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L’heure de vérité

À la mi-journée aujourd’hui, Roberto Michel foulera la piste du stade de France pour entamer ses Jeux paralympiques au 100m T34. L’objectif sera de valider une place en finale et ainsi booster Noemi Alphonse qui sera en action un peu plus tard lors des séries du 800m fauteuil T54. La dernière représentante du jour, à savoir Anaïs Angéline, vice-championne du monde au saut en longueur, disputera directement la finale prévue en soirée.

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Ses chances de viser un podium sont minimes, pour ne pas dire inexistantes, et Anaïs Angéline le sait très bien. Ce dont elle peut en être certaine, c’est que l’île Maurice sera derrière elle ce soir. Elle pourra aussi profiter de la présence du public, dont elle compte bien s’y imprégner, pour se transcender sur la piste d’élan.
On retiendra aussi notre souffle, une première fois, mercredi en début d’après-midi, lorsque Noemi Alphonse s’élancera au départ des séries du 100m, dans l’espoir de valider une place en finale dans la soirée. Auréolée d’un titre de championne du monde en mai à Kobe (Japon), elle devrait passer ce tour sans aucun problème et sans se forcer.

Car, du jus, il lui en faudra pour faire face à la multiple championne paralympique, l’Américaine Tatyana McFadden, mais aussi face à la Finlandaise Amanda Kotaja et la Belge Léa Bayekula. Ces dernières occupent respectivement les deux premières places au classement mondial du 100m devant la Mauricienne. Quant à Yovanni Philippe, il disputera directement la finale du 400m T20 mardi soir et ses chances dépendront grandement de ses aptitudes à bien appliquer les consignes de course.
Si le para-athlétisme mauricien peut aujourd’hui rivaliser avec les meilleurs mondiaux, c’est en raison du gros travail entrepris depuis 10 ans par l’entraîneur Jean-Marie Bhugeerathee. Cela avec le soutien de toute une équipe. Même si le ministère des Sports a été financièrement présent ces dernières années, en revanche, dans bien des cas, l’accouchement a été compliqué.

La participation de mai aux Mondiaux de Kobe en témoigne, là où, étonnamment, le ministère des Sports était disposé à sacrifier huit qualifiés pour quelques Rs 3M ! Toutefois, après une énième pression de Week-End, des fonds étaient subitement disponibles, alors que pourtant, quelques jours auparavant, on disait ne pas les avoir !

Si les para-athlètes ont pu souvent se sortir d’affaire, en revanche, d’autres se sont, eux, retrouvés dans la mélasse. C’était récemment le cas pour la sélection nationale juniors masculine de volley-ball dont les jeunes ont dû faire une croix sur une participation aux Championnats d’Afrique après avoir pourtant fait l’impasse sur leurs vacances scolaires pour préparer cette compétition. La raison ? Le ministère des Sports n’avait pas les Rs 2.5M nécessaires, alors que ces jeunes représentent pourtant l’avenir de la discipline !

À l’Association mauricienne de badminton, on a décidé de donner priorité aux championnats d’Afrique U19 qui viennent de prendre fin avec une moisson de cinq médailles d’or et à ceux des seniors prévus l’année prochaine. Suffisant pour épuiser un budget élite estimé à Rs 2.2M, d’où la décision de l’association de se tourner vers les sponsors et les parents pour ne pas hypothéquer la participation des médaillés aux Mondiaux prévus en Chine ce mois-ci.

Pour combien de temps encore nos décideurs continueront-ils à sacrifier l’avenir de notre jeunesse de cette façon ? Les badistes retenus pour les Mondiaux ne méritent-ils pas de vivre cette expérience si importante pour la suite de leur carrière ? Et dire qu’on trouvera drôle quand nos athlètes peineront à passer deux tours aux Jeux olympiques de Los Angeles ou encore, s’ils abandonnent !
C’est justement avec cette politique déséquilibrée et bancale du ministère des Sports, voire du gouvernement, qu’il faudra définitivement rompre si on veut permettre au sport mauricien de franchir un palier. L’excellence ne s’acquiert pas au petit bonheur, mais à la force de moyens conséquents, répartis selon les mérites et reposant sur un plan hautement professionnel.

Ce qui n’est pas le cas pour bon nombre de nos fédérations travailleuses, même si certaines institutions sportives, telles que le Mauritius Sports Council ou le Mauritius Multisports Infrastructure Limited, gestionnaire du complexe sportif de Côte d’Or, n’ont, elles, pas à se plaindre ! Elles dont le budget n’a cessé d’être revu à la hausse ces dernières années en dépit d’une efficacité qui est loin de convaincre.

En revanche, des sportifs de haut niveau ont eu récemment la désagréable surprise de constater une baisse dans leur allocation mensuelle. Cela, au moment même où le gouvernement a décidé de lâcher généreusement les cordons de la bourse à l’approche des législatives à l’égard des salariés !

Jean-Michel Chelvan

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