Pris sur le vif : Quel « gate » ?

— Tu as entendu parler du dernier scandale, toi ?
— Mais tout est un scandale dans ce pays, toi. De quoi tu veux parler, de la lettre d’excuses de la MBC ?
— Ah, ça je ne suis pas au courant. Tu sais bien que je ne regarde plus la MBC. Qu’est-ce qu’elle a encore fait ?
— Ils ont envoyé un journaliste interroger les fidèles dans le caveau du Père Laval.
— Pourquoi ? Il y a eu un nouveau miracle ?
— Mais non, il n’y a pas eu de miracle. Le journaliste est allé déranger les fidèles dans leur prière pour leur demander ce qu’ils pensaient du verdict du Privy Council en faveur de Pravind Jugnauth.
— C’est pas vrai. Pour faire de la propagande, la MBC ne respecte rien. Même pas un lieu de prière !
— Un prêtre a protesté et, plus d’une semaine après, la direction de la MBC a présenté ses excuses à l’Église catholique en disant que le journaliste avait dérapé.
— Qu’est-ce que le journaliste a eu comme sanction ?
— Rien.
— Comment ça, rien ? La direction de la MBC reconnaît qu’il a commis une faute et présente des excuses et le journaliste qui a provoqué tout ça n’a rien ?
— La direction a dit que le journaliste a été « crucifié par le public ».
— Il y a quelque temps, deux journalistes de la MBC sont passés devant un comité disciplinaire parce qu’ils avaient simplement dit qu’il y avait des problèmes à la MBC. Là, la direction reconnaît que le journaliste a dérapé et on ne prend aucune sanction contre lui.
— Dis-moi un coup : tu es vraiment couillonne ou tu fais semblant de l’être ?
— Pourquoi tu causes comme ça avec moi ?
— Tu crois une seule seconde que la direction de la MBC n’était pas d’accord avec le reportage du journaliste ? Je me demande même si c’est pas la direction elle-même qui a demandé au journaliste d’aller faire le reportage au caveau du Père Laval ?
— La MBC est pire qu’avant, je te dis !
— Pas du tout. Elle est pareil qu’avant. Elle a seulement changé de maître, comme les carapates changent de chien !
— Ayo, toi. Plus ça change et plus c’est la même chose à Maurice. De quel dernier scandale tu voulais me parler ?
— Du karokan gate, toi. Ça fait la une des journaux et des réseaux sociaux.
— Du quoi ?
— Tu n’es pas au courant ? Lalangate, tu sais ce député qui avait envoyé la photo de sa langue par SMS à une femme depuis le Parlement ? Il a fait de nouveau parler de lui.
— Qu’est-ce qu’il a encore fait ? Il a envoyé une autre photo de son anatomie à une femme par SMS ?
— Il s’est fait surprendre dans un carreau cannes. On a vu la vidéo tout toi.
— Oui. J’ai entendu parler de cette vidéo-là. Qu’est-ce qu’il y a d’illégal dans le fait que quelqu’un aille dans un carreau cannes ?
— On dit qu’il y avait une personne cachée dans sa voiture, toi.
— Et alors ?
— Mais le député a fait une conférence de presse pour dire qu’il était seul. Et que s’il était entré dans le carreau de cannes c’était pour faire un « nature call ».
— C’est ça même le scandale : qu’un quelqu’un ait eu besoin d’aller faire un besoin pressant dans un carreau cannes ? Ça ne t’est jamais arrivé ?
— Oui, mais moi je ne suis pas une députée.
— Un député n’a pas le droit d’avoir un besoin pressant et d’aller dans un carreau cannes pour se soulager ?
— Mon Dieu, mais on dirait que tu es devenue une fan du député !Tu es en train de virer mam, toi aussi ?
— Arrête de dire des couillonnades donc ! Comme dit mon bonhomme, cette affaire est l’histoire d’un homme trop bête pour aller casser une pose dans un carreau cannes et qui invente toutes sortes de choses pour se justifier. De toutes les façons, à quoi tu peux t’attendre d’un quelqu’un qui envoie une photo de sa langue par SMS pour essayer de faire son galant ?
— Mais enfin toi, on a vu sa vidéo sur les réseaux sociaux.
— Et alors ? C’est cette vidéo-là même qui est le problème.
— Mais enfin toi, qu’est-ce que tu fais du droit à l’information ?
— Faire une vidéo de quelqu’un — même si c’est un député — qui va dans un carreau cannes c’est ça le droit à l’information ?
— Mais qu’est-ce qui t’arrive ? Arrête de causer n’importe, donc !
— Le problème c’est qu’en lançant des affaires comme le karokan gate sur internet, on va finir par donner raison au gouvernement.
— Qu’est-ce que tu es en train de raconter ? Ta tête n’est pas bonne !
— C’est ce qui va arriver. Le gouvernement va se servir de cette affaire pour venir dire qu’il avait raison de faire voter sa loi sévère sur les réseaux sociaux. On lui a donné un bon bâton avec le karokan gate ! Ça même que je suis en train de dire !

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