La participation mauricienne à la Coupe d’Afrique des Nations de futsal 2020 a tourné à la catastrophe à Laayoune. La sélection nationale ayant été sommée, sur ordre du gouvernement mauricien, de se retirer prématurément de la compétition. Cela, après avoir été averti tardivement par la Southern African Development Community (SADC), dimanche 26 janvier, soit deux jours après le départ de cette sélection, que la compétition se jouait sur un territoire occupé par la République arabe Sahraouie Démocratique (RASD) !
Ce qu’il faut d’emblée bien mettre en perspective, c’est que l’Organisation des Nations Unis (ONU), ne reconnaît ni la légitimité de cette république et encore moins, la souveraineté du Maroc sur Laayoune. Pourtant, au-delà de toutes les infrastructures de haut niveau dont il dispose, le Maroc a pris la décision d’y tenir, malgré les contestations, cette phase finale de la CAN et ce, avec la bénédiction de la Confédération africaine de Football (CAF). L’Afrique du Sud, à travers sa fédération nationale, étant le seul qualifié sur les huit, à avoir pris la décision de ne pas faire ce déplacement, notamment pour cause de sécurité, sur un terrain forcément hostile.
Malheureusement, tel n’a pas été le cas pour la Mauritius Football Association (MFA) et son président surtout, Samir Sobha. Et pour cause ! Ce dernier n’est autre que le vice-président de l’organisation de cette CAN ! Ainsi, ne savait-il pas pour quelle raison l’Afrique du Sud s’était désisté à cette phase finale ? N’était-il pas au courant, en tant que membre de l’organisation et comme tout dirigeant qui se respecte, des conditions géopolitiques prévalant dans cette partie de l’Afrique ? Tout simplement révoltant et surtout très grave, quand on considère que la MFA a approuvé un déplacement sur un territoire pas reconnu par l’ONU, mettant ainsi en cause la sécurité même de toute une délégation.
Parallèlement, c’est toute la diplomatie mauricienne qui a été mise à mal dans cette affaire et ce, par une action irréfléchie et lourde de conséquence. Ce qui est encore plus grave, c’est la déclaration de Samir Sobha au Mauricien. S’il dit avoir reçu un courriel du MJS deux heures avant le premier match de Maurice l’informant de la situation, en revanche, il précise n’avoir pu entrer en contact avec les joueurs par téléphone. «Et comme je n’étais pas sur le site, je n’avais pas de connexion internet (wifi) pour joindre les dirigeants du groupe. C’est à leur retour à l’hôtel que je les ai informés de la situation », ajoute-t-il.
Où devait se trouver Samir Sobha, de surcroît vice-président de l’organisation, si ce n’est sur le lieu de compétition ? Surtout, où se trouvait-il à deux heures de ce match au point de ne pouvoir se déplacer personnellement pour faire part d’une nouvelle aussi importante à la délégation mauricienne ? Tout simplement révoltant et qui prouve que Samir Sobha a lamentablement failli à ses responsabilités, déshonorant le poste qu’il occupe, voire sali l’image même du football mauricien déjà écornée. Sur une question de principe et d’éthique, Samir Sobha, au même titre que ses membres, gagneraient donc à rendre un grand service au sport roi en soumettant leurs démissions.
Hormis la MFA et son président, le MJS et le ministre Stephan Toussaint ont aussi leur part de responsabilité dans cette affaire. D’abord, pour n’avoir pas réagi au moment où le dossier a été présenté au MJS. Certes, le communiqué officiel émis hier après-midi précise que le lieu de la CAN n’avait pas été indiqué dans le courriel de la MFA. Toujours est-il qu’en tant que ministère responsable et garant surtout du sport local et de sa réputation, le MJS se devait de relancer la MFA pour avoir des informations supplémentaires sur ce déplacement. Un peu à l’image de ce parent responsable qui n’aurait certainement pas accordé la permission de sortir à son enfant s’il n’était pas informé, au préalable, du lieu de la sortie !
En dépit de ne pas avoir assumé ses responsabilités jusqu’au bout, le MJS s’est engagé à accorder l’assistance financière nécessaire à la MFA pour dédommager le comité organisateur ! Tout simplement révoltant quand on sait que la MFA n’est toujours pas en conformité avec la Sports Act 2016 d’où la suspension de ses subventions par le MJS depuis septembre 2018. A moins, bien évidemment, que la situation a évolué sans que le MJS n’ait cru nécessaire d’en faire état officiellement.
Et le ministère des Affaires étrangères dans tout ça ? N’y a-t-il pas sa part de responsabilité ? Non, selon le ministre Nando Bodha, dans une brève déclaration de presse étant donné, dit-il, que son ministère n’était pas au courant de ce déplacement. Soit. Mais n’y avait-il personne à son ministère capable de s’informer de la situation, alors que la presse sportive en a fait état pendant toute une semaine suivant le départ le 24 janvier ?
La Confédération africaine de Football est également à blâmer en tant que garant du football africain. Son président, le Malgache Ahmad Ahmad, de plus en plus contesté, n’a plus de crédibilité ayant accepté l’organisation d’une compétition, tombant qui plus est, sous la responsabilité de la fédération internationale, à un territoire pas reconnu par l’ONU.
Quoiqu’il en soit, tous ceux concernés dans cette affaire auront à assumer leurs responsabilités. A commencer par la MFA qui aura des comptes à rendre après l’amende et la suspension de deux ans infligée…par la CAF. Cette même CAF qui, à bien des égards, est très loin d’être irréprochable et surtout crédible, surtout pas après ce qui s’est passé.