Sous le tapis

La parenthèse du budget 2024-25 s’achève, comme c’est devenu la pratique autocratique, avec la confiscation de la fin des débats pour les meetings exclusifs de la majorité. Elle signe aussi le retour à la réalité de ceux qui ont cru avoir obtenu le gros lot et qui se sont finalement rendu compte qu’ils vont eux-mêmes financer les petits cadeaux qui ont été annoncés, à la station d’essence, au supermarché, lorsqu’ils vont payer leurs divers crédits et lorsqu’ils essaieront d’envoyer un peu d’argent à leurs enfants à l’étranger.

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Ce qui est salutaire, c’est qu’entre les lectures lassantes de supposés porte-parole aussi endoctrinés que décérébrés, auxquels on est maintenant habitué et les freins appliqués à l’opposition par l’agent du Sun Trust Sooroojdev Phokeer, les Mauriciens ont quand même pu voir un peu ce qu’il y a sous le tapis, la tonne de poussière cachée momentanément par la propagande orchestrée autour du budget.

Ils ont découvert qu’ils ont dû payer la bagatelle de Rs 13,5 millions pour la statue plus grande que nature de sir Anerood Jugnauth et que le processus de déification du père de l’actuel Premier ministre a atteint un nouveau palier, alors même qu’il n’est décédé rien qu’en 2021. Tout cela après la transformation du Jardin de Pamplemousses en cimetière politique a été accélérée pendant que le lieu patronymique, lui, est laissé dans un état lamentable.

Budget ou pas, des rappels ont été faits qui sont toujours utiles pour démontrer l’indécente capacité des locataires de l’hôtel du gouvernement à piller les ressources nationales. Comme ces Rs 1,9 milliard qui ont dû être payés à Patel Engineering après la résiliation du bail qui lui avait été accordé pour un projet aux Salines. Si l’on ajoute les milliards de la BAI, de Betamax et d’Alphamix, cela fait un gros paquet qui aurait pu être utilisé à bon escient au lieu de laisser filer la dépréciation et l’inflation.

Dans son rôle retrouvé de leader de l’opposition, Arvin Boolell a réussi à faire remonter quelques dossiers brûlants, au point de se faire alpaguer par celui qui n’a rien compris au rôle de Speaker et qui devrait aller faire un stage à la House of Commons et ailleurs pour réaliser à quel il point il souille cette fonction. Et emmener aussi avec lui celui qui l’a installé à ce poste pour qu’il bafoue toutes les règles de la démocratie parlementaire.

Le premier député de Belle-Rose/Quatre-Bornes a porté le scandale Ramano dans l’hémicycle pour confondre un Maneesh Gobin encore plus approximatif et hésitant que lorsqu’il avait eu à s’expliquer sur le dossier Franklin et la fameuse Stag Party à laquelle il avait participé en plein confinement.

Le principal intéressé lui-même, le notaire, n’a pas été plus convaincant dans ses explications sur sa signature sur une demande de permis EIA au ministre de l’Environnement qu’il est. Avec Kavi Ramano, tout n’est finalement qu’une question de huis clos. Tantôt c’est un fantôme à son bureau qui a imité sa signature et, tantôt, c’est un confrère, aux méthodes douteuses et jamais sanctionnées par le corps notarial qui s’en est chargé.

Avec Kavi Ramano, tout se déroule toujours à huis clos, sauf ses distributions ostentatoires de cadeaux à ses mandants. N’avait-il pas demandé et obtenu le huis clos pour s’expliquer devant la commission d’enquête sur la vente d’une filiale de la BAI, Britam Kenya, présidée par l’ancien juge Bushan Domah et ses assesseurs Sattar Hajee Abdoula et Imrith Ramtohul ? Lui le notaire gérant l’Escrow Account de cette transaction !

Il n’y avait pas que ce dossier chaud au menu du leader de l’opposition. Il a également remis sur le tapis la protection dont jouit la compagnie RSL Security Ltd et qui a obtenu des contrats auprès de plusieurs ministères, Santé, CWA ainsi qu’un renouvellement continu et suspect auprès de la Mauritius Cane Industry Authority en infraction des règlements régissant l’octroi des contrats publics.

Il se trouve que les directeurs de RSL Security Ltd sont aussi ceux qui avaient, en 2021, fourgué des Molnupiravir à Rs 79 le comprimé contre Rs 7 pour le prix du marché. Dans un autre pays, un fournisseur qui abuse ainsi des deniers publics aurait été interdit de participation à tout appel d’offres pendant un bon moment. Mais on sait comment ça marche ici avec ceux qui protègent leurs généreux donateurs.

Last but not least, la dernière Private Notice Question sur le secteur des jeux et qui a valu à Arvin Boolell d’être injustement sanctionné d’une suspension de deux séances par la majorité et son Loudspeaker. Un sujet très sensible pour le MSM puisqu’il concerne Jean Michel Lee Shim, celui pour lequel le MSM, Steve Obeegadoo et d’autres ont tout cassé, jusqu’à détruire le mythique Champ de Mars, pour le favoriser. Jusqu’à ce qu’ils réalisent leur bourde aussi monumentale qu’historique.

Que le leader de l’opposition ait rappelé quelques cruelles vérités n’a pas du tout plu à celui qui occupe le perchoir et ceux à qui ses flèches étaient destinées. C’est pourtant un fait que la compagnie SMS Pariaz a bénéficié du monopole de l’organisation de paris sur des courses et des matchs à l’étranger et qu’il a lui-même révélé publiquement agir comme un conseiller de Pravind Jugnauth et qu’il a remis Rs 10 millions au MSM. Pourquoi jouer aux vierges effarouchées au lieu d’assumer ses tristes fréquentations ?

La preuve que les PNQ, dont celles de l’actuel leader de l’opposition, leur font du mal, c’est qu’ils sont toujours prompts à venir les commenter, le jour même ou celui d’après, et dire qu’ils sont soit des « fizet » ou des « flops ». Qui perd son temps à discuter de « flops » et de « fizet » s’ils ne leur ont pas fait mal quelque part ?

L’enseignement de la semaine, c’est qu’il n’y a pas que le budget dans la vie, il y a la vie tout court, il y a la vie démocratique, la manière dont on gère les finances publiques, la bonne gouvernance, le combat contre le népotisme, les petits copains et les grands coquins. Des thèmes qui devraient préoccuper l’électeur qui sera bientôt sollicité.

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