Au lendemain de l’assemblée générale du MTC, Week-End a sollicité son président, Gavin Glover, pour en savoir plus quant à l’avenir de l’organisation des courses par le club, organisateur historique, qui en a été empêché cette année pour différentes raisons qui relèvent autant d’une volonté étatique puissante et sans équivoque que des difficultés inhérentes au club, mais induites par des décisions hors de sa volonté. Après une année de jachère, si l’on s’en tient aux propos du président Glover dans cette interview, le MTC compte proposer pour la saison 2024 un retour seul aux affaires. Et il a pour cela des arguments… Sera-t-il entendu, rien de moins sûr.
Gavin Glover, le MTC a tenu son assemblée générale vendredi, et alors que tout le monde s’attendait que vous preniez une décision pour votre retour ou non à l’organisation des courses l’année prochaine, il n’en a été rien. Pourquoi ?
— La décision a été prise ! Notre but a toujours été de recommencer à organiser les courses dans les plus brefs délais en s’assurant que nous soyons en mesure, financièrement, de le faire. Le côté organisation ne nous fait pas peur, car nous avons l’expérience. Au besoin, nous recruterons, sur base saisonnière, des éléments susceptibles de nous aider dans cette tâche.
Quel a été le mood des membres présents vendredi ?
— Les membres présents et même ceux qui ne l’étaient pas mais que nous avions contactés pour avoir leur proxy sont très upbeat et s’attendent que nous fassions notre demande très vite. Depuis que nous sommes à la tête du MTC, mes collègues administrateurs et ceux qui sont encore employés par le MTC ainsi que ceux cooptés pour continuer à administrer le club, à l’instar de l’assistant-secrétaire Stéphane de Chalain et de sa petite équipe, travaillons dans le seul but de remettre le club sur les rails et de recommencer à organiser les courses, ce qui est notre vocation première. Ceux qui prétendent autrement sont ceux qui veulent faire croire que le MTC envisageait de fermer boutique alors qu’il n’en était rien.
À partir de là, quelle sera la prochaine étape qu’envisage le MTC ?
— Nous devons impérativement conclure la vente des terrains de Floréal à brève échéance. Remplir nos obligations vis-à-vis de la banque et du fonds de pension et s’assurer que notre budget prévisionnel pour 2024 avec 36 journées de courses soit validé par la banque. Nous avons présenté ces chiffres à nos membres hier, et avec 36 journées ou plus, c’est jouable, mais avec 20 journées ça ne l’est pas.
Sincèrement, à votre avis Gavin Glover, est-ce que le MTC songe vraiment à un retour ? Est-ce réellement possible car, primo, il vous faut trouver les finances nécessaires, secundo, il vous faut du temps pour tout remettre sur les rails et, tertio, il vous faut de nouveaux chevaux, sans oublier qu’il vous faudra parlementer et négocier avec les autorités, ce qui ne sera pas facile ?
— Si nous n’étions pas optimistes, nous aurions fermé boutique depuis longtemps. Vous le dites-vous même, nous ne pouvons nous précipiter juste pour faire une demande. Il faut être sûr. Nous sommes persuadés que la vente de Floréal, qui prendra du temps, je le concède, sera conclue dans les semaines à venir. Notre budget est prêt et notre plan d’action est aussi prêt, le départ ne saurait tarder.
Mais ne croyez-vous pas que vous êtes en retard rien que par rapport à la demande de la piste du Champ de Mars auprès de la COIREC ? Certains disent que la date butoir est le 30 septembre, alors que d’autres disent que cette condition ne vous concerne pas. Qu’en est-il exactement ?
— Nous allons faire une demande dans les prochaines semaines. C’est clair. Je pose la question, quelle est l’urgence de décider dès à présent qui aura la gestion du CDM ? Pour le bien de l’industrie hippique dans son ensemble, il serait plus judicieux de voir ce que nous proposons. Par exemple, dans notre budget pour 2024, nous offrirons au minimum Rs 1 million de stakes par journée, hormis les journées des quatre classiques pour lesquelles nous prévoyons Rs 1,5 M à Rs 2 M pour la journée. Nous sommes encore bien loin des stakes de 2018, mais pas loin des chiffres de 2021.
La dernière fois, vous aviez dit que la condition sine qua non d’un retour était que le MTC organise seul les courses. Nous avions bien compris que vous étiez sorti très vite des stalles, car at the end of the day, c’est la Gambling Regulatory Authority qui prendra cette décision, et comme People’s Turf PLC a déjà manifesté son intention d’être au départ, il va sans dire que si les négociations aboutissent, vous aurez tout au plus 20 journées. Vos commentaires…
— Je vous l’ai dit : financièrement, aucun Horse Racing Organiser (HRO), qui doit être une compagnie publique, ne pourra s’en sortir avec 20 journées, à moins d’avoir une source de revenus non liée aux courses, mais ça c’est illégal. Une compagnie publique ne peut s’engager dans un business model qui engrangera des pertes. Le MTCSL a eu à fermer ses portes à cause de cela. Nous allons pas à pas, mais dans la bonne direction. Si on veut de nous, tant mieux, sinon, tant pis, mais au moins on aura essayé.
Il n’est un secret pour personne que le MTC n’a plus un rond dans ses caisses et cette affirmation n’est pas de nous, mais de vous, lorsque vous aviez parlé à vos employés. Comment allez-vous donc procéder et avoir les finances nécessaires pour repartir sur de nouvelles bases ?
