Une faible lueur au fond du grand tunnel sombre

Il aura fallu plus de 60 000 morts palestiniens, tués par l’armée israélienne dans un déluge de feu et de destruction de tous les immeubles et bâtiments de Gaza. Il aura fallu des centaines de blessés et de handicapés, victimes des tirs de l’armée israélienne — ravitaillée par les usines des grandes démocraties. Il aura fallu que la bande de Gaza soit totalement rasée, devienne un immense champ de ruines et l’extension du conflit en Cisjordanie jusqu’au Liban. Il aura fallu un génocide commis face à une communauté internationale impuissante, comme les instances censées réguler l’ordre mondial, pour qu’enfin les belligérants finissent par signer un accord de cessez-le-feu. Parce que dans cette histoire avec de multiples victimes et de centaines de dommages collatéraux, il y a surtout deux principaux acteurs. Car s’il faut reconnaître la cruauté et la férocité de l’armée israélienne, menée par son Premier ministre qui se prend pour un chef de guerre, il faut également reconnaître l’énorme responsabilité du Hamas — à mettre au même niveau que l’armée israélienne — dans la guerre qui s’est transformée en génocide depuis octobre de l’année dernière. Pour faire reconnaître la justesse de leur revendication pour la création d’un État palestinien, ils ont sacrifié les plus de deux millions des Gazaouïs, utilisés comme chair à canon dans le cadre de leur « stratégie». Avec cette stratégie, le Hamas a été aussi cruel, aussi peu respectueux des droits humains de base des Gazaouïs que les Israéliens.

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La haine entre Palestiniens et Israéliens, nourrie par les extrêmes des deux côtés, a gagné en puissance et intensité avec ce qui s’est passé à Gaza depuis 15 mois. À tel point que la majeure partie des commentateurs qui suivent le conflit disent attendre avec scepticisme le début du cessez-le-feu annoncé pour aujourd’hui. Les Qataris, les principaux négociateurs du cessez-le-feu, semblent eux aussi assez sceptiques sur le respect de l’accord qu’ils ont réussi à arracher au Hamas et à Israël. C’est vrai qu’il y a eu, au cours des quinze derniers mois, tant d’annonces non confirmées, tant de processus avortés avant d’avoir commencé, tant d’engagements pris, mais jamais respectés, que l’on peine à considérer sérieusement la dernière annonce en date. D’autant que le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères a annoncé, tout d’abord, que le cessez-le-feu commencerait ce dimanche à 8h30 à Gaza. Sur les réseaux sociaux, il demande ensuite aux habitants concernés « à faire preuve de la plus grande prudence et attendre les instructions des sources officielles ». Comme si lui-même ne croyait pas beaucoup dans le succès de l’opération. Si comme on veut l’espérer, le cessez-le-feu est respecté, une de ses principales conditions à être mise en place sera la libération des otages israéliens contre celle de prisonniers palestiniens. Selon un calendrier établi sur six semaines, le Hamas libérera les 33 otages israéliens qu’il dit détenir. Pour sa part, Israël va libérer 737 prisonniers arrêtés comme des terroristes. Malgré leurs grandes déclarations, aucun des pays qui prétendent défendre la démocratie dans le monde — ce qui ne les empêche pas de vendre des armes à l’armée israélienne — n’a pu obtenir un cessez-le-feu. Ce qui ne les empêche nullement de s’en attribuer le mérite. À lire leurs posts et écouter leurs déclarations, ce seraient Joe Biden et Donald Trump qui auraient réussi à obliger Israël et le Hamas à ratifier l’accord négocié dans les coulisses et pendant des mois par le Qatar. À Maurice, on aurait dit que ces deux présidents américains soient en train de « deklar piti ki pa pou zot » ! Mais peu importe qui a réussi à l’obtenir, l’essentiel est qu’il a été obtenu et, surtout, qu’il soit respecté.

Mais ce cessez-le-feu suffira-t-il pour faire oublier aux habitants de Gaza la négation de leurs droits humains, la destruction de leurs lieux d’habitation, une politique d’enfermement qui les a conduits à la famine ? Évitons de répondre à ces questions et espérons que le cessez-le-feu sera respecté, ce qui constituera une faible lueur d’espoir au fond du grand tunnel sombre qu’est l’affrontement viscéral entre Israéliens et Palestiniens. Un conflit dont le seul moyen d’en venir à bout est la solution à deux États.

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