La délégation mauricienne est rentrée au pays mercredi après des Jeux du Commonwealth réussis. Elle a été accueillie comme il se doit après la belle performance réalisée à Birmingham. Cela va de soi, même s’il faudra encore attendre pour voir un autre sportif égaler la médaille d’or remportée par le boxeur Richard Sunee aux Jeux de 1998 en Malaisie (Maurice avait aussi décroché une médaille d’argent et deux de bronze). Reste que Maurice a quand même fait mieux — en 15 participations — en termes de nombre de médailles. Et ça, il faut le saluer.
Ainsi, Maurice rentre avec cinq médailles, contrairement à 2018 à Gold Coast et la seule en argent de l’haltérophile Roilya Ranaivosoa. Cette fois encore, cette dernière a remporté l’argent, tout comme le judoka Rémi Feuillet et le boxeur Richarno Colin. Les autres judokas Christiane Legentil et Sébastien Perrine s’étant, eux, contentés de la médaille de bronze. Bravo aux médaillés et à leurs entraîneurs, au même titre que tous ceux qui ont dignement porté le quadricolore à Birmingham !
Faut-il toutefois rester très mesuré dans les propos ; du ministre des Sports, Stephan Toussaint, aux fédérations en passant par le Comité olympique mauricien (COM). Certes, Maurice a remporté cinq belles médailles, mais gardons-nous de trop exulter. D’autant que la grosse majorité fait partie de l’ancienne génération, soutenue bien avant l’arrivée de Stephan Toussaint, et qui est arrivée à maturité !
S’il y a bien une performance signifi cative, c’est bien celle du Rodriguais Sébastien Perrine. Lui qui a pratiquement évolué dans un espace restreint et avec très peu de moyens dans l’île, ne participant qu’aux Championnats d’Afrique cette année ! Et là, il faut saluer ce gros travail entrepris par tous ceux concernés à Rodrigues, dont son entraîneur Eddy André, et qui permet au judoka de symboliser parfaitement la réussite d’un après-Covid très particulier.
C’est pour cette raison qu’il faudra être très prudent et ne surtout pas s’enfl ammer. Rémi Feuillet vit et s’entraîne en France. Roilya Ranaivosoa et Christiane Legentil ont eu l’opportunité de passer plusieurs mois hors du pays. Richarno Colin a pu, lui, faire le va-et-vient entre des camps d’entraînement et autres compétitions à l’étranger. Et c’est là toute la différence, même si le boxeur Merven Clair a, pour sa part, échoué à une marche du podium. Comme en 2021 aux Jeux olympiques de Tokyo.
Aussi, dira-t-on, le Club Maurice est rentré, cette fois, avec les honneurs et sans ces « lake ferblan » qui avaient entaché sa participation aux Jeux de 2018 en Australie. Tant mieux. On dira donc que le COM a veillé au grain. Son président, Philippe Hao Thyn Voon, ayant insisté, depuis le départ, pour un déplacement dans la discipline.
Peut-on cependant en dire autant pour ce qui est du nombre de dirigeants ayant complété la liste des « 32 » à Birmingham ? Une liste à laquelle Philippe Hao Thyn Voon a pris le soin de ne pas donner le moindre détail ! Alors qu’il était pourtant important qu’on sache, au nom de la transparence, leurs attributions, compte tenu du fait que des sélections se sont retrouvées, elles, à court d’encadreurs !
Ces mêmes dirigeants qui ont dû certainement obtenir leur « cadeau » de 200 livres sterling contrairement aux athlètes qui en ont, eux, obtenu la moitié. Cela, à en croire, Philippe Hao Thyn Voon ! Pas les nageurs, malheureusement ! Eux qui étaient toujours privés de leurs 100 livres sterling chacun, à la veille de la clôture des Jeux contrairement aux autres ! N’est-ce pas indigne de la part du COM en tenant compte du fait que le gouvernement y a pourtant contribué à la hauteur de 40% ?
Tout simplement désolant et révoltant. Mais pas pour le COM toutefois où on est demeuré intransigeant ! Cela, comme pour envoyer un signal fort à tous les sportifs, alors que, pendant ce temps, certains dirigeants ont pu, eux, profi ter pleinement de leur « cadeau » !
Faut-il donc comprendre que les nageurs auraient dû rater leurs entraînements, afin d’arriver à temps à une cérémonie de lever du drapeau qui se voulait surtout symbolique ? Au moins, dirions-nous, ces athlètes ont prouvé qu’ils n’étaient pas venus à Birmingham pour faire du tourisme contrairement à d’autres !
Il est aussi malheureux d’apprendre que ce n’est que très tard dans la soirée de samedi dernier que le COM aurait finalement daigné répondre à la lettre d’explications et d’excuses des nageurs ! Est-ce vraiment digne pour une instance représentant les intérêts du Comité international olympique (CIO) ? Au moins, la démarche conf rme ce que nous savions déjà. L’esprit sportif et les valeurs de l’olympisme n’est pas la tasse de thé de certains. Et ça, c’est une évidence qui ne date pas d’hier.
Ainsi, Maurice a brillé aux Jeux du Commonwealth grâce à la détermination de ceux qui ont pu surtout profi ter d’un cadre d’excellence à l’étranger. Et ça, on ne peut en faire abstraction. La performance de remporter cinq médailles à ces Jeux est certes encourageante, mais pas suffi sante cependant pour se permettre de “tap lestoma” à ce point.
Croire que le sport local commence à bien se porter après l’étape Birmingham serait se mettre le doigt dans l’oeil ! La route est encore très longue. Non seulement des moyens colossaux seront nécessaires, mais également un changement dans le mode de procéder de certains de nos dirigeants qui, contrairement à nos valeureux athlètes, sont très loin d’être irréprochables.