La MBC doit probablement éprouver de grandes difficultés à meubler le journal télévisé ces jours-ci. Et pour cause, ils ont tous disparu, ont été portés manquants, certains sont missing et d’autres wanted ! Il y a en effet une surprenante vacance du pouvoir notée depuis de début de l’année 2024. Laquelle est annoncée comme celle des élections générales malgré le souhait, en lui-même révélateur, du Premier ministre d’une prolongation de son mandat jusqu’en 2025. Espérons pour lui qu’il n’a pas prévu d’organiser un scrutin durant la période janvier/mars de l’année prochaine, parce que d’autres Belal et autres Candice, et des catastrophes naturelles pourraient bien lui jouer de nouveaux très mauvais tours.
Le sentiment qui se dégage depuis un petit moment déjà, c’est qu’on a affaire à un gouvernement fantôme, que tous manquent à appel et, qu’au plus fort des cataclysmes qui ont frappé le pays, le gouvernement a joué aux abonnés absents. Le chef se faisant petit, toute la troupe a, elle aussi, observé un repli et déserté le terrain. Ceux qui ont osé braver la colère populaire en ont pris plein la figure.
Les signes de ce désamour qui s’installe durablement sont visibles tous les jours. La révolte sonne partout parce que les gens en ont marre des fanfaronnades qui ne changent rien à leur quotidien. On leur raconte que des milliards sont investis dans l’aménagement de drains, mais les inondations sont encore plus généralisées.
Que valent les sous des contribuables et de la CSG défoncée distribués à travers la MRA lorsque des logements dits sociaux sont construits sur des marécages et, qu’à la première averse, les habitants, qui ont économisé pour s’offrir un toit, se retrouvent les pieds dans l’eau et leurs effets abîmés et perdus ?
Plus aucun complexe pour exprimer son mécontentement, et ce, jusqu’à la circonscription du Premier ministre, lui- même, pourtant choyée comme nullement part ailleurs. Les pluies de vendredi à Circonstance, St Pierre, ont provoqué désolation et désarroi chez les habitants qui n’ont désormais plus aucune crainte à dire haut et fort leur profonde colère.
Lors d’une cérémonie en marge de la célébration du Thaipoosum Cavadee il y a quelques jours, le directeur de la MBC, Anooj Ramsurrun, comme à son habitude de bon cireur de pompes, s’est précipité pour prendre place à la première rangée croyant se retrouver entre Pravind Jugnauth et ses colistiers Leela Devi Dookhun-Luchoomun et Yogida Sawmynaden. Il a finalement dû s’accommoder d’une chaise entre Daneshwar Damry et Pazhany Rangasamy, deux candidats probables du PTr au N°8. Comment empêcher certains d’y voir plus qu’un symbole ?
Bon, on ne voit pas le Premier ministre et ses suiveurs du MSM comme le néo-orange Kavy Ramano, dont nous évoquions la disparition ici même la semaine dernière. Mais Steve Obeegadoo, qui ne rate aucune occasion de battre son propre tambour ? Où est-il passé ? Rien à dire sur les maisons inondées de Résidences Vétiver à Gros Cailloux ? Pas un mot non plus sur les touristes qui ont manifesté à l’aéroport et la mauvaise publicité faite sur les prestations médiocres des autorités et de la compagnie nationale d’aviation, Air Mauritius ? Ils sont tous en vacances ? C’est le Français à la tête de MK en ce moment que l’on envoie au casse-pipe. Aucune trace de Ken Arian et d’autres bien connectés. Ils n’ont aucun compte à rendre, eux ?
Quant aux quelques PPS qui ont ont fait l’effort d’aller à la rencontre des personnes affectées par le passage de Belal et à essayer de trouver des solutions à leurs problèmes, ils ont été un peu partout sèchement reçus, lorsque ce n’est pas avec une véritable bordée d’insultes qu’ils ont été accueillis.
Le petit exercice de communication post-Belal n’a pas non plus eu les effets escomptés. Bien au contraire, le ministre Avinash Teeluck a essayé assez maladroitement de défendre son collègue, responsable des « désastres », mais il l’a plutôt coulé et il a embarrassé son camp en affirmant « qu’à ce stade, Anwar Husnoo n’est pas à blâmer », suggérant ainsi qu’il pourrait éventuellement l’être. Comme solidarité ministérielle, on a définitivement connu mieux.
La sortie du duo Lesjongard-Hureeram de samedi dernier, qui se voulait celle de la mise au point et de la reprise en main des événements, a eu un effet boomerang, les kamikazes envoyés au front par le MSM se faisant remballer de tous les côtés, d’autant qu’ils se sont aventurés à faire la leçon aux médias. L’un a été invité à faire un dernier point sur CorexSolar et à révéler le montant des pénalités versées par la compagnie pour infraction à l’accord conclu avec le CEB, tandis que l’autre a été rappelé au bon souvenir de ses déclarations péremptoires sur les drains qui immuniseraient le pays de tout débordement pour les prochains 50 ans.
Même la réunion annoncée du comité central du MSM prévue hier a été reportée. Pour des raisons qui n’ont pas été expliquées. Pour cause de temps inclément ? On n’en sait rien. À moins que ceux obligés d’emprunter certaines artères comme la rue La Poudrière — qui devrait plutôt être rebaptisée rue Le Déluge — pour se rendre au Sun Trust aient pris peur.
Et que dire de ce tramway coûteux, Rs 17 milliards pour le tracé Curepipe/Port-Louis, plus Rs 4,5 milliards pour le court trajet Rose-Hill/Réduit. Voilà un mode de transport, d’abord critiqué puis vendu comme devant résoudre les problèmes de déplacement de la population urbaine, mais qui s’arrête avant les bons vieux autobus qui doivent même s’aventurer dans les zones où il y a des accumulations d’eau.
Comme fin de mandat, on peut difficilement imaginer pire. Reste à savoir si la politique de caresser le socioculturel et de procéder à des distributions ici et là et d’acheter des votes va marcher. Le grand problème aujourd’hui, c’est que ce gouvernement ne pourra plus imputer les problèmes du pays aux gestionnaires qui l’ont précédé. Le gouvernement antérieur, c’est lui. Et la mauvaise gestion sur tous les fronts et sur deux mandats, ça ne pardonne que très rarement.
JOSIE LEBRASSE