Il aura fallu que la Mauritius Football Association (MFA) et le ministère des Sports décident de laver leur linge sale en public. Malheureusement, en présence des invités et en plein Jeux de la Commission de la Jeunesse et des Sports de l’océan Indien (CJSOI) ! Comme-ci, l’absence inélégante de Madagascar ne suffisait pas pour ternir encore un peu plus l’image d’une jeunesse qui sera bientôt appelée à franchir un nouveau cap. Non seulement celui de la performance, mais aussi celle des valeurs humaines et susceptibles surtout de le conforter lors de ce passage compliqué de l’adolescence à sa vie d’adulte.
L’image projetée par les deux parties, au moment même où la fête de la jeunesse se devait d’être à son point culminant, a définitivement pourri l’ambiance. Tout est parti de la décision de la MFA de se retirer de l’organisation technique de la compétition de futsal ! Une démarche très peu professionnelle et certainement loin d’être sportive ! Ce qui a d’ailleurs forcé le comité organisateur à émettre, à son tour, un communiqué pour faire part de son amertume et colère.
Le président de la MFA, Samir Sobha, a lui, fait une sortie contre le ministre des Sports, Stephan Toussaint, par le biais d’une déclaration au Mauricien. Pour justifier la décision fédérale, il précisait « dans une déclaration pas si lointaine, le ministre avait déclaré que la MFA est toujours suspendue, alors pourquoi le COJ nous demande de l’aide afin de s’occuper du futsal ? »
Si Samir Sobha a raison d’évoquer la suspension du ministère des Sports, donc de l’État, à l’encontre de la MFA, en revanche, sa démarche demeure hautement questionnable, voire même déplorable. Était-ce le moment opportun, sur le plan sportif surtout, de venir régler ses comptes en mettant, qui plus est, « les bâtons dans les roues » ?
Cette question prend encore plus de sens lorsque le ministre Stephan Toussaint affirme — dans Le Mauricien toujours — que son ministère communique avec toutes les fédérations depuis 2020 ! S’il fallait réagir, c’est bien avant que Samir Sobha aurait dû le faire et non attendre le début des Jeux. La démarche ne sonne-t-elle donc pas anti-démocratique dans ce contexte ?
Aussi, Samir Sobha s’est lamentablement pris les pieds dans le tapis, tout en adressant, malheureusement dans sa chute, un « violent direct », non pas au ministre, mais bien aux participants en leur privant d’un soutien technique. Au même titre, que ses licenciés privés, eux, carrément de compétition !
Ce qui est cependant très inquiétant — et somme toute pas une surprise —, c’est la décision de la MFA de ne pas communiquer officiellement sur son retrait. Si ce n’est cette déclaration dans Le Mauricien de mardi de Samir Sobha. À ce jour d’ailleurs, elle n’a pas démenti les faits évoqués dans le communiqué émis par le comité organisateur présidé par le ministre Stephan Toussaint.
Ainsi, apprenons-nous, la MFA n’a pas fourni les règlements techniques de la compétition au plus tard le 22 février comme demandé, repoussant, qui plus est l’échéance, explique le COJ, « à plusieurs reprises ». Aussi, pourquoi n’avoir pas réagi à la date butoir du 1er septembre 2022, afin de respecter l’engagement nominatif et définitif des sélections nationales ?
Est-ce à comprendre que le comité organisateur a été forcé, dans ces conditions, à inscrire l’équipe de la Liverpool Academy, afin de préserver l’esprit de la compétition ? Ou a-t-il commis un impair à son niveau en usurpant les prérogatives de la MFA ? Est-ce aussi à dire que la décision finale de la MFA de se retirer de l’organisation était préméditée en tenant compte des explications fournies par le comité organisateur ?
Ce qui est certain, c’est que la démarche de la MFA sur le dossier futsal interpelle dans une large mesure. D’autant qu’il ne faut pas non plus oublier dans quelle situation délicate, pour ne pas dire inquiétante, cette même MFA avait mis une sélection nationale début 2020.
Cela, en la faisant participer à la Coupe d’Afrique des Nations au Laayoune, territoire qui n’était pourtant pas reconnu par l’Organisation des Nations unies et qui plus est, source de conflit armé entre le Maroc et la République arabe Sahraouie Démocratique !
Maurice avait alors été suspendue pour deux ans par la Confédération africaine de football, adjointe d’une forte amende à laquelle le ministère des Sports avait, maladroitement aidé à payer ! Chose que la MFA semble avoir depuis oubliée !
Faudrait-il aussi que Samir Sobha nous explique s’il trouve normal que la MFA puisse utiliser les stades municipaux pour l’organisation des championnats de première et de deuxième division ? Lui qui trouve pourtant moyen de questionner la demande du ministère, alors que « la MFA est toujours suspendue » !
Certes, ces stades tombent sous la juridiction du ministère des Collectivités locales, mais appartiennent tout de même à l’État ! Au moins, Samir Sobha pourrait-il nous expliquer comment la MFA a procédé pour outre-passer, dans une large mesure, les sanctions imposées par le ministère des Sports.
Ce qui s’est passé est regrettable. D’autant que ce manque d’élégance de la MFA était largement évitable à un moment où l’océan Indien avait le regard braqué sur Maurice. Malheureusement, les égos ont fini par prendre le dessus sur l’essentiel et ça, c’est très grave, confirmant que le sport est devenu un jeu malsain au point même d’en faire certains perdre les pédales ! Alors qu’il y a une semaine pourtant, nous écrivions que les Jeux de la CJSOI se devaient d’être ceux du partage, de l’amitié et de la fraternité !
MFA : Black out !
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