— Alors, tu es contente ? L’école a repris maintenant. Tu n’es plus obligée de jouer les miss tilekol lakaz.
— Pas seulement les miss lakaz, mais également la baby-sitter et la cuisinière, parce que les enfants qui restent à la maison parce qu’il n’y a pas d’école, je peux te dire que ça mange beaucoup, et à toute heure.
— Mais au moins ils étaient safe avec toi au lieu de vacarner dans les rues. C’était plus rassurant tout de même.
— C’est vrai que c’était plus rassurant, mais c’était surtout plus fatigant, toi.
— À ce point-là ?
— Mais enfin toi ! Tu n’as plus d’enfants encore en étude chez toi, tu as oublié ce que c’est ! J’ai fait double, triple travail pendant cette période. J’ai pas arrêté une seconde, je te dis.
— Vrai même ?
— Écoute-moi bien. J’ai dû faire le travail du bureau à la maison avec le work from home. Puis le travail de professeur pour veiller que les enfants suivent les cours à la télé et fassent leurs devoirs. Et ensuite l’ouvrage de la maison. Pendant toute cette période, j’ai fait du 24/7 matin, midi et soir je te dis.
— Ta bonne n’est pas venue travailler ?
— Au commencement, elle ne pouvait pas à cause du confinement. Et puis elle est venue un jour sur deux, et j’ai dû compléter son travail.
— Pourquoi elle est venue seulement un jour sur deux ?
— Parce qu’elle aussi ses enfants n’avaient pas école. Elle devait s’occuper un peu d’eux.
— Je comprends. J’espère que ton bonhomme t’a donné un coup de main au moins.
— Ayo, ne m’en parle pas. Il n’a fait que compliquer ma vie.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Parce que comme presque tous les hommes, il ne sait rien faire dans une maison.
— Dis plutôt qu’il ne veut pas apprendre ! Mais tu pouvais lui montrer comment faire, non ? Moi j’ai obligé mon bonhomme à mettre la main à la pâte.
— J’ai essayé, mais ça ne vaut pas la peine. Tu as beau lui montrer, il n’arrive pas même et tu dois repasser derrière lui pour tout refaire. C’est un gaspillage de temps. Et puis il a repris le travail tôt lui. Grand merci Bon Dieu.
— Heureusement que tout ça est derrière nous maintenant avec la rentrée des classes.
— Je ne suis pas aussi sûre que toi. Je me demande si tu as raison de dire ça.
— Qu’est-ce qui se passe encore ?
— Tu n’es pas au courant ? Il y a beaucoup d’écoles qui ont le Covid toi. Toute la classe de ma nièce a eu et on a renvoyé tous les élèves à la maison pour s’auto-isoler.
— Mais tes enfants ne sont pas concernés, c’est pas leur classe.
— Mais comme c’est dans le même collège… tu sais comment ça s’attrape facilement ce virus-là ! J’espère qu’après avoir fait miss lakaz, je ne vais être obligée de faire infirmière lakaz !
— Je ne te souhaite pas ça. Moi j’ai dû faire infirmière lakaz avec ma maman et ma tante.
— Comment c’était ?
— Qu’est-ce que je vais te dire, l’enfer sur terre !
— Elles étaient malades à ce point-là ? Il fallait les faire admettre en clinique toi.
— Et payer plus d’un million par personne ! Où on va tirer cet argent-là ? On n’a pas les moyens, toi.
— Ça coûte un million pour se faire soigner du Covid dans une clinique ?
— Mais ou, toi. Sans compter tous les tests qu’on te fait faire. En tout cas, je peux te dire que les cliniques, les médecins et les pharmaciens ont fait des fortunes avec le Covid ! Comme dit mon grand garçon : zot finn tap plin !
— Sans compter les fonctionnaires qui se sont occupés de contrats de médicaments pour les hôpitaux !
— Mais heureusement, elles n’étaient pas malades à ce point-là. Mais elles ont miné ma vie je te dis. J’espère que tes enfants n’ont pas attrapé le virus.
— Je l’espère aussi. Allons changer de sujet de conversation. Qu’est-ce qui se passe comme ça dans l’actualité ?
— Apres le cyclone, il n’y a plus de légumes sur le marché. Le prix d’un riz, bouillon brède, chutney de pomme d’amour est devenu astronomique.
— C’est pareil comme après tous les cyclones. Les marchands te disent que l’eau a emporté les plantations. Mais on me dit que les réservoirs sont tellement remplis qu’ils sont en train de déborder.
— J’espère que la CWA ne va dire qu’il y a trop de pression ou de boue dans les tuyaux pour distribuer de l’eau 24 sur 24 !
— Qu’est-ce qu’il y a encore comme news politique ?
— Il paraît que Vacoas va devenir comme Manhattan.
— Qu’est-ce que tu es en train de radoter là ? Tu te trompes, c’est pas Vacoas qui va devenir comme Manhattan, mais Phœnix qui va devenir comme New York. C’est ce que Soodhun avait dit, non ?
— Cette fois, ce n’est pas Soodhun, mais le député MSM Bablee qui a dit que Vacoas allait devenir comme un autre Manhattan.
— Il n’y a pas à dire, les députés mauriciens sont des spécialistes du koz ninport !
— C’est pas ça qui empêche les électeurs de voter pour eux !
— Il y a aussi des électeurs qui sont des n’importe ! Ça même tout il y a comme news politique ?
— Il paraît qu’il y a encore un membre du MMM qui va démissionner pour rejoindre le MSM.
— Il reste encore des membres au MMM après les dernières démissions ?
— Tu es terrible même toi ! Il y a une autre question qu’il faut poser.
— Quelle question ?
— Est-ce qu’il reste encore de la place au MSM pour ramasser ceux qui quittent le MMM et les autres partis de l’opposition ?!