Deven T a raison: 2020 a été une année soy pour Pravind Jugnauth. Enn mari l’année mofine! Et pourtant, elle était supposée avoir bien commencé, car malgré son faible score aux dernières élections — 37% de voix —, il avait formé le gouvernement grâce à un système qu’aucun politicien, surtout s’il fait partie de la majorité, ne veut remettre en cause. Il avait réussi à faire oublier une autre étiquette que l’opposition lui avait collée:
«PM l’imposte», du fait qu’il n’avait pas été présenté pour ce poste aux élections de 2014. On pensait que le fait d’avoir été élu PM allait calmer Pravind Jugnauth et qu’il allait diriger le pays comme le Premier ministre de tous les Mauriciens. Dès le départ, il a choisi de continuer à se comporter comme un chef de parti en campagne électorale, devant à tout prix dénigrer ses adversaires et traiter l’opposition comme une ennemie. Cette attitude ne l’a pas aidé quand Maurice a été mise sur la liste grise des pays ne respectant pas les règlements de l’Union européenne en matière de bonne gouvernance et de la lutte contre le blanchiment d’argent. «Aidé» par un Speaker confondant sa fonction et celle d’un de ses goalkeepers au Parlement, et soutenu par ses proches et des supposés stratèges dont les stratégies se sont souvent transformées en boomerangs, Pravind Jugnauth a essayé de jouer au maître des horloges, alors qu’il est loin d’en avoir la capacité. Au lieu de rassembler la nation, ce qu’on attendait de lui, il s’est surtout cantonné dans le personnage de chef de parti dont l’objectif est d’en finir avec ses adversaires. Une attitude revancharde qui lui a fait rater des occasions qui auraient pu lui donner la dimension d’un chef d’État respecté et apprécié de tous, auquel il aspire.
Au lieu de jouer au rassembleur et unir le pays en faisant appel à l’opposition lors du déclenchement de la pandémie, il a continué à gérer le pays comme s’il appartenait au MSM et à ses militants. Les bénéfices qu’il pensait tirer de la fermeture des frontières et du confinement ont volé en éclats quand on s’est rendu compte que les contrats pour l’achat de médicaments et d’équipements médicaux avaient été octroyés à des proches du pouvoir, dont des quincailliers et des poissonniers.
Ensuite arriva le naufrage du Wakashio, et celui qu’on voulait faire jouer au Commander in Chief, a pris une semaine pour prendre une décision sur ce qu’il fallait faire, et surtout, a donné une calamiteuse interview à la BBC avant de lancer la phrase qui lui restera longtemps collée: «Kot mo finn fauté?» Puis, quand l’affaire Angus Road a (re)éclaté, son refus de répondre à des questions au Parlement — pour ce faire, le Speaker n’hésitant pas à suspendre ou à expulser à tour de bras — n’a pas plaidé en sa faveur. Surtout quand il est allé en catimini donner «sa» déclaration à l’ICAC et qu’on s’est rendu compte qu’il ne s’appliquait pas la règle qu’il avait imposée à Ivan Collendavelloo: un ministre impliqué dans une enquête policière doit démissionner. Une règle qu’il a également oubliée dans l’affaire Kistnen, dont son ministre du Commerce est un des principaux protagonistes.
Dans cette affaire, Pravind Jugnauth, retrouvant sa vocation d’inspecteur gadget, avait, bien avant l’ouverture du procès, fait sa propre enquête qui lui avait fait conclure à l’innocence de son ministre de Commerce. Comme si les soy en série ne suffisaient pas, alors que Pravind Jugnauth se préparait à redire aux Mauriciens à quel point le gouvernement qu’il dirige est efficace et un exemple pour le monde entier dans son message à la nation, voilà qu’une autre affaire — encore une — vient l’éclabousser. Son ancien commissaire de Police qu’il avait défendu bec et ongles au cours des cinq années écoulées, celui qui à la fin de son mandat prolongé à la direction des Casernes centrales avait été nommé par ses soins au poste de commissaire des Prisons, a été arrêté pour avoir fourni un passeport d’urgence à un trafiquant de drogue! Si la cour ne lui avait pas accordé une libération sous caution, l’ex-commissaire de Police, occupant le poste de commissaire des Prisons, aurait été emprisonné!
Ce ne sont là que quelques-unes des affaires qui ont accompagné Pravind Jugnauth pendant sa première année comme fully-fledged PM. Je vous ai épargné les péripéties à la MBC, les condamnations cassées de l’IBA et quelques nominations plus que douteuses à la tête des institutions. Oui, Pravind a définitivement un mauvais soy sur lui. Pour essayer de s’en débarrasser, je lui suggère un bain de mer de l’autre côte du récif, suivi d’un rituel de purification au parfum de piments secs grillés.