Lundi dernier, le mouvement Rann Nou Later tient une conférence de presse pour annoncer qu’il va organiser une manifestation pacifique à Côte d’Or, mercredi. Sujet de cette manifestation : protester contre le fait que le gouvernement a annoncé son intention de reprendre le lopin de terre qu’il avait donné pour y faire construire un Centre culturel tamoul à Réduit. Ce lopin donné avant d’être repris avait suscité une vive polémique. Des questions parlementaires – même une de Xavier-Luc Duval qui était encore dans l’opposition – ont été posées. Des déclarations ont été faites et des marches et autres manifestations de protestation organisées. Pour le gouvernement, cette reprise se justifie par le fait que le terrain est resté inexploité depuis qu’il a été octroyé et il offre, en compensation, un autre lopin de terre, mais à Côte d’Or, et promet même d’y faire construire un bâtiment. À première vue, la proposition paraît genuine, mais on apprend bien vite que ce troc de terrain cacherait, en fait, une opération immobilière. En effet, jouxte le terrain non exploité un bloc hôpital/hôtel/appartements loués ou vendus à des étrangers appartenant à un blue eyed boy du MSM. Un de ceux qui collectionnent les permis d’occupation des terres de l’État, et dont on se demande où ils trouvent les centaines de millions nécessaires pour réaliser leurs projets de développement ! Le hasard faisant bien les choses pour certains, le lopin de terre inexploité où devait être construit le Centre culturel tamoul conviendrait parfaitement aux projets d’expansion du blue eyed boy. Est-ce pour lui permettre de réaliser ses projets, pour lui laisser le terrain libre que celui du Centre culturel a été déménagé à Côte d’Or ? Les membres de Rann Nou Later en sont convaincus et c’est pour dénoncer ce qu’ils disent être un deal gouvernement/ petits copains qu’ils entendent organiser une manifestation pacifique à Côte d’Or. Près de la marquise sous laquelle le Premier ministre octroyera des certificats de terres à ceux qui disent représenter les communautés au nom desquelles ils ont accepté le troc et le déménagement.
Comme les membres de Rann Nou Later commencent à bien connaître les textes de loi régulant les manifestations, ils annoncent qu’ils les respecteront, surtout celui qui concerne le nombre de manifestants autorisés par la loi. Tout le monde est informé de la tenue de la manifestation pacifique annoncée puisque les membres de la police sont aussi nombreux sur le lieu que ceux de la presse. Ce qui n’a pas empêché un officier de police de consigner une déclaration contre les huit manifestants en les qualifiant de « rogue ans vagabond! » Au départ, tout s’est déroulé dans les règles : les membres de Rann Nou Later manifestant et les policiers les surveillant. Tout a dégénéré quand certains policiers – les nouveaux promus ? – ont semblé être offensés que le Premier ministre et ministre de la police puisse être qualifié de voleur la terre. Ils se sont précipités sur les manifestants pour leur arracher leurs pancartes, les faire taire, avant de les interpeller brutalement, comme on a pu le voir sur toutes les images de l’évènement. Ce qui a fait sursauter quand on a appris qu’un 5ème manifestant a été arrêté par la suite sous une charge provisoire de « molesting police officer ! » Mais il y a eu beaucoup plus grave pendant cette manifestation : l’avocat Rajen Narsingen – qui voulait rappeler aux policiers que la loi autorise les manifestations à certaines conditions – a été pris à partie et malmené par des individus ressemblant plus à des bouncers qu’à des policiers en civil. L’avocat a reçu des coups, a été jeté par terre et traîné dans une voiture de police par ces gros bras que les policiers semblaient connaître. L’avocat a été traîné d’un poste de police à l’autre, avant que ses confrères parviennent à obtenir de la police qu’il soit conduit dans une clinique. On lui a diagnostiqué des coups au ventre et des blessures aux genoux, au coccyx et ailleurs, qui l’ont obligé à rester deux jours en clinique. À samedi matin, il ne savait pas encore sous quelle accusation il avait été interpellé et maltraité par des bouncers, avant d’être récupéré par la police. Est-ce qu’il sera accusé lui aussi de « molesting police officer », alors que toutes les images de la manifestation montrent que c’est lui qui a été tabassé par des bouncers en civil et avec capuches, travaillant main dans la main avec des policiers en uniforme ! Une proximité malsaine qui autorise à se demander si la police de Pravind Jugnauth fait maintenant appel à des bouncers pour réprimer les manifestants ?
En tout cas, ce qui s’est passé mercredi à Côte d’Or donne raison à ceux qui, depuis quelque temps déjà, disent que Maurice glisse vers la dictature…