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L’utilisation du téléphone en zone interdite : Quand la HRD banalise une affaire d’une extrême gravité

Les Rs 2500 d’amende seulement est un mauvais signal

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Depuis le début de la saison 2022 et le changement de configuration dans l’organisation des courses à Maurice, il ne se passe pas une semaine sans que les turfistes ne soient interpellés sur différents sujets d’actualité qui démontrent clairement que le sport hippique mauricien est sur une très mauvaise et dangereuse pente. L’usage d’un cellulaire par l’apprenti-jockey Abishek Sonaram à proximité de la ‘Jockeys’ Room’ de People’s Turf PLC au vu et au su de tout le monde avait déjà choqué plus d’un mais la légèreté des sanctions imposées par la HRD aux contrevenants dans ce grave incident est encore plus choquante. Cette affaire, qui fait suite à l’usage d’un téléphone dans le paddock de PTP par son CEO après avoir conversé avec des jockeys, a aussi révélé qu’il existe bel et bien des appels entre professionnels de courses et d’autres personnes pendant une journée hippique dans les zones interdites. La HRD gagnerait à s’inspirer de Racing Victoria en Australie pour le contrôle de l’usage du téléphone sur un hippodrome.

Cette conversation téléphonique d’Ashishek Sonaram , telle que montrée par des photos, a donné lieu à deux versions: l’une avant le communiqué émis par la Horse Racing Division, annonçant l’ouverture d’une enquête et, l’autre, après un communiqué publié par PTP, signé The Management au lieu habituellement de son CEO, K. K. Ubheeram, à l’image de celui qui avait été rendu public à la suite de l’interview de Ricky Maingard après la blessure de Frosted Gold.

Deux versions

La version initiale était qu’un entraîneur qui n’a rien à faire avec l’écurie Rameshwar Gujadhur avait passé un cellulaire à l’apprenti-jockey Abhishek Sonaram en lui disant qu’il y avait un appel pour lui et ce, alors que ce dernier était en conversation avec le ‘stable supervisor’ Dario Basset-Rouget avant le départ de la 7e course. Dans cette épreuve, dotée de la ‘Warren Permal Cup’, Abhishek Sonaram pilotait Flowerscape sur lequel il y avait beaucoup d’argent car sa cote avait passé de 7/1 à 3/1. La seconde version est que cet appel provenait de l’entraîneur Subiraj Gujadhur qui aurait appelé sur le téléphone de Dario Basset-Rouget pour donner les dernières instructions à Abhishek Sonaram. Il l’a, du reste, confirmé à notre confrère Le Mauricien.

En tout cas c’est celle retenue par la HRD. Et son enquête, sur la base des témoignages des intéressés et non sur celle de la liste réelle des relevés téléphoniques, lui a permis de conclure que : (i) : l’entraîneur Subiraj Gujadhur n’est pas coupable, (ii) : le ‘stable supervisor’ Dario Basset-Rouget est coupable même s’il avait plaidé non coupable et (iii) Abhishek Sonaram est coupable; du reste il avait plaidé coupable.

Banalisation

L’on s’attendait à des sanctions exemplaires, mais la HRD a banalisé cette affaire en infligeant une amende de Rs 2,500 seulement à Dario Basset-Rouget et à Abhishek Sonaram. La question de la non-culpabilité de l’entraîneur est discutable. En effet, au vu des règlements, il aurait dû refuser d’avoir cette conversation puisqu’il aurait dû savoir que cela mettrait son jockey dans une situation de faute par rapport aux rules of racing. Qui peut penser une seconde que son jockey, son employé, aurait pu refuser de lui parler, en tant que patron.

Les turfistes ne savent pas s’il faut en rire ou en pleurer car qu’on le veuille ou non, la faute est très grave. Dans ce contexte, les questions suivantes à la HRD et à ses commissaires des courses méritent réponses dans le cadre de la transparence.

1 : Est-ce qu’un relevé des appels téléphoniques provenant du téléphone de Subiraj Gujadhur a été effectué ?

2 : Est-ce qu’un relevé des appels téléphoniques d’autres entraîneurs présents sur les lieux a été effectué car il nous revient qu’il n’est pas totalement étranger à cette histoire ?

3 : Est-ce qu’un relevé des appels téléphoniques de Dario Basset-Rouget a été effectué ?

Dans cette affaire, l’intervention sur la toile de People’s Turf PLC en tant qu’organisateur interpelle. Il est sorti très vite des boîtes, à l’image de sa communication après le sabotage de la piste du Champ de Mars ou encore après le déroulement de la première course de la 30e journée, remportée par Zum Zum.

Paternité

Visiblement, il a voulu s’approprier la paternité de l’action de la HRD en disant: « PTP has immediately informed the HRD of the matter, who has issued a communiqué stating that an investigation will be opened concerning this issue » en ajoutant: « PTP remains at the disposal of the HRD and is ready to cooperate by providing the security camera footage for this inquiry». Comme quoi il doit se justifier perpétuellement auprès du public parieur, donnant ainsi l’impression qu’il a un gros problème de crédibilité.

