La situation économique du pays est sujette à de sérieuses inquiétudes pour les économistes. Les conséquences négatives des deux confinements sanitaires se sont ajoutées à la grave crise économique provoquée par la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Guerre qui, si elle ne se termine pas dans les prochains mois, va conduire la planète à une pénurie alimentaire. Les pays les plus touchés seront ceux du tiers monde, plus particulièrement ceux de l’Afrique, dont Maurice. Comme le souligne plus tôt Ram Seegobin, de Lalit, le futur économique de Maurice ne semble pas être un sujet d’inquiétude pour le gouvernement mauricien. Ses efforts, à travers les propositions budgétaires, sont axés sur le règlement des problèmes du très court terme, pas ceux auxquels nous serons, qu’on le veuille ou non, confrontés dans les mois à venir. Dans ce climat d’inquiétude économique actuel, on aurait cru que l’intervention du Premier ministre dans le cadre du débat sur le budget aurait été entièrement consacrée à la situation économique et aux mesures prises pour y faire face. À la surprise générale, Pravind Jugnauth a consacré une partie de son discours à Jean-Michel Giraud, comme ce fut déjà le cas lors d’une précédente intervention sur le budget. Mais qu’est-ce que Jean-Michel Giraud a pu faire à Pravind Jugnauth pour que le Premier ministre ne rate aucune occasion de s’en prendre à l’ex-président du Mauritius Turf Club, dont il a exigé et obtenu la démission ? Est-ce que le fait que l’ex-président soit perçu comme étant proche du MMM justifie ce qu’il faut bien qualifier d’acharnement premier ministériel alors qu’il a obtenu — par la force — ce qu’il recherche depuis des années : la main-mise sur l’organisation des courses hippiques à Maurice ?
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Plus les explications sont données, moins on comprend comment une clef USB contenant des vidéos montrant des officiers de police torturant des prévenus a pu rester, pendant plus de deux ans, dans les tiroirs de la police. Les tentatives des responsables de jouer au « pa mwa sa, li sa » sont loin de convaincre que la police fait son travail quand certains de ses membres sont accusés de brutalité et d’actes de torture. Aux premières vidéos se sont ajoutées d’autres ainsi que plusieurs plaintes de personnes affirmant avoir été victimes de maltraitance et de torture de la part de policiers. Toute proportion gardée, les images postées et les témoignages ne sont pas loin de faire penser au comportement des gardiens SS dans les camps hitlériens. Est-ce que le Premier ministre croit qu’en déclarant au Parlement que ce dossier ne nécessite pas la nomination d’une commission d’enquête indépendante et que l’enquête sur les allégations de torture sera menée par l’Independent Police Complaints Commission il va réussir à faire oublier l’onde de choc provoquée par les images de policiers se comportant comme des tortionnaires ?
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Décidément, le niveau des interventions laisse à désirer au Parlement pour les interventions sur les propositions budgétaires. Après le « « koukouroukoukou » du ministre de la Santé et l’état du coq du PMSD, les débats se sont concentrés sur d’autres sujets surprenants. Après les tap latab intempestifs et les brassés de compliments au Premier ministre et au ministre des Finances, c’est un sujet vestimentaire qui a, semble-t-il, retenu l’attention de deux parlementaires : la couleur du slip du ministre des Sports ! Jeudi soir, ce sujet a été abordé lors des débats grâce à une déclaration de la députée mauve Joanna Bérenger disant que le ministre avait confirmé à des internautes que son slip était bel et bien orange. Elle a été reprise par sa collègue orange, Subhasnee Lutchmun Roy, qui a rétorqué : « Vous venez ici et commencez à débattre en parlant du slip de l’honorable Toussaint. Est-ce le niveau auquel nous nous attendons ? » Est-ce que le Speaker, qui traque les mots et les comportements unparliamentary, ne pourrait demander aux parlementaires de mind their language en s’abstenant de débattre sur la couleur des slips des ministres ?