C’est définitivement un dossier très complexe et auquel nous avons eu raison d’aborder dans notre publication du 12 novembre. Désormais, cette affaire a pris une ampleur nationale, notamment mardi avec cette interpellation du député de l’opposition, Franco Quirin, à l’Assemblée nationale concernant la tenue des soirées de la boxe professionnelle à Maurice. Une question à laquelle le ministre des Sports, Stephan Toussaint, a eu beaucoup de mal à convaincre comme c’est devenu très souvent le cas !
Ce qui est d’abord important de préciser, c’est que, d’un côté, nous avons une Association mauricienne de boxe (AMB) qui brandit la menace contre les siens exerçant chez les professionnels. Et de l’autre, elle laisse quand même faire l’organisateur qui a déjà organisé, cette année, deux soirées.
Certes, l’AMB est la seule entité susceptible de représenter les intérêts de la boxe, donc de l’International Boxing Association (IBA), à Maurice. Sauf que, par deux fois, l’AMB n’a pas été en mesure de se faire respecter, permettant du coup au promoteur de rouler tranquillement sa bosse.
Dans ce contexte, pourquoi ne pas alerter l’IBA si elle estime que ses droits sont lésés ? Cela n’aurait-il pas permis une sortie de crise ? Au moins, aurait-on pu trouver un compromis entre les deux parties et dans l’intérêt de la discipline. Sauf que l’incapacité de l’AMB à réagir ne nous étonne guère compte tenu du fait que l’IBA autorise, elle-même, une pratique à la fois amateur que professionnelle !
Et la décision ne date pas d’hier, mais bien depuis les Jeux olympiques de 2008 en Chine, au cours desquels justement, Maurice a décroché sa seule médaille olympique (bronze). Cela, grâce à Bruno Julie, ce même entraîneur de la sélection nationale suspendu pour une durée indéterminée depuis le 18 septembre et aujourd’hui persécuté par l’AMB pour sa participation aux soirées professionnelles. Alors, que, pourtant, l’IBA a entamé, cette année l’organisation d’une série de soirées de la boxe professionnelles à travers le monde !
Certes, l’interpellation de Franco Quirin ne cerne pas la situation dans sa globalité, en revanche, la réponse de Stephan Toussaint mérite, elle, toute notre attention. Donc, pour le ministre des Sports, la question de savoir qui a donné l’autorisation au promoteur de tenir la première soirée au complexe sportif de Côte d’Or, n’a même pas lieu d’être posée !
Voyons, monsieur le ministre ! On parle tout de même de l’organisation d’une soirée sportive tenue dans une infrastructure appartenant à l’État. Qui plus est, tombant sous votre ministère, même s’il est géré par le Mauritius Multisports Infrastructure Limited (MMIL). Alors, si cela ne concerne pas le ministère des Sports de qui alors cela pourrait-il être ?
Le ministre reconnaît même que l’AMB n’a pas donné l’autorisation pour l’organisation des soirées de la boxe professionnelles. Dans le fond, n’est-ce pas une infraction à la Sports Act 2016 si une organisation autre que l’AMB a organisé cette compétition ? Même si dans la forme, l’IBA autorise désormais la pratique des deux styles.
Stephan Toussaint avance même qu’il n’y a aucune loi dans le pays qui interdise à une entité d’organiser un évènement sportif. Est-ce à dire que n’importe qui a le droit d’organiser une compétition internationale sans pour autant être reconnue par les lois du pays ? À un degré moindre, la Mauritius Football Association l’a fait et a même été financièrement grassement récompensée par l’État !
Pire. Stephan Toussaint affirme que même la Sports Act 2016 ne fait aucunement mention qu’une organisation doit avoir l’autorisation de son ministère ! Certes, mais toujours est-il que cette loi sportive fait référence à un paramètre très précis, plus précisément que “one federation” sera responsable de la promotion et de l’organisation de sa discipline. Donc, il ne peut y avoir deux organisateurs parallèles.
Aussi, n’a-t-il pas cautionné un dangereux précédent en faisant de telles déclarations à l’Assemblée nationale ? Forcément, dans ces conditions, les amendements annoncés depuis des mois à la Sports Act 2016, voire même l’abroger, sont devenus plus qu’une nécessité. Cela, afin de permettre, comme le préconise l’IBA, une pratique autorisée et sans hypocrisie aucune de la boxe professionnelle à Maurice, mais aussi corriger ces inepties avec lesquelles le sport a été appelé à cohabiter durant ces dernières années.
Une fois encore, Stephan Toussaint a déraillé et malheureusement, il dira ce qu’il voudra, mais certaines de ses réponses à l’Assemblée nationale, il doit les assumer. De plus, hormis le fait de venir s’expliquer clairement, il s’est fait un croche-pied en osant extrapoler du côté d’une loi sportive qu’il a décidément du mal à cerner.
Comme dirait l’autre: « 30 ans dan la marine, pa kompren zafer la ! », dixit Stephan Toussaint mardi au Parlement. Une remarque adressée à Franco Quirin, mais qui lui sied tellement bien en analysant les problèmes qu’il peine malheureusement à résoudre pendant les sept années qu’il a passé à la tête de ce ministère.
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