— Oui, notre patrimoine foncier est riche, mais nos comptes sont à sec. Mais dites-vous bien que nous avons récolté près de Rs 4,5 M de souscriptions cette année avec des dons importants. Nos membres sont derrière nous à 100%. Nous les remercions d’ailleurs pour leur soutien indéfectible. Nous avons donc tenu la gageure et réussi le pari de ne prendre encore aucune autre dette en 2023, et entre-temps, nous avons quand même résolu en partie le problème des pensions. Neuf de nos anciens employés, dont notre valeureux Kamal Bissumbur, vont bénéficier de leur full pension sous peu. Et nous nous assurons que tous les anciens employés ne seront pas lésés quand viendra le temps pour qu’ils fassent valoir leurs droits.
Est-ce qu’on peut dire aussi que la masse salariale du MTC a considérablement baissé ? Cette baisse est énorme, n’est-ce pas ?
— Alors, entendons-nous, la masse salariale du MTCSL a disparu à partir du 31 mars dernier. Celle du MTC, elle, a régressé de manière significative.
Le MTC compte-t-il toujours sur ses sponsors? Avez-vous gardé contact avec eux ?
— Nous sommes en contact et nous sommes d’avis que nos sponsors historiques et de nouveaux seront plus que d’accord de revenir au CDM comme partenaire des courses organisées par le MTC et sa subsidiaires en formation, pour les besoins de la licence de la GRA.
Nous avons bien analysé la situation, et s’il y a un aspect de l’organisation qui vous posera à notre avis un problème, c’est bien l’utilisation des pistes du Champ de Mars. Est-ce que vous partagez notre opinion ?
— Évidemment ! Mais comme je l’ai dit déjà : soit on veut de nous, soit on n’en veut pas. Nous avons des arguments à faire valoir. Nous avons l’expérience et notre savoir-faire de notre côté. Prendre une décision sans nous entendre, ne serait pas dans les intérêts des courses et de l’industrie. Alors, pour moi, et je n’engage que moi, les autorités concernées devraient nous écouter d’abord. Nous allons demander une rencontre avec la HRD, la GRA et la COIREC dans les jours à venir pour tâter le pouls. Un vieux amoureux du cheval m’écrivait ce matin un message qui se lisait ainsi : ce qui reste à faire est plus important que ce qui a déjà était fait.
À votre avis, quelle est la meilleure solution pour l’entretien du Champ de Mars et de ses deux pistes ?
— Nous avons chez nous le maître en la matière. Shyam Peenith et son équipe. Ils connaissent la piste comme leur poche, et si nous sommes retenus, nous aurons ceux et celles qu’il faut pour remettre la piste en état. Les coûts seront énormes, mais nous aurons le budget pour cela.
Comment voyez-vous la collaboration des entraîneurs ? Est-ce les pro-PTP participeront uniquement aux courses organisées par PTP et les pro-MTC favorisant les épreuves organisées par le MTC ? Comment voyez-vous la situation ?
— Le MTC et sa subsidiaire ne s’enliseront pas dans une petite guerre contre qui que ce soit. Nonobstant les attaques répétées dans une presse partisane, que tout le monde reconnaîtra, nous avons refusé de descendre dans les affres de la querelle nourrie par cette presse. Nous restons dignes. Nous avons un passé, nous avons un présent et nous aurons un futur. Nous, c’est le MTC et ses 500 membres de toutes communautés confondues, n’en déplaise à certains petits d’esprit.
Et le calendrier et les conditions des courses ? N’est-ce pas à la HRD de trouver ce terrain d’entente pour qu’il n’y ait pas des doublons ? Remarquez que si on laisse le MTC et PTP établir leur calendrier, il se peut qu’on ait le Maiden pour le 4 septembre et le Derby de PTP pour le 11 septembre, n’est-ce pas ?
Il n’y aura pas d’entente. Nous ne pouvons pas être en tandem, et nous ne voulons pas cela. C’est une question financière. Je n’en dirai pas plus.
Question d’ordre général, quelle est votre appréciation de la saison 2023, organisée par PTP ?
— Je ne ferai aucun commentaire. Le public a vu et a déjà son opinion.
Qu’est-ce qui vous a le plus frappé au cours de cette saison ?
— Le parcours exceptionnel de mon ancien coursier Betathantherest.
Le mauvais état de la piste qui a subi plusieurs inondations vous a-t-il frappé ? Et d’après vous, quelles sont les raisons qui expliqueraient cette détérioration ?
— La piste est dans un piteux état, ce n’est pas moi qui le dis, mais les professionnels des courses. Les raisons ne sont pas multiples. La maintenance de la piste depuis décembre 2021 a laissé à désirer. Les éléments ont accentué les problèmes.
En janvier 2023, vous aviez rencontré personnellement le Premier ministre, Pravind Jugnauth. Y a-t-il des développements depuis ?
— (Notre invité sourit, mais ne répond pas…)
D’autre part, l’alliance PTr-MMM-PMSD a manifesté ouvertement son intention de rendre toutes ses prérogatives au MTC pour qu’il retrouve sa dignité en tant qu’organisateur des courses. Elle a même parlé du retour de l’écurie Gujadhur. Comment avez-vous accueilli ces promesses, car elle est toujours dans l’opposition ?
— Mélanger politique et les courses est très mauvais pour les courses. Mais comme vous, j’ai entendu ce qui a été dit haut et fort. Voyons ce que le futur nous réserve. Cela dit, revoir la casaque de la famille Gujadhur au Champ de Mars sera un crowd puller exceptionnel.
Le mot de la fin Gavin Glover ?
— J’ai peur. Oui, j’ai peur, car nous n’avons pas notre destin en main. Nous pouvons faire tout ce qui nous plaira, mais in fine, la décision revient au chef du gouvernement. Attendons voir !!!