Une simple erreur

— Il y a une affaire qu’il faut que je te dise, même si je sais que tu ne vas pas être d’accord avec moi.
— Quelle affaire ?
— Franchement te dire, je commence à être un peu tracassée avec ce nouveau gouvernement-là.
— Tu parles comme ceux qui ont été jetés dans le karo kann de la défaite aux dernières élections !
— Et toi comme un partisan de ceux qui ont gagné les élections, sont devenus des arrogants qui n’acceptent pas la critique ! S’ils continuent comme ça, ils vont vite ressembler aux membres de l’ancien gouvernement !
— Arrête de causer n’importe comme dit mon garçon ! Essaye d’être un peu fair-play, toi. Ce gouvernement est là depuis un peu plus de deux mois et tu voudrais qu’il ait fini d’essuyer les gros tatas que le précédent a laissés derrière lui ! Il faut leur donner du temps toi.
— Combien du temps il faut leur donner ? Cinq ans ?
— Arrête de faire ton foutan donc ! Tu sais bien que la situation n’est pas facile et que l’héritage économique est mari lourd !
— Ça on sait, mais quand même, toi. On a l’impression que ce nouveau gouvernement ne sait pas ce qu’il faut faire, qu’il tâtonne. Regarde un coup cette affaire de Diego là !
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Ramgoolam a fait une déclaration au Parlement que le gouvernement anglais a démenti en disant qu’il était « inaccurate » et Maurice a dû faire une autre déclaration pour essayer d’expliquer ! C’est dans la presse anglaise toi : reconnais que ça ne fait pas sérieux tout ça !
— Tu crois que les Anglais sont contents d’être obligés de nous rendre les Chagos ? Certains d’entre eux se croient encore à l’époque de la reine Victoria, quand l’Angleterre dominait le monde !
— Ça je sais, mais c’est pourquoi il faut faire attention aux déclarations que Ramgoolam fait, et qui sont reprises et démenties dans la presse anglaise.
— Tu as raison : il faut faire mari attention parce que certains partis politiques anglais, et les journaux qui les soutiennent, vont tout faire pour faire capoter le « much better deal ».
— Je suis d’accord avec toi que ce dossier est mari difficile et délicat. Surtout avec Trump qui est capable de faire n’importe quoi. Oui, mais dans d’autres domaines aussi le nouveau gouvernement me tracasse, toi.
— Allez cite-moi un exemple au lieu de dire n’importe quoi !
— Il y en a pas mal, tu sais avec certaines nominations de vieux copains, mais parlons de ces députés qui ne savent pas lire.
— Quoi ?! Des députés qui ne savent pas lire ?! Qu’est-ce que tu es en train de radoter là !
— Ne me dis pas que tu n’es pas au courant que six des élus de l’Alliance du Changement, dont deux ministres, ont mal rempli leurs formulaires pour les élections ?
— Ah, c’est de ça que tu veux parler. C’est une simple erreur dont l’opposition, en tout cas le peu qui en reste, veut faire une montagne !
— Une simple erreur ! ?
— Mais oui, toi : une genuine error ! Ils ont confondu entre les dépenses autorisées pour un candidat privé et un candidat au sein d’une alliance, ça même tout !
— Ça même tout ?! S’ils avaient lu, pardon s’ils avaient su lire comme il le faut, ils n’auraient pas fait ce que tu qualifies de simple petite erreur, mais qui est un viol de la loi !
— Tu n’as jamais fait d’erreur en remplissant vite-vite un formulaire toi ?
— Non, puisque je sais qu’il faut lire attentivement tous les formulaires qu’il faut signer. Et puis je n’ai pas la prétention de diriger le pays, moi !
— Ayo, to pou ale mem avek sa koze-la pandan komie letan ankor ?
— Mais c’est grave toi, mari grave même. S’ils n’ont pas fait attention, s’ils n’ont pas bien lu le formulaire pour les élections, qu’est-ce qui te dit qu’ils vont bien lire les textes de loi qu’ils auront à voter au Parlement ?
— Ayo ! Ils ont fait une genuine error et je suis sûre que maintenant, ils vont faire bien attention avant de signer n’importe quel document.
— Moi j’aurai suggéré qu’on demande à Lalit d’organiser des cours d’alphabétisation pour eux, même s’il y a parmi le ministre de l’Enseignement supérieur !
— Ayo, arrête avec ça toi. De toute façon, on sait que la loi sur les dépenses électorales est complètement dépassée. Comment veux-tu qu’un candidat ne dépense que Rs 150 000 pour sa campagne, alors qu’un simple meeting, avec les autos, l’essence, les autobus, les oriflammes, la sonorisation et le mangé-boire pour les agents coûte beaucoup plus que ça !
— Je sais qu’ils font tous ça. J’espère que les élus qui l’ont violée, à l’insu de leur propre gré, d’après ce qu’ils prétendent, et le nouveau gouvernement vont faire ce qu’il faut pour que cette loi soit changée pour correspondre aux réalités.
— Ne t’en fais pas : c’est au programme de l’Alliance.
— Hey toi là ! Tu crois vrai même que toutes les promesses électorales sont faites pour être réalisées ?
J.-C.A.

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