Réveillon

— Alors tu as fini de reprendre le travail ?

- Publicité -

— Non, mon bureau n’ouvre que lundi. Heureusement que j’ai eu ces quelques jours pour mettre un peu d’ordre dans la maison avec la bonne.

— Ta bonne a repris le travail, elle ?

— Non. Elle est au bord de la mer avec sa famille.

— Tu lui as donné congé ?

— Elle voulait prendre une semaine, je ne lui ai donné que trois jours. J’avais besoin d’elle pour mettre de l’ordre après le réveillon.

— Ah bon ?! Vous avez fait le réveillon chez toi ?

— Moi je ne voulais surtout pas, mais mon bonhomme avait fini de dire oui, sans même me demander, toi ! Il est comme sa famille : si tu les écoutais, ce serait amize 365 jours sur 365 et 24/7.

— Vous étiez combien en tout ?

— 27 personnes, seulement la famille proche.

— Tu as fait à manger pour tout ce monde-là ?! Quand est-ce que tu as commencé à cuire ?

— Pas question ma chère. Tout le monde a contribué, on a fait un budget et on a pris un caterer qui est venu avec le manger, la vaisselle, les couverts et les verres, et une sono pour l’animation avec un DJ qui fait aussi karaoké.

— Ma chère. On dirait un réveillon à l’hôtel. Dis-moi un coup : tout le monde a payé sa contribution ?

— J’avais bien dit que si tout le monde n’avait pas payé le 25, j’allais tout cancel. Tout le monde a payé, même les cousins grippe-sou de mon bonhomme. Mais ils ont exigé un reçu des dépenses avec tous les détails.

— Ne me dis pas !

— Et en plus ils sont partis après la fête avec je ne sais combien de take-away du manger qui restait ! Ils ont tout pris je te dis, même les gajacks froids !

— Ils ne sont tout de même pas venus au réveillon avec leurs sacs en plastique, comme ils font d’habitude dans les fêtes ?

— Ils ont fait mieux que ça ma chère : ils sont venus avec des boîtes vides ! Qu’est-ce que tu veux, les batcharas resteront toujours des batcharas !

— J’espère que tu n’as pas dit ça à ton bonhomme.

— Non seulement il sait très bien ce que je pense de ses cousins n’importe, mais il était incapable de comprendre ce que je disais. Lui, il avait commencé à réveillonner depuis la journée même !

— J’espère que tu as enjoyed ton réveillon, malgré tout.

— Comment tu peux enjoy quand ça se passe chez toi avec 27 personnes personnes décidées à faire la fête, danser, chanter et crier ? Il faut que tu contrôles que tout se passe bien.

— Tu me dis que tu avais un DJ et un karaoké : tu n’as pas eu des ennuis avec tes voisins pour pollution sonore ?

— Eux aussi avaient leur réveillon, leurs pétards et leur musique, donc il n’y avait pas de problème. On ne savait pas qui faisait le plus de tapage ! Mais j’ai quand même demandé au DJ de baisser le son quand on a commence le karaoké.

— Pourquoi tu as fait ça ?

— Mais parce que ceux qui ont insisté pour chanter après avoir trop bu chantaient faux ! Ça se prend pour Witney ou Beyonce, ça n’a pas de voix et ça chante faux. Mes oreilles ont corné je te dis.

— Les hommes chantaient mieux ?

— En tout cas, pas ceux qui ont pris le micro et qui n’ont pas voulu le rendre. Ils se prenaient pour Frank Sinatra ou Claude François, tout en ne connaissant ni les paroles ni la musique des chansons ! C’était une cacophonie je peux te dire, mais ils se sont bien amusés. Surtout quand on a commence à danser.

— Il y avait disco aussi alors ? C’était la totale !

— C’était dans le package avec le caterer et la sono. Le DJ avait préparé des listes de chansons populaires. Mais les invités n’ont voulu que des oldies et des ségas pour danser.

— Et ils dansaient bien !

— Pour le slow ça allait, mais pour le séga… tu sais quand tu as quelques drinks de trop ainsi que beaucoup de kilos en trop, au lieu de casser les reins, tu ne fais que bouge-bouger ton ventre. C’était mari comique, mais ça a mis de l’ambiance.

— On dirait que c’était un réveillon réussi ?

— En tout cas, ils étaient enchantés quand ils sont partis à quatre heure du matin dans le van d’école qu’on avait loué.

— Ça aussi c’était prévu ?

— Mais enfin on n’allait pas laisser les gens prendre le volant, après tout ce qu’ils avaient bu et avec la police partout avec le carnet de contravention dans une main et le ballon d’alcooltest dans l’autre ! Tout le monde a dit que le réveillon était mari top.

— Avec ce grand succès, tu vas devoir organiser le prochain réveillon familial…

— Certainement pas ! Tu sais comment était ma maison et ma cour le lendemain : comme une cour d’école le lendemain d’un fancy-fair ! J’ai passé mon 1er et mon 2 janvier à mettre de l’ordre avec ma bonne. J’ai tellement travaillé que j’ai encore des courbatures partout. Donc, j’ai fini de dire à mon bonhomme que, marqué-gardé, qu’il pleuve ou qu’il tonne, je ne vais pas organiser le prochain réveillon de la famille. Surtout pas à la maison. Et ça ce n’est ni discutable ni négociable !

J.-C.A.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour