Reculs spectaculaires

Les prix des carburants n’ont pas baissé, malgré les attentes du grand public. Les partisans du MSM, eux, attendaient une bonne nouvelle pour aller ameuter les troupes. Mais niet. Qu’ils se rassurent, Prakash Ramchurrun, nouveau porte-parole du ministre des Finances, pourrait leur donner quelques pistes à ce sujet, le PPS étant celui qui a annoncé la date du budget et qui le prévoit même « populiste ». Oui, le Petroleum Price Committee, la structure coquille vide, qui s’est réunie vendredi pour annoncer le maintien des prix, se verra certainement doubler le 7 prochain avec l’annonce d’une baisse dans le budget avec son corollaire folklorique, un bruyant « tap latab ».

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Puisqu’on est au niveau des carburants, comment ne pas évoquer la déclaration du ministre Alan Ganoo indiquant que 10% du public voyageur privilégie le tramway. Seulement ce chiffre après cinq années d’exploitation ? C’est inquiétant lorsqu’on sait que les investissements dans ce projet sont extrêmement lourds, presque Rs 30 milliards, et ce que cela a occasionné en termes de drames divers, l’abandon forcé de résidences familiales, de la défiguration du paysage urbain et de l’aggravation de la circulation dans les centres-villes. C’est ni plus ni moins qu’un constat d’échec. Il n’est, dès lors, pas surprenant que MEL fasse fi de ses obligations statutaires de rendre publics ces chiffres d’exploitation.

En attendant le budget et l’accélération du calendrier électoral, il est réconfortant de constater que la commission électorale mène une campagne pour l’enregistrement des électeurs et qu’elle a entamé un processus de consultations avec les partis politiques pour recueillir leur point de vue sur la décompte des voix une fois les votes exprimés. Comme ce fut le cas pour les villageoises de 2020.

C’est possible s’il y a consensus entre les politiciens et les fonctionnaires. Dans ce débat sur la perspective d’un décompte des voix le jour même du scrutin, on a pu entendre, ici et là, des suggestions de recours au vote électronique. Il faut, à cet effet, regretter que les tentatives de procéder à cette formule, qui étaient arrivées à un stade très avancé en 2004-05 avec tout ce qu’il fallait de consultations et même un Select Committee mis sur pied, n’aient pas abouti faute d’un accord, la méfiance étant de rigueur.

Si, hier, lorsqu’il n’y avait pas cette politisation du choix des commissaires de l’Electoral Supervisory Commission et du personnel choisi pour travailler lors des élections, lorsqu’il n’y avait pas de T-Square pour soi-disant bien bourrer les urnes, lorsque des bulletins de la première circonscription ne se retrouvaient pas dans les ballots du N°19, lorsque les urnes n’étaient pas transportées dans des camions du privé, il y avait une réticence affichée contre le vote électronique, on peut imaginer ce que cela peut supposer comme méfiance vis-à-vis de ce système sous ce présent régime.

Ce qui précède pose le problème de la qualité de la démocratie telle qu’elle a évolué depuis 10 ans, depuis que le pays est sous le règne exclusif du clan Jugnauth. Les reculs sont tout simplement spectaculaires. Où que l’on regarde, c’est le grignotage des libertés. L’Assemblée nationale est, sans doute, l’exemple le plus flagrant de l’intolérance de ce gouvernement MSM et de ses acolytes, ces imposteurs qui osent en plus se réclamer du « militantisme ». Les députés de l’opposition sont suspendus et expulsés à tout bout de champ pendant que les chahuteurs de la majorité sont tolérés.

Ce Speaker, qui résume à lui tout seul ce qu’est le MSM, est capable de toutes les distorsions langagières et ce sont les pseudo-militants qui sont les premiers à donner suite à ses injonctions liberticides. Si ce n’est pas « Look at your face » ou « You are sick, you are mad » ou même « Bring him to the hospital » lancés à Rajesh Bhagwan, c’est le « Collect this man » adressé à l’ancien Premier ministre Paul Bérenger.

Mardi, Sooroojdev Phokeer a fait mieux, il a dit à Shakeel Mohamed, qu’il avait décidé de suspendre, de « Rest in peace ». Une formule que l’on utilise pour une personne décédée. Dans un autre pays vraiment démocratique, il se serait trouvé quelques hommes dans la majorité ayant un tant soit peu d’honneur pour critiquer ses agissements et même se démettre. Pas ici, les appétits pouvoiristes étant plus grands que les principes.

C’est en 1982 que les élections générales ont été rendues quasiment obligatoires tous les cinq ans et que les partielles et les municipales ont été rétablies. Or, les électeurs urbains, probablement des citoyens de deuxième grade, ont été privés de leur devoir civique depuis 10 ans bientôt contrairement à ceux des régions rurales. C’est inacceptable ! Le droit de vote est sacré et rien ne peut justifier que l’on doive accepter les mêmes édiles incompétents depuis 2015.

Le réenregistrement des cartes téléphoniques provoque des suspicions légitimes des citoyens honnêtes qui ont déjà fourmi toutes leurs coordonnées aux opérateurs depuis très longtemps. La MBC est une autre vitrine de l’autocratie dans laquelle se vautrent nos dirigeants actuels.

Si le MMM a une histoire plus respectueuse de la démocratie, le PTr peut, lui, s’enorgueillir, d’avoir surmonté ses écarts des années 1970 en venant plus récemment avec des textes sur la libéralisation des ondes, qui a permis au gouvernement de 2000-05 de lancer les radios privées, l’Equal Opportunities Commission et l’ébauche d’un Police and Criminel Evidence Bill, soigneusement gardé dans un tiroir depuis plus de 10 ans pour permettre à des policiers partisans de persécuter les opposants politiques.

Il n’y a pas un seul projet de loi voté par ce gouvernement qui ait élargi l’espace démocratique. Bien au contraire. L’opposition a consacré l’après-midi de vendredi à la démocratie et à la méritocratie en revenant sur les mesures phares annoncées le 1er mai dernier. Vivement le printemps démocratique mauricien !

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