Sur la voie de la transparence

Le Comité olympique mauricien (COM) n’a pu, pour la deuxième fois — après le 25 janvier dernier — tenir son assemblée générale élective. Celle-ci était programmée pour hier, à Trianon, en dépit du fait que le Tribunal arbitral du sport (TAS) n’avait pas encore rendu son verdict ! La juge Gaitree Jugessur-Manna a tranché dans cette affaire. Le COM contestait l’injonction obtenue par la Mauritius Tennis Federation, en début de semaine. Après avoir écouté les deux parties, elle a décidé de set aside tous les arguments du COM.
Cette décision constitue, à bien des égards, un tournant majeur dans l’organisation du sport à Maurice, voire une grande victoire sur la voie de la transparence. Elle est même historique et justifie la quête de Jean-Michel Giraud et de ses membres d’éliminer ces fédérations fictives qui ont trop longtemps nui au développement du sport à Maurice et, malheureusement, avec la bénédiction du COM !
C’est dire que la détermination de Jean-Michel Giraud à combattre ce fléau, associée à la clairvoyance de ses hommes de loi et à la lucidité de la juge en chambre, permet au sport de voir aujourd’hui les choses sous un autre angle. Celui de la bonne gouvernance et de bons principes, complètement à l’opposé de ce que le COM, dirigé par Philippe Hao Thyn Voon, a proposé pendant plusieurs années. Un cinglant rappel aussi contre des membres du COM qui font face à une enquête policière pour “alleged forgery” suite à la déposition de Jean-Michel Giraud.
Cette décision remet aussi en question la posture du Comité international olympique pour défendre le COM. Oui messieurs, les lois d’un État souverain sont faites pour être respectées et non transgressées comme l’ont fait les fédérations de pentathlon moderne et de roller & skate secouées par le biais de la décision de vendredi ! C’est dire que le COM ne pourra se nourrir du vote de ces fédérations fictives. Trois autres fédérations, reconnues par ce même COM, sont aussi dans le viseur et d’ici peu, elles se retrouveront également dans la mélasse au niveau du Registrar of Associations.
Désormais, il est important, pour faire suite à cette décision, qu’une enquête de fond soit menée pour savoir comment l’organisme régulateur des associations a pu délivrer une reconnaissance légale aux fédérations qui n’existent que de nom. Ces mêmes fédérations que le ministre de la Jeunesse et des Sports, Deven Nagalingum, a affirmé n’avoir ni club ni implantation régionale comme exigé dans la Sports Act 2016.
Voilà donc, pourquoi le COM a toujours évité un débat de fond dans l’affaire qui l’oppose à la MTF devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). À la place, il a mis en avant deux points de droit soutenus, le 13 mars, par le Registrar of Associations, mais désormais cloué au pilori, par cette décision et la déclaration du ministre des Sports.
Deven Nagalingum a même évoqué une infraction à la Business and Trade Name Prohibition Act 1988 ! Ce qui est très grave. D’où la question de savoir si des poursuites légales ne devraient pas être engagées contre les responsables de ces fédérations fictives ? Car, qu’on le veuille ou pas, la démarche a terni l’image de la République dans la quête de certains au COM de servir leurs propres intérêts.
Ces autres fédérations qui ont pris le nom de “Mauritius” sans pour autant « exercer une activité sportive spécifique, réelle et durable…» comme l’indique la Charte olympique doivent aussi être placées sous enquête. Au cas contraire, ce sera l’anarchie comme cela a été le cas pendant de nombreuses années au COM.
Le gouvernement a aussi décidé de réagir comme indiqué dans notre édition de dimanche dernier. Le Comité international olympique a été alerté sur un certain nombre de mauvaises pratiques prévalant au COM et des discussions ont même eu lieu vendredi avec un de ses représentants, à savoir le Malgache Siteny. Si aucune solution n’a été dégagée lors de cette rencontre avec Deven Nagalingum, en revanche, ce qui est certain, c’est que le gouvernement compte bien aller jusqu’au bout dans ce combat pour la mise en place d’un sport propre.
Ce qui est certain, c’est que le COM que dirige Philippe Hao Thyn Voon se retrouve dans une très mauvaise impasse après cette décision de vendredi et la posture affichée par le ministre Nagalingum. D’où la nécessité d’appliquer désormais des mesures légales contre les responsables des fédérations fictives, mais aussi contre ceux qui les ont poussés à créer ces fédérations. Cela, pour des raisons que nous savons tous et forcément contraires à la bonne gouvernance !

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Jean-Michel Chelvan

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