Une page s’est définitivement tournée, le 22 février, pour les 1 300 employés de l’usine Palmar Ltd. Un endettement massif, des pertes accumulées, et l’absence de liquidités ont plongé ce fleuron de l’industrie textile dans le gouffre financier, engendrant une vague de licenciements. Palmar Ltd aurait compté 40 ans d’existence l’année prochaine. Des sanglots dans la voix, les salariés ont lancé des appels de détresse devant les grilles cadenassées des trois unités du groupe Lagesse à Mon-Loisir, à Riviere-du-Rempart et à Flacq.
Les 900 Mauriciens et 400 travailleurs du Bangladesh et de Madagascar ne se faisaient pas beaucoup d’illusions sur leur avenir dans cette usine. Certains avaient déjà décelé les signes avant-coureurs de cette catastrophe. « Nous savions que l’usine avait été mise en liquidation judiciaire depuis plusieurs semaines. La regard déconfit des directeurs qui se sont vu refuser des prêts était visible. Nous nous attendions au pire », nous confie Marie-Ange, une Mauricienne qui compte plus de vingt ans dans cette entreprise familiale dirigée par Thierry Lagesse. La nouvelle a été annoncée aux employés par les Receiver Managers, Yacoob Ramtoola et Afsar Ebraim, vendredi matin. Une décision qui réduit, du jour au lendemain, des pères et mères de familles au chômage.
Désespérés, n’ayant aucune garantie quant au paiement de leurs salaires pour les mois de février et mars, les licenciés ont bravé l’interdit en se rassemblant, vendredi, les uns dans les rues de Rivière-du-Rempart et d’autres à Flacq. Déployées en grand nombre dès le matin, les forces de l’ordre sont parvenues à disperser les manifestants mettant à mal leur intention de prolonger leur sit-in. A Rivière-du-Rempart, la manifestation a été interrompue par un incident. Une voiture, qui avait tenté de se frayer un passage entre le convoi, est passée sur les pieds d’une des employées licenciées. Une enquête est en cours pour retracer le chauffeur.
Ce 22 février marque un jour noir pour les 1 300 salariés. Mais ils ne désarment pas pour autant. Une dizaine des licenciés se sont rendus au siège de la firme BDO, à Port-Louis, dans l’après-midi, pour obtenir des garanties qu’ils percevront leur salaire de février le 5 mars et qu’ils pourront obtenir un mois de salaire, suivant le workface programme. Le syndicaliste Feyzal Ally a donné rendez-vous aux licenciés, demain matin, devant les locaux du ministère du Travail pour d’autres éclaircissements.
Les ministres Callichurn et Collendavelloo rassurent
« Nous faisons le nécessaire pour que les 1300 employés soient redéployés. » C’est ce qu’a déclaré le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, aux licenciés de Palmar Ltd. Le Premier ministre adjoint, Ivan Collendavelloo, a annoncé, vendredi soir, qu’il travaille sur un projet de loi pour protéger les travailleurs mauriciens.
Dans un communiqué, Soodesh Callichurn précise que « l’administrateur nous fait comprendre qu’il a été impossible de sauver l’entreprise, car il y avait des dettes accumulées de Rs 600 millions ». Le ministre est en revanche optimiste quant au redéploiement des licenciés. Il en veut pour preuve, « la demande de 15 usines qui sont disposées à reprendre 658 Mauriciens, 11 Bangladais et 91 Malgaches. La compagnie Brinks s’est également proposée pour le recrutement de 200 travailleurs ». Présent à Trèfles vendredi, dans le cadre de l’inauguration du centre Roland Moothoo, Ivan Collendavelloo a confié à la presse qu’il travaille sur une série de mesures de protection pour tous les employés du privé et du public.
Quant au syndicaliste, Feyzal Beegun, il impute la responsabilité de la prise en charge des travailleurs étrangers aux Receiver Managers et souligne qu’une dizaine de ces travailleurs souhaitent rentrer dans leurs pays. Le contact avec la Mauritius Export Association (MEXA) a déjà été établi dans ce sens.