Elle a 34 ans, et elle s’apprête à devenir non seulement la plus jeune cheffe de gouvernement de Finlande, mais aussi la plus jeune cheffe de gouvernement dans l’histoire du monde. (Jacinda Ardern, la Première ministre de Nouvelle-Zélande a 39 ans et Oleksiy Honcharuk, son homologue ukrainien, a 35 ans). C’est ainsi qu’a été présentée, à la une de l’actualité cette semaine, Sanna Marin. Qui vient en effet d’être nommée pour succéder à Antti Rine, à la tête de la Finlande. « Je n’ai jamais pensé à mon âge ou à mon genre, je pense aux raisons pour lesquelles je me suis engagée en politique et ces choses grâce auxquelles nous avons gagné la confiance de l’électorat », a toutefois déclaré la jeune femme cette semaine. Sanna Marin n’a de fait jamais fait mystère de ses origines modestes, dont elle a choisi de faire une véritable force dans son parcours politique. Née à Helsinki, elle a grandi dans la banlieue de Tampere, au sein d’une famille démunie. Après avoir travaillé dans une boulangerie, elle sera la première de sa famille à aller à l’université, dont elle sortira diplômée en droit. A l’âge de 27 ans, elle s’engage en politique, et est élue en 2012 au conseil municipal de Tampere, dont elle prendra la présidence un an plus tard. En 2015, elle fait son entrée au Parlement finlandais. Et en juin 2019, elle est nommée ministre des Transports et des Communications par le Premier ministre Antti Rine. La vie familiale de Sanna Marin est également beaucoup mise en avant dans le portrait qui est dressé d’elle, notamment le fait qu’elle a été élevée par deux femmes. Après le divorce de ses parents, sa mère se mettra en effet en couple avec une autre femme. « L’ignorance de la part de la société est ce qui a été le plus difficile. Nous n’étions pas reconnues comme une vraie famille, ou égales aux autres », explique Sanna Marin. Tout ce vécu, la jeune cheffe de gouvernement semble l’avoir intégré dans sa politique. Elle a ainsi promis de simplifier la sécurité sociale, d’assurer des salaires minimum permettant un mode de vie convenable, de consolider la gratuité de l’enseignement secondaire, un accès plus rapide aux soins médicaux. « Nous avons beaucoup de travail à faire pour rétablir la confiance», a déclaré Sanna Marin à la presse dimanche soir. Car sa nomination, elle la doit aussi à l’obilgation faite au chef de son parti, Antti Rinne, de step down comme Premier ministre, après le retrait du soutien de son partenaire de coalition suite aux élections d’avril dernier, et les critiques émises à l’encontre de Rinne sur sa mauvaise gestion de la grève des services postaux finlandais en novembre dernier, suivis par d’autres services comme la compagnie d’aviation nationale Finnair.
Du boulot donc pour Sanna Marin, qui est apparemment confiante d’arriver à rétablir les choses, à la tête d’une coalition de femmes. A ses côtés en effet, il y aura notamment Katri Kulmuni, 32 ans, du Parti du Centre, et future ministre de l’Économie, Li Andersson, 32 ans, dirigeante de l’alliance de Gauche, Maria Ohisalo, cheffe de la Ligue verte, et enfin Anna-Maja Henriksson, 55 ans, leader du Parti populaire suédois de Finlande. Et si l’image de ces femmes réunies aux rênes de la Finlande semble susciter beaucoup de réactions dans le monde, on ne semble pas totalement s’en émouvoir dans ce pays de 5,5 millions d’habitants où l’égalité entre les sexes est pratiquée depuis longtemps déjà, et où des femmes ont toujours occupé des positions importantes au sein du gouvernement (avec déjà deux femmes Premier ministre). Mais il s’agit quand même de la première fois que les cinq partis du pays sont dirigés par des femmes. Egalement mère d’une petite fille de 22 mois, Sanna Marin n’a jamais hésité à se montrer dans son statut de mère, allaitante notamment. Et de dire à quel point construire l’avenir lui semble important. Une préoccupation également portée par une autre jeune fille, Greta Thunberg, qui vient d’être désignée personnalité de l’année par le magazine américain « Time ». Elle qui, à 16 ans à peine, a acquis une renommée mondiale en lançant en août 2018 des « grèves de l’école pour le climat », une initiative suivie à travers la planète. Oui, il semble bien y avoir, ici et là, une prise de pouvoir féminine. Pas chez nous toutefois. Où les candidates femmes comptaient pour à peine 20% aux élections législatives de novembre dernier. Où nous n’avons que 14 femmes (10 élues et 4 députées correctives) sur un Parlement de 72… Et 3 femmes ministres sur un Cabinet de 24. Pourquoi nos partis politiques sont-ils encore si « frileux » sur cette question alors que dans tous les secteurs de la vie mauricienne, les femmes assument avec talent et réussite à divers niveaux de compétence ? A ce rythme, on pourrait dire que les vraies « best losers » dans notre pays, ce sont les femmes. Car si l’on admet que les minorités ethniques doivent être « représentées » au Parlement proportionnellement au nombre qu’elles représentent dans le dernier recensement de 1972, alors comment justifier que les femmes, qui représentaient 50% de la population lors de ce recensement, ce qui n’a pas beaucoup changé, ne soient qu’une minorité de 20% au Parlement ? Alors, mesures correctives envisagées ?