Un peu plus loin, PTP enfonce malheureusement une autre porte ouverte en précisant : « PTP wants to assure the public that no mobile phone is allowed inside or in the vicinity of the jockeys’ room during race days. Only trainers and assistant trainers have strict access to jockeys on race meetings». Si la première phrase est limpide, claire et nette —no mobile phone is allowed— par contre, la seconde ne l’est pas du tout car elle peut être sujette à diverses interprétations. L’auteur de ce communiqué faisait-il référence à l’usage du téléphone en disant :« Only trainers and assistant trainers have strict access to jockeys on race meetings » ? C’est ce qu’on appelle enfoncer une porte ouverte !

Notons que les ‘rules of racing’ de la HRD stipulent noir sur blanc que: « Riders are prohibited from using their cellular phones or any other electronic communication devices capable of transmitting and/or receiving information in the Weighing Room, Jockeys’ Room or Parade Ring at all times. Any such device must be handed over to the Clerk of the Scales for custody before proceeding to the Jockeys’ Room on race days. Jockeys, who do not remit their cellular phone and/or other electronic devices to the Clerk of the Scales before the start of a race meeting shall sign the appropriate form indicating where their cellular phone or any other electronic device is located. Any other person party to a breach of this Rule shall commit an offence and shall be liable to any of the penalty provided for in Rule 11 (d) ».

Rules australiens

La modique amende infligée à Dario Basset-Rouget et Abhishek Soonaram et la dédramatisation de cet entorse grave aux Rules of racing montre que derrière cette affaire il y a une autre pratique d’usage abusif de téléphone et de contacts directs sur l’hippodrome entre professionnels de courses et organisateurs de paris et de courses qui ont lieu à chaque journée, pour pervertir certaines épreuves. Une surveillance électronique dans la zone du Champ de mars est susceptible de confirmer cette information.

Si la HRD voulait vraiment se montrer ferme et intransigeante, l’amende aurait dû être beaucoup plus conséquente et aurait dû être accompagnée d’une lourde suspension pour les trois ou quatre protagonistes. La HRD aurait même dû revenir sur ce coup de téléphone passé par K.K. Ubheeram après qu’il avait parlé aux jockeys peu avant la 8e course de la 28e journée, disputée le 22 octobre dernier. Est-ce pour cette raison que K.K. Ubheeram n’a pas signé le dernier communiqué de PTP en tant que CEO ?

Dans tous les cas, la HRD et la GRA gagneraient à s’inspirer des rules of racing australiens sur l’usage du téléphone ou tout autre outil électronique sur les hippodromes qui est interdit pour tout le monde :

No person shall, without the permission of the Stewards:

… (2) while betting is taking place on the grounds of a racecourse, have turned on or used in any way at any of the following places on the racecourse any portable telephone, radio transmitter, radio transceiver or any other appliance, apparatus, instrument, or equipment that can receive or transmit information:

(a) in the Mounting Yard;

(b) in the Scales area;

(c) in any other area designated by the Stewards

.… (3) within the area of the jockeys’ room, bring into, have in his possession, or use any portable telephone, radio transmitter, radio transceiver or any other appliance, apparatus, instrument, or equipment capable of receiving or transmitting the information.

Encore une incohérence de la Horse Racing Division !

La Horse Racing Division de la Gambling Regulatory Authority n’est pas à une incohérence près. Ainsi, en parcourant les deux programmes de ce week-end, rendus officiels par la HRD, les turfistes sont tombés sur une autre bourde de cet organisme qui a peine à convaincre. N’était la clairvoyance des turfistes avisés, nos lecteurs, cela aurait pu passer inaperçue. Heureusement qu’ils veillent au grain.

Dans la ‘361 Colonel Draper Cup’ du samedi 12 novembre, le partant No. 7 Blackburn Roc est handicapé à 56kg, mais au fait, il portera 57kg, soit le poids de son jockey, J. de Souza. Rien d’anormal jusqu’ici car le jockey a le droit de monter ‘1kg over the carded weight’.

Mais là où le bât blesse c’est que ce même jockey, J. De Souza, est autorisé à monter Rock The Night dans l’épreuve de clôture de la journée du dimanche 13 novembre, soit le lendemain, à 57.5kg alors que son ‘carded weight’ est de 57kg.

La veille, il peut monter à 57kg mais le lendemain, il ne peut faire ce poids et est autorisé par la HRD de monter à 57.5kg. Pourquoi ? La HRD peut-elle nous expliquer cette incohérence ? Est-ce de l’incompétence, de l’a-peu-près ou une genuine error qui serait alors la énième d’une interminable série ou est-ce une de ces logiques de la HRD que la logique elle-même ne peut expliquer ?

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