L’annonce de la candidature de Jyoti Jeetun dans les rangs de l’alliance PTr/MMM/MD – et avec, peut-être, Résistans ek Alternativ – semble avoir provoqué un choc du côté du MSM et de ses alliés – dont ne fait pas encore partie le PMSD, si l’on en droit Xavier Luc Duval. Pour donner la « réplique » à Jyoti Jeetun, le MSM a délégué sa nouvelle guerrière, la ministre du Commerce. Cette ex-MMM passée au MSM est entrée dans la postérité par une seule phrase : « Les prix ont augmenté, mais les Mauriciens vivent bien, regardez les shopping malls : ils sont remplis ! » Elle a essayé de démontrer, par toutes sortes de prétextes risibles, qu’il n’y a pas de pénurie d’œufs à Maurice, ce qui lui a a valu une pluie de sarcasmes sur les réseaux sociaux, elle est allée s’attaquer à Jyoti Jeetun en essayant de la ridiculiser pour son utilisation du bhojpuri. Pour ce faire, la ministre du Commerce a lu un papier sur lequel on lui avait écrit quelques mots de bhojpuri. Des mots mal prononcés, selon les spécialistes de cette langue. Apres s’être à nouveau ridiculisée en affirmant qu’en juillet, les Mauriciens stockent des œufs pour la fête de la Vierge, elle a récidivé dans sa tentative d’utiliser le bhojpuri pour glorifier les mesures de Pravind Jugnuath. Décidément, en politique et surtout au MSM, le ridicule ne tue pas ! Vous en voulez une preuve : rappelez-vous de ce ministre qui affirmait que pour faire des œufs, il faut casser une omelette !
À Maurice, une affaire chasse l’autre et un scandale alimente les conversations, le temps de céder la place au suivant. Est-ce que le contenu des déclarations du détenu Vishal Shibchurn faites en prison provoquera une vraie affaire ou sera oublié dans quelques jours ? L’avenir nous le dira. Mais si l’affidavit du détenu Vishal Shibchurn n’est qu’un tissu de mensonges, comme l’affirme le Premier ministre, pourquoi est-ce que le gouvernement s’est senti le besoin d’envoyer trois de ses avocats ministres, dont celui de la Justice, tenir une conférence de presse pour y répondre, en fin de semaine, avant d’envoyer deux autres faire le même travail samedi ? L’acharnement du PM à essayer de dénigrer la veuve de Soopramanien Kistnen au Parlement indique que, malgré les dénégations, le contenu de cet affidavit semble inquiéter le MSM. Comment expliquer, outre les déclarations ministérielles, la publication sur les réseaux sociaux d’un clip – dans le style Viré Mam – qui met l’accent sur le passé et les condamnations de l’auteur de l’affidavit en faisant l’impasse sur deux choses importantes : (i) que Vishal Shibchurn a été un agent du MSM qui s’est particulièrement illustré lors de la comparution de l’ex-ministre Yogida Sawmynaden devant la justice à Port-Louis, et que (ii) malgré les nombreuses affaires auxquelles il a participé, la police n’a jamais fait appel contre sa remise en liberté dans ces dossiers. Question posée par un journaliste au ministre de la Justice, qui ne semble pas l’avoir appréciée. Pourquoi, donc, toute cette agitation gouvernementale si l’affidavit en question n’est qu’un tissu de mensonges ?
Un spectacle inhabituel s’est déroulé au Parlement, mardi dernier. Inhabituel puisqu’il ne s’était pas produit depuis des mois et des semaines. Le nouveau Speaker a contraint la ministre du Commerce à retirer des allégations qu’elle avait formulées à l’encontre du député travailliste Eshan Jummun, absent du Parlement pour suspension. L’application de cette simple règle de base : ne pas faire des allégations contre quelqu’un en son absence, et la surprise qu’elle a provoquée indiquent à quel niveau le Parlement était rendu sous le Speakership de Sooroojdev Phooker. Avec, il faut le rappeler et le souligner, la complicité active du gouvernement et des députés tap la tab de la majorité. Car à chaque fois que le précédent Speaker expulsait ou suspendait un député de l’opposition, le Premier ministre,ou son Vice premier ministre présentait une motion d’urgence pour fixer la durée de la suspension, qui était ratifiée par la majorité. Adrien Duval a été « élu » Speaker dans les conditions politiques douteuses que l’on sait. Mais il faut reconnaître que depuis qu’il est au perchoir, le Parlement commence à ne plus être un terrain de foot dans lequel l’arbitre se comporte comme le goal-keeper de l’équipe gouvernementale. Il faut aussi dire que le jour de l’élection du nouveau Speaker, l’opposition parlementaire s’est comportée comme une bande de hooligans.
Jean-Claude Antoine