C’est à la volée, et non sous forme d’une interview en bonne et due forme, que Week-End a pu obtenir, au téléphone, des réponses d’Ivan Collendavelloo aux interrogations des observateurs et du public sur son silence concernant l’affaire de la lettre anonyme émanant du PMO et qui a servi, entre autres, de prétexte pour faire partir la Présidente de la République Ameenah-Gurib Fakeem. L’ex-DPM et ministre des Utilités publiques affirme ne pas être concerné par cette affaire et pas responsable des propos des uns et des autres. Il avance que ne pas s’exprimer est aussi une liberté d’expression. Et dit ne pas voir pourquoi on essaye de faire une comparaison entre lui et Mme Gurib-Fakim. Quant au bout de papier “d’apparence” de la Banque Africaine de Développement (BAD), il rappelle qu’il a refusé de démissionner et qu’il a finalement été révoqué par Pravind Jugnauth…
Ivan Collendavelloo, votre nom a été cité plusieurs fois dans le cadre de l’affaire de la lettre anonyme qui aurait été écrite par un Senior Advisor au PMO pour pousser l’ex-Présidente de la République vers la porte de sortie. Pendant toute une semaine, pourtant, vous êtes resté silencieux. À quoi est dû ce silence ?
D’abord, je ne me sens nullement concerné par les commentaires émanant de personnes de mauvaise foi qui ne méritent pas qu’on y réponde. Cette lettre anonyme n’a rien à voir avec moi et je ne vois pas de quoi j’aurais à répondre.
Quelle est votre opinion sur la réaction de l’ex-Présidente AGF par rapport à toute cette affaire et par rapport à vous ?
Je vous le répète, je ne peux être tenu responsable des propos irresponsables émanant des uns et des autres. Nous vivons dans un pays où la liberté d’expression existe. Et la liberté de s’exprimer inclut également la liberté de ne pas s’exprimer.
Dans l’affaire St-Louis, le PM vous a montré un bout de papier où votre nom était écrit, vous forçant ainsi à step down de votre poste de DPM et de ministre des Utilités publiques. Qu’est-ce que cela vous inspire dans l’actuel contexte ?
Je n’ai rien à voir avec cette lettre anonyme. Je ne vois pas pourquoi on essaye de faire une comparaison. Si vous voulez vous rapporter au p’tit bout de papier émanant, d’apparence, de la Banque Africaine de Développement (BAD), je me suis largement exprimé là-dessus depuis juin 2020. Je ne vois pas pourquoi j’aurais à répéter des propos que j’ai déjà tenus. Par ailleurs, je précise que je n’ai pas stepped down de mes fonctions. Comme je l’ai bien précisé lors de mes interventions en juin 2020, j’ai refusé de step down sur la base d’un papier non authentifié et le Premier ministre m’a révoqué. Je n’étais pas et ne suis toujours pas d’accord avec cette décision.
Et par rapport à cette affaire St Louis, où en est l’enquête de l’ICAC ? Avez-vous été appelé ?
Je n’ai aucune idée. Je n’ai pas été impliqué du tout dans cette enquête. Vous pourriez poser à l’ICAC cette question. Je ne vois pas pourquoi je dois répondre des faits et gestes de personnes qui ne sont pas sous ma responsabilité. Ni l’ICAC, ni Mme Gurib-Fakim, ni les opposants ne sont sous ma responsabilité. Allez leur poser cette question.
Cela ne vous gêne-t-il pas de ne pas avoir été convoqué jusqu’ici à l’ICAC ?
Cela ne me gêne aucunement. C’est le contraire qui m’aurait gêné.
Vous avez tout de même votre version des faits à donner ?
Je n’ai aucune version des faits à donner puisque je ne sais même pas de quoi on m’accuse, mais on me dit qu’à un moment donné, j’ai donné des spécifications aux Danois. Écoutez, c’est très simple, je n’ai aucune version à donner puisqu’on ne m’accuse de rien.
Une semaine est passée et si l’opinion publique se demande pourquoi vous êtes silencieux, l’opposition, elle, estime que vous auriez dû démissionner. Que lui répondez-vous ?
Ce n’est pas à Navin Ramgoolam de me dicter ma ligne politique. J’ai une ligne de conduite qui a été constante depuis 40 ans: je laisse à Navin Ramgoolam et à Xavier Duval la responsabilité de leurs paroles. Si je dois prendre une décision politique, je la prends en consultation avec les membres de mon parti, le Muvman Liberater, et non avec des imbéciles comme Duval et Ramgoolam qui ont fait amplement preuve de leur irresponsabilité.
Que vous inspirent ces scandales à répétition ?
Je prends toujours au sérieux les allégations, de quelque origine qu’elles puissent être. Cependant, force est de constater que ces allégations n’ont pas tenu très longtemps et qu’aujourd’hui, elles me semblent singulièrement non-fondées. Je n’ai pas l’intention d’entrer dans le détail de chacun de ces supposés scandales qui ne servent qu’à déstabiliser le pays. Chose que Ramgoolam a essayé de faire depuis les élections de 2019 et, à chaque fois, les évènements ont prouvé que toutes ces allégations n’étaient que du vent. On n’a qu’à voir le sort que la Cour suprême a réservé aux pétitions électorales et la population comprendra où se trouve la goujaterie, et ce n’est certainement pas au sein du gouvernement.
Serez-vous présent au congrès du MSM, ce lundi, dans votre circonscription ?
Oui, je serai au congrès du MSM et je prendrai la parole.
Est-ce à dire que vous êtes fully at ease au sein de la majorité gouvernementale ?
Je suis au sein d’une alliance gouvernementale et il n’y a rien de fondé dans ces rumeurs de démission que j’entends épisodiquement. La question d’être à l’aise ou de ne pas être à l’aise ne se pose pas. Ce sont des formules journalistiques que je récuse.