— Comme dit ma bonne dans son patois, mo népli gayn comprend, mo dir ou !
— Qu’est-ce que tu ne comprends pas comme ça ?
— Les élections villageoises, toi.
— Mais c’est simple : ce sont des élections pour les Mauriciens qui habitent dans les villages, pas ceux qui habitent en ville qui, eux, votent pour les municipales.
— Hé, toi ! Ne viens pas faire ton commissaire électoral avec moi, je te dis ! Tout ça je sais.
— Si tu sais tout ça, qu’est ce que tu ne comprends pas alors ? Laisse-moi t’expliquer : dimanche dernier, il y a eu les villageoises et l’opposition a battu le gouvernement.
— Ça même que je ne comprends pas : comment l’opposition a pu battre le gouvernement ?
— Parce qu’une majorité d’électeurs des villages a voté contre le gouvernement, pour l’opposition. C’est clair, non ?
— Pas du tout. Est-ce que le MSM qui est au gouvernement et le PTr, le MMM et le PMSD, qui sont dans l’opposition, ont présenté des candidats à ces élections-là ?
— Mais non, ils ne prennent pas part dans les villageoises. Ils laissent ça pour les habitants des villages.
— Alors, explique-moi un coup, toi qui connais tout, comment l’opposition, qui n’a pas posé pour les villageoises a pu remporter le victoire ! ?
— Mais c’est mari simple, toi : officiellement les grands partis ne prennent pas part aux villageoises, mais officieusement ils soutiennent des partis et des candidats. Tout le monde sait ça.
— Mais si tout le monde sait pourquoi est-ce qu’on fait semblant de ne pas savoir que tous les grands partis soutiennent des candidats enba, enba.
— Ah, non, ils ne le font ouvertement. Il y avait des membres de l’opposition sur le terrain, tout comme il y avait des ministres qui ont fait des meetings et promis de donner du travail aux électeurs qui allaient voter pour les partis qu’ils soutenaient.
— Promettre de donner du travail dans une campagne, c’est pas un bribe électoral, ça ?
— Oui, toi. On a déjà annulé une élection parce que le candidat qui avait remporté avait fait des promesses électorales. C’était le frère de SAJ et l’oncle de Pravin.
— Et pour ces villageoises, on n’a rien fait contre les ministres qui ont fait des promesses électorales ?
— Si les responsables de l’organisation des élections ne font rien, qu’est-ce qu’on peut faire ? Ils disent qu’il faut que les électeurs aillent faire des déclarations à la police.
— Et on dit que Maurice est un exemple pour la démocratie en Afrique et dans le monde ! Est-ce que les électeurs ont voté pour les candidats des ministres qui ont fait des promesses électorales ?
— Non, toi. Malgré les promesses, les déjeuners du troisième âge, la distribution de jouets aux enfants, les matches de football et les concerts, les électeurs n’ont pas voté pour les candidats des ministres du gouvernement.
— Mais comment on sait qui était le candidat de qui ?
— Je t’ai déjà dit que pendant la campagne électorale tout le monde était au courant. Et puis, les candidats du MSM ils avaient plus de moyens que les autres. En plus ils avaient collés des grands posters de Pravind Jugnauth a côté de leurs banderoles.
— Ils sont bêtes comme ça !
— Ils sont non seulement bêtes, mais mari grands noires. Ils ont cru que les électeurs allaient préférer voter pour le gouvernement. Ils ont été bien décons, je te dis. Surtout à Mahébourg et à Saint-Pierre.
— Pourquoi Mahébourg ?
— Les électeurs n’ont pas oublié comment le gouvernement a mal géré l’affaire Wakashio et la marée noire. Dans la région tous les candidats soutenus par le gouvernement ont été ratiboisés. Les électeurs ont donné une réponse à la question «kot mo finn fauté». Mieux : un des deux frères qui avaient été arrêtés par la police dans l’affaire Wakashio a été élu !
— On n’a pas eu le Wakashio à Saint-Pierre.
— Mais c’est la circonscription du Premier ministre qui passe son temps à faire des inaugurations et des cérémonies. Là-bas, depuis Saint-Pierre jusqu’à Réduit, tous les candidats soutenus par le gouvernement ont perdu.
— A cause de ça même que Ramgoolam dit que l’opposition est majoritaire dans les villages ?
— Ça même. Mais la situation risque de changer bientôt.
— Pourquoi : ne me dis pas, il y a des contestations des résultats de villageoises ? Il y a eu des histoires de règles magiques encore une fois ?
— Non. Mais le gouvernement va essayer d’acheter des voix des élus pour les élections de conseils de districts. C’est là qu’on prend les décisions pour le développement des villages.
— Tu crois que les élus vont se laisser acheter ?
— On va voir. S’ils le font, ils auront des comptes à rendre à leurs électeurs qui habitent dans le même village qu’eux. Le résultat des villageoises l’a démontré : les électeurs n’oublient rien.
— Ils ont bien raison toi, on essaye toujours de les embêter avec des promesses et des alliances politiques qui changent tous les jours.
— En tout cas il y a un politicien qui est mari contant par le résultats des villageoises.
— Kisenla ?
— Mais Roshi Bhadain, toi. Tu n’as pas vu la photo où il embrasse son garçon qui a été élu dans son village.
— Je trouve ça bien sympa moi : qu’un papa embrasse son fils qui a été élu.
— C’est vrai. Mais tu sais ce que les mauvaises langues disent.
— Quelle horreur tu vas dire encore ?
— Que Bhadain embrasse la joue de son fils avec autant de passion qu’il avait embrassé la main de Pravind Jugnauth, quand celui-ci a gagné son case dans l’affaire Medpoint !