— Tu as remarqué une affaire drôle ?
— Tu veux parler de la bouffonnade ?
— Tu appelles ça une bouffonnade, toi ?
— Ne me dis pas que tu vas faire comme le ministre et dire que c’est un exploit patriotique !
— Mais de quelle affaire tu es en train de parler ?
— Du record du monde que le ministre de la Culture a organisé pour faire Maurice entrer dans le Guiness Book !
— Non, je ne savais pas.
— Tu vis à Maurice même toi ? Tu ne sais pas que le ministère de la Culture a fait plus de 6 000 collégiens faire un tableau vivant du drapeau mauricien ?
— Ah, tu veux parler de la polémique dipin brinzel au stade Anjalay ?
— Tu étais au courant alors !
— Je croyais que c’était une répétition pour un numéro pour la parade de l’indépendance moi !
— Pas du tout. C’était pour battre le record du plus grand drapeau humain flottant au monde du Guinness Book.
— C’est pas une bouffonnade ! C’est un scandale ! Tu veux dire que le ministère de la Culture a envoyé des collégiens faire le drapeau vivant pour casser un record, alors qu’ils ont déjà perdu plusieurs jours de classe depuis la rentrée ?
— Ça même, toi.
— Tu veux dire que le ministère de la Culture a envoyé des collégiens faire un drapeau vivant alors qu’il y avait un avis d’alerte de grosses pluies à Maurice ?
— Oui, toi.
— Mais qu’est-ce qu’il y a de pédagogique, de culturel ou de valorisant pour un collégien d’aller faire un drapeau vivant ? L’Ombudsperson for Children devrait ouvrir une enquête pour savoir si ces collégiens n’ont pas été exploités par le ministère de la Culture !
— Le ministre de la Culture a dit que c’est un acte patriotique dont le pays doit être fier.
— Quoi ? Casser un record du Guinness Book est un acte patriotique ?!
— C’est ce que le ministre a dit.
— Un ministre de la Culture dit une affaire pareille ! Vrai même, avec certains ministres de ce gouvernement-là, on a atteint des sommets…
— Ah bon ? Tu trouves ?
— Je veux dire des sommets dans la bêtise et du koz ninport ! Un ministre de la Culture dit que casser un record du Guiness Book est un acte patriotique ! Ça, c’est un record de bêtise qu’il faut mettre dans le Guiness.
— Tu es terrible même, toi.
— Mais j’ai raison. Personne ne pourra battre son record je te dis. Sans compter que pour faire réaliser cet « exploit patriotique », il a donné aux collégiens du pain sec avec un bout de bringelle brûlé ou des margozes pour déjeuner. Je me demande quel petit copain a eu le contrat pour ces dipin-la…
— C’est l’AHRIM qui a fait préparer et a offert les pains au ministère. Le ministre de la Culture a dit que c’était des pains cinq étoiles !
— Ayo, il aurait vraiment intérêt d’arrêter de faire des déclarations n’importe ce ministre-là !
— Par conséquent, c’est pas un chatwa qui a fait faire les pains.
— Dis-moi un coup : tu crois qu’il n’y a pas des chatwas du gouvernement dans le secteur privé ? Ce secteur privé qui n’arrête pas de dire que le gouvernement fait bien son travail…
— Ils sont obligés, toi. Ils font ça pour avoir leurs permis. Ils ont les mains attachées, toi.
— N’empêche qu’ils se comportent comme des chatwas !
— Ayo, allons changer de conversation. Quelle affaire drôle que tu disais avant qu’on parle du record et des dipin ?
— Quelle affaire drôle ? Moi-même, je ne sais plus. Ah, je vois ! Tu n’as pas remarqué que c’est quand la météo a fini d’enlever un warning que le temps se gâte.
— C’est un vieux joke : comme celui de dire qu’il faut faire le contraire de ce que dit la météo.
— C’est pas un joke. Prends la journée de jeudi. Le matin la météo enlève l’alerte de veille de grosses pluies, les écoles sont ouvertes et tout le monde va travailler.
— Et alors ?
— Et alors pendant toute la journée de jeudi, le temps est pire que la veille quand on avait un warning et que les écoles étaient fermées.
— C’est vrai que le temps s’est gâté un peu partout dans le pays jeudi. Il y a eu des inondations et des débordements, tout ça.
— Mais ça, la météo ne l’avait pas prévu, puisque le matin même elle a tiré les warning.
— C’est vrai ça. Qu’est-ce que tu veux dire : ils ont maintenant un radar moderne à la météo ?
— Ils ont un radar, mais ils ne savent pas interpréter ses données.
— Je ne comprends pas.
— J’ai une amie qui a une explication de tout ça, que je trouve genuine.
— Quelle explication encore ?
— Elle dit que le radar doit sûrement envoyer ses données en japonais…
— Je ne comprends toujours pas…
— Tu sais, c’est comme les voitures asiatiques dont les guides d’utilisation sont donnés en japonais, en coréen et en chinois…
— Et alors ?
— Et alors, comme les prévisionnistes ne parlent pas japonais, ils prennent du temps pour traduire les données. C’est à cause de ça même qu’ils sont toujours en retard de quelques heures sur leurs prévisions.
— Vrai même ?!
— En tout cas, c’est à chaque fois que la météo a enlevé un warning que le temps s’est gâté à Maurice. Comme jeudi dernier. Je te laisse tirer tes conclusions…
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