Rodrigues manque de facilités, de personnel qualifié et de formation pour prendre en charge les mineurs en détresse. Au lendemain de la découverte macabre du corps démembré de Christine Begué, 16 ans, tuée lundi dernier, l’ouverture d’un Rehabilitation Youth Center (RYC) revient dans les déclarations des locataires de l’Assemblée régionale. Pourquoi ? Parce que Christine Begué avait déjà été arrêtée pour vol et qu’elle récidivait fréquemment. Ceux qui l’ont connue ne sont pas passés par quatre chemins pour dire que l’adolescente était cleptomane. Ce qui, aux yeux de la loi, faisait d’elle une délinquante juvénile. Donc, sa place aurait été dans un centre correctionnel. Devant ce crime crapuleux, la solution qui s’impose et qui semble prioritaire pour Rodrigues serait, donc, un RYC ! Et pourquoi pas un renforcement des effectifs à la Child Development Unit (CDU) qui, pour le moment, se résume à 3 personnes, ainsi que de la brigade de la famille et ses 11 officiers pour toute l’île ? Pourquoi ne pas recruter plus de psychologues pour épauler celle qui doit gérer une vingtaine de cas par mois, des familles d’accueil et des travailleurs sociaux formés ? Qu’en est-il de la formation de la police et des Family Counseling Officers, qui auraient besoin d’un rappel sur l’importance de la confidentialité ? L’absence de confidentialité, sur une île aussi grande qu’un mouchoir de poche, est un des facteurs empêchant les victimes de dénoncer leurs agresseurs et harceleurs. Parce que la CDU de Rodrigues n’a pas les ressources adéquates, et se devait de respecter la demande de la mère de Christine Begué qui ne souhaitait pas d’aide psychologique, aucune visite à domicile. Ainsi, aucune enquête sociale n’a été effectuée chez les Begué. Il nous revient que “cela a été à chaque fois un combat pour que la mère se présente à la CDU pour les besoins des enquêtes pour vol.” Certes, les services de l’enfance doivent opérer dans les paramètres de la loi, de la Children’s Act, et respecter certaines demandes des responsables de mineurs, à condition que ceux-ci ne soient pas en danger dans la cellule familiale. Mais ils devraient aussi trouver des stratégies d’intervention et de reconnaissance dans certains cas, comme celui de Christine. L’adolescente a vécu depuis sa jeune enfance sous le même toit d’un présumé prédateur sexuel. C’est, donc, tout l’arsenal existant dans l’île pour protéger les plus jeunes de pédophiles qu’il faut repenser. Sans oublier l’éducation à la sexualité dans le milieu scolaire. Le cas de Christine Begué est malheureusement venu rappeler à Rodrigues la problématique des grossesses précoces et de leur schéma transgénérationnel perdurant dans l’île. Sans oublier la négligence, la violence domestique et leurs répercussions sur les enfants. Aujourd’hui, Rodrigues n’a plus de place dans son shelter pour accueillir un/e mineur/e en détresse. Il n’y a pas de structure d’accueil spécialisée, et la prise en charge d’une victime d’abus sexuel diffère de celle d’un enfant abandonné. Il n’y a pas, non plus, de probation home et encore moins de half-way home. Au tribunal de Port-Mathurin, le “children corner” aménagé pour les mineurs devant se présenter en Cour mériterait un rafraîchissement. Le projet d’un RYC à Rodrigues ne date pas d’hier. Qu’il se concrétise en même temps que le renforcement des ressources existantes. Un centre de réhabilitation sans personnel formé et dédié, et un programme adapté au contexte local échouera dans sa mission.
Sabrina Quirin
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