Dans cet océan de morosité, au moins un gag. Lue hier dans un quotidien, une information très sérieuse sur l’échouement de trois navires dans une même journée, mercredi dernier, indiquant que «la MPA est pointée du doigt par l’Hôtel du gouvernement.» Mais la Mauritius Ports Authority, c’est quoi, ce n’est pas le gouvernement? N’est-ce pas un organisme qui est placé sous la responsabilité directe du Premier ministre lui-même. C’est quoi, cette blague? Qui nomme le président de la MPA si ce n’est Pravind Jugnauth?
Bientôt, on viendra dire que le PM aurait à redire de la gestion du directeur de la MBC qu’il vient de titulariser pour sa très grande finesse intellectuelle qui le pousse autant à gérer de manière très professionnelle le service public qu’il maîtrise les subtilités de la Bible.
L’actuel président de la MPA, Sanjeev Ghurburrun était candidat du PTr aux élections générales de 2014 et il a été recompensé en mai 2021 pour son changement d’allégeance après avoir été un «conseiller», bénévole probablement, du PM, quelques mois avant sa nomination.
Comme c’est le chef du gouvernement qui nomme le président de cet organisme, il doit quelque part endosser la responsabilité de son échec. Le plus cocasse est que le transfuge était supposé venir casser la baraque à la suite d’un autre «viré mam» qui s’appelait Ramalingum Maistry.
C’était un apparenté PMSD qui avait fait le choix de rester pendant que ses collègues de parti démissionnaient du gouvernement en décembre 2016 sur la très litigieuse question de la création de la Prosecution Commission qui devait encadrer, sinon revoir les décisions du DPP.
Ramalingum Maistry, qui avait brillé par ses platitudes, si ce n’est ses absences, lors du naufrage du Wakashio et du drame du Sir Gaëtan, le remorqueur de la MPA qui avait fait trois morts, avait été discrètement débarqué de la barge de la MPA pour laisser place au remorqueur Sanjeev Ghurburrun.
Les nominations politiques peuvent s’enchaîner, les récompenses aux transfuges peuvent pleuvoir, mais les problèmes demeurent et les solutions toujours lentes à venir. Deux ans après le Wakashio et le Sir Gaëtan, rien n’a été fait pour mieux prévenir les catastrophes maritimes et gérer les situations d’urgence. C’est toujours du bricolage à tous les étages.
Le PM préfère les gros éléphants blancs à coups de millards plutôt que de muscler son dispositif face aux drames en mer et aux défis que pose la sécurité maritime. Et là, il y a une question qui taraude plus d’un. Pourquoi tous ces rafiots viennent faire naufrage sur les côtes mauriciennes?
S’il y a bien un navire battant pavillon mauricien qui a été s’échouer sur le Tremblet au large de St-Philippe à La Réunion, il y a quand même eu un nombre impressionnant d’échouages, de pannes de moteurs et d’avaries en mer qui se sont succédé, ces derniers deux ans. Il y a, peut-être, lieu de creuser et d’identifier les raisons de ce record suspect.
Pourquoi ces navires s’approchent-ils avec une telle facilité si près de nos côtes? Que viennent-ils faire dans les parages? Personne ne les voit venir? Encore un radar en panne? La farce qui a déjà tourné au drame a assez duré.
Pour un pays qui ambitionne de gérer son grand espace maritime, c’est quand même assez déroutant qu’il ne puisse empêcher que des navires viennent tranquillement rôder à une distance qui peut être parcourue à la nage! La National Coast Guard (NCG), également sous la responsabilité du PM, n’est pas en reste lorsqu’il s’agit de faire la démonstration de son incapacité à parer aux situations d’urgence. Il est vrai que la NCG a, dans le passé, été le sujet de toutes les moqueries.
Qui ne se souvient des blagues que certains se plaisaient à faire sur les officiers de la NCG ! Que la plupart ne savaient pas nager ou qu’ils naviguaient en chaussant des buggies, ce qui pouvait les faire couler à tout moment. Le malheureux incident du renversement du dinghy qui se dirigeait vers le premier bateau de pêche échoué mercredi dernier a, d’ailleurs, relancé une série de posts sarcastiques sur cette unité de la police qui aurait dû avoir un rôle bien plus prépondérant dans la lutte contre le trafic de drogue et la sécurité de nos côtes.
Si la NCG a, sans doute, évolué au fil des années, il n’est pas établi que les compétences, elles, aient été adéquatement rehaussées. Il n’y a qu’à suivre les auditions parfois délirantes de l’enquête sur le naufrage du Wakashio pour se convaincre que, là aussi, tout reste à faire, ou plutôt à refaire. Tout cela n’augure rien de bon pour les projets de petroleum hub, d’économie bleue et de gestion du vaste territoire marin national.
Ça, par contre, c’est pas un gag, C’est un vrai scandale. L’affaire des «learners». La date butoir pour faire renouveler le permis avait été fixée au 28 février. Entre pandémie et ceux qui ont été affectés ou infectés d’une façon ou d’une autre et les cyclones qui ont marqué le mois de février, il n’y avait pas beaucoup de jours disponibles au grand public pour se mettre en conformité avec les exigences des autorités.
Résultat, comme c’est souvent le cas lorsque des décisions sont prises dans le confort d’un bureau feutré où trônent des privilégiés qui ont tout sur un plateau et qui ne connaissent pas les tracasseries administratives, de très longues files d’attente dans un climat chaud, humide et qui alternait entre soleil et petites averses aux abords des Casernes centrales. Et la date butoir a dû être étendue au 31 mars.
Qui roule à moto ou à mobylette à Maurice? Des personnes modestes dont c’est souvent le seul moyen de déplacement. Qu’il faille mettre un peu d’ordre dans tout ce bazar, c’est un fait, mais il fallait s’y prendre autrement. Puisque l’ordre alphabétique est entré dans nos moeurs depuis le premier confinement, pourquoi ne pas l’avoir appliqué pour cet exercice et, surtout, le décentraliser et procéder sur une base régionale? Non, faut toujours pénaliser les plus modestes. On dirait qu’il y a des sadiques à l’oeuvre!
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