer à stresser !
— Allons parler d’autre chose. Tu as vu ça, toi, on dirait que les ministres ont décidé de se retrousser les manches et de se mettre au travail. Ils sont descendus sur le terrain pour faire des visites surprises à l’hôpital, à la Sécurité sociale, à la CNT, tout ça.
— Je suis obligée de reconnaître que certains ministres sont allés voir sur le terrain comment les choses ses passent. Mais…
— Ayo, je savais ça : avec toujours il y a toujours un mais.
— Mais normal, toi. Je ne suis pas enn tap latab, moi !
— Ça veut dire quoi enn tap latab ?
— Tu as fini d’oublier ? Je veux parler de ces députés de l’ancien gouvernement dont le job consistait à tap latab au Parlement pour voter toutes les motions ! Je ne suis pas une chatwa, moi !
— Qu’est-ce que tu es en train de dire : que moi je suis une chatwa du nouveau gouvernement ?
— Je n’ai pas dit ça. Mais tout le monde sait que tu es pour le gouvernement !
— Comme les plus de 70% des électeurs qui ont voté pour le nouveau gouvernement ! Mais il faut leur donner du temps de connaître grandeur la cour, comme on dit. Ils viennent juste d’arriver.
— Mais il faut qu’ils commencent à faire des choses, parce que laisse-moi te dire que les gens commencent à s’impatienter.
— Mais ils font des choses toi : je viens de te dire que des ministres ont fait des visites surprises dans les départements de leur ministère. C’est une bonne mesure, non ?
— C’est bien d’aller voir ce qui se passe sur le terrain, si les Mauriciens ont bien droit aux services qui leur sont dus. Mais il y a deux choses qui me gênent un peu dans ces visites surprises.
— Quelles choses encore ?
— Premier d’abord, ces visites surprises sont tellement médiatisées qu’on peut se demander si ce ne sont pas des opérations de com pour montrer que les ministres font bien leur travail !
— Ayo, il faut toujours que tu tires enn lay, toi !
— Je ne fais que poser une question. Mais ça, c’est moins grave que l’autre chose.
— Quelle autre chose ?
— Dans leurs visites surprises, ces ministres sont accompagnés des responsables de leurs ministères.
— Mais c’est normal, toi.
— Et on dirait que ces responsables sont aussi choqués que leurs ministres de la situation dans les hôpitaux et aux bureaux de la Sécurité sociale.
— Mais c’est choquant de voir dans quelles conditions le travail se fait. Tu te rends compte que nous sommes en 2025, dans une soi-disant cyber island et qu’on travaille toujours avec des dossiers, des cahiers et des papiers !
— Mais évidemment que c’est un scandale de voir des gens faire la queue pour avoir un rendez-vous à l’hôpital ou à la Sécurité sociale, alors que tout ça aurait pu, aurait dû, être fait online pour que la personne qui a besoin d’un service n’attende pas des heures dans la queue et pour faciliter le travail des employés des ministères !
— Tu comprends que les ministres soient choqués quand ils découvrent comment les Mauriciens sont traités dans certains services. Surtout les plus pauvres, les malades, les handicapés, ceux qui ont le plus besoin d’aide et d’attention.
— Bien sûr, toi !
— Mais pourquoi tu dis qu’il y a une chose qui te gêne dans les visites surprises. Qu’est-ce qui te gêne comme ça ?
— Ce qui me gêne, c’est la surprise des responsables des ministères.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Que les nouveaux ministres soient surpris et choqués par la situation dans certains hôpitaux et bureaux de la Sécurité sociale, c’est tout à fait normal. Mais…
—… et voilà ton fameux mais !
— Mais je suis surprise et choquée que les responsables de ces ministères semblent découvrir avec leurs ministres la situation dans les départements qu’ils administrent depuis des années.
— Effectivement, maintenant que tu dis ça comme ça, la surprise des officiels des ministères est surprenante.
— S’ils avaient fait leur travail comme il faut, les départements que les ministres sont allés visiter en surprise n’auraient pas dû être comme ils sont actuellement ! Les ministres devraient réfléchir sur ce point pour éviter d’autres surprises !
J.-C.A.

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