Quel haut niveau ?

Ces derniers temps, nous en avons eu de cesse de questionner la posture du ministère des Sports sur un dossier très important, voire sensible, qu’est le haut niveau. Cela, en constatant, malheureusement, à quel point le sens de ce terme est altéré, trop souvent même avec une facilité déconcertante par ceux qui sont pourtant responsables de sa mise en oeuvre !

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Car au ministère des Sports, il est devenu de plus en plus complexe de cerner certaines de ses décisions par rapport à ce sujet. Des décisions inconstantes, contestables et contradictoires, voire même discriminatoires dans certains cas, notamment en tenant compte des récentes demandes de soutien pour des déplacements à l’étranger.

Il y a eu d’abord la décision de ne pas soutenir deux handisportifs souffrant d’une déficience visuelle, Rosario Marianne et Anndora Asaun, aussi bien que leurs guides, contrairement à 2021 ! Finalement, deux billets d’avion ont été mis à leurs disposition ! Si ce n’est pas là de la mendicité, alors cela y ressemble. Même si ce ministère a contribué Rs 1M pour une partie de la délégation pour sa participation aux World Series de Dubaï. Résultat : 9 records nationaux, dont deux pour Anndora Asaun. Une athlète qui, précisons-le bien, est bénéficiaire d’une bourse de haut niveau !

Le kick-boxing, contrairement au handisport, est, malheureusement, une discipline toujours considérée comme non-olympique à Maurice, terme très en vogue et pendant à la langue de certains au ministère des Sports depuis de nombreuses années. Même si, l’année dernière, le Comité international olympique (CIO) a accordé sa reconnaissance à cette discipline. En France, par exemple, le comité olympique considère la fédération de kick-boxing comme un membre à part entière ! Pas à Maurice toutefois !

Pourquoi donc la Fédération mauricienne de kick-boxing devrait-elle continuer à subir ce genre de discrimination comparativement à d’autres ? Pourquoi des jeunes tireurs ne peuvent-ils pas viser le haut niveau comme n’importe quel autre sportif ? Des jeunes qui, en passant, ont beaucoup souffert des conséquences de la Covid-19 lors de ces deux dernières années.

A comprendre la logique de certains, il est normal que ces derniers débutent directement aux Mondiaux de septembre en Irlande. Donc, sans pour autant être en mesure de disputer, au préalable, une première compétition internationale, notamment la Coupe du monde du mois prochain en Turquie !

C’est dire à quel point le sport mauricien souffre aujourd’hui cruellement et lamentablement. Non seulement d’un minimum de compétence et de sagesse, mais également d’un manque de considération de la part de nos décideurs à l’égard d’une jeunesse très souvent en perte de repères et de valeurs. Une jeunesse désormais aussi en proie aux drogues synthétiques, véritable calvaire pour les parents et d’une société aux allures encore plus dysfonctionnelles.    

Ainsi, demanderons-nous, comment viser l’excellence dans ces conditions ? Un terme pourtant si cher à ce gouvernement au point de nous balancer, au lendemain même de la levée du couvre-feu de 2020 suivant le premier confinement, son fameux Athlete Assistance Scheme. Cela, en supprimant, dans un premier temps la catégorie régionale de la grille des bourses de haut niveau. Ce qui avait soulevé un tollé. A ce jour et suite à nos différents écrits, ces athlètes, qui constituent la base même du sport, continuent heureusement à bénéficier de leurs allocations.

Notre question, elle est toute simple : est-il évident de maintenir sa bourse de haut niveau, alloué par le ministère des Sports si ce même ministère ne donne pas les moyens à ces mêmes athlètes pour qu’ils participent à des compétitions à l’étranger ? Avouez qu’il y a de quoi être très perplexe en tenant compte de ce qui se fait ailleurs au sein de grandes nations sportives.

Ce qui est encore plus malheureux, c’est que, malgré tout, on s’obstine à foncer droit dans le mur. Quitte à ce que les sportifs en fassent ensuite les frais d’une politique décousue comme c’est souvent le cas. Et ça, c’est très inquiétant, tout comme l’absence de réaction du ministre Stephan Toussaint à vouloir remettre les choses en place.

Certes, dira-t-on, l’excellence est en marche avec l’établissement d’un centre de haut niveau à Côte d’Or — sans doute forcé après les critiques justifiées autour de son coût faramineux. Avouons toutefois qu’un centre de haut niveau partagé, en partie, avec les membres du public, est tout de même renversant !

Aussi, l’excellence doit impérativement reposer sur des piliers, messieurs les concepteurs. Ce qui n’est pas forcément le cas actuellement. Du reste, on ne comprend pas comment un ministère des Sports a pu, à travers le Mauritius Sports Council, se permettre de réclamer, dans un premier temps de l’argent à la Mauritius Rugby Federation pour la location de terrains ! Cela, pour la préparation de la…sélection nationale participant prochainement à la Coupe d’Afrique 7’s ! Révoltant, voire même dégoûtant.

De plus, comment ose-t-on parler de la création d’un environnement amateur menant ensuite à une élite forte et hautement performante si, à contrario, on coupes systématiquement l’herbe sous les pieds de nos plus jeunes ? Alors que, chaque année, nos différents ministères demeurent, eux, impunis face aux gaspillages des fonds publics dénoncés dans le rapport du Directeur de l’Audit !    

Voyez-vous, il ne faut pas chercher loin pour constater à quel point, à Maurice, on se contredit. Cela, tout en continuant à maintenir une ligne directive défaillante et favorisant davantage la frustration, notamment pour ceux évoluant au plus bas de l’échelle, sportivement comme économiquement.

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