Les recalés du SC (ii)

Les élèves ou associations soutenant les recalés du SC, c’est-à-dire ceux qui n’ont pu décrocher les cinq unités exigées par le ministère de l’Éducation pour pouvoir poursuivre leurs études secondaires, attendent toujours. La ministre de l’Éducation, qui campe toujours sur ses statistiques et règlements, n’a même pas répondu à leurs courriers. Au lieu d’organiser une rencontre pour discuter du problème directement avec les élèves, elle leur répond par émission de radio interposée. Les recalés n’ont qu’à aller en polytechnique, répète-t-elle. Sauf que, contrairement aux collèges, les cours des polytechniques sont payants — ce qui n’est pas a la portée de tous les parents d’élèves — et que ces institutions n’enseignent pas forcement les matières commencées par les élèves. Le Premier ministre s’est également mis de la partie pour prendre la défense de sa colistière. Lors d’une inauguration — une de ses principales activités du moment —, le Premier ministre a déclaré qu’il fallait maintenir les standards en éducation. Autrement dit, ceux qui ont moins de cinq Credits — plus de 4000 cette année — n’ont de place ni dans les collèges ni dans les polytechniques — payants — ni dans le service civil. Que leur reste-t-il comme possibilité, quelles sont leurs perspectives d’avenir professionnel ? Ces questions, fondamentales et angoissantes pour une jeune de 18 ans — et ses parents — ne semblent nullement interpeller la ministre de l’Éducation. De par ses déclarations et son comportement, elle semble convaincue que sa mission n’est pas de donner à TOUS les collégiens mauriciens un accès à l’éducation secondaire, mais seulement à ceux qui ont obtenu les cinq Credits.

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Mais le problème est que la question des Credits se pose différemment cette année. Avec la pandémie et ses deux confinements, le programme scolaire a été terriblement perturbé et les collèges fermés. Les examens se sont déroulés dans des conditions qui ont pu influer sur la performance des élèves et le programme a été modifié de différentes manières. C’est ainsi qu’un papier d’anglais et un papier d’arabe ont été tout simplement supprimés, mais comptabilisés dans l’addition des points. Tout comme une épreuve d’oral qui aurait eu lieu… par écrit et également comptabilisée. Question bête : comment peut-on attribuer des points pour des examens qui n’ont pas eu lieu ? Passons. Circonstances sanitaires exceptionnelles faisant loi, il est tout à fait compréhensible que des aménagements et des modifications aient été apportés au programme et au déroulement des examens. Et c’est là un des arguments des recalés du SC. Si les organisateurs des examens ont eu le droit d’apporter des modifications dans le programme, pourquoi est-ce que, compte tenu du Covid qui a obligé à la modification des règles en cours, ils ne bénéficieraient pas eux aussi, uniquement pour cette année, de l’autorisation de poursuivre leurs études en Lower VI ? Un des étudiants ayant porté la question sur la place publique écrit « I dont have any problem with the 5 credits but at least let us have a chance to do our HSC at school instead of telling us to go to polytechnic and continue the business. » Retenez la phrase « but at least let us have a chance to do our HSC at school. » Mais malgré les différents courriers, aucune réponse n’a été reçue et aucune tentative de trouver une solution n’a été envisagée. En dehors de l’Ombudsperson for Children, qui a dialogué avec certains des « recalés » de SC, les responsables d’institutions chargés de défendre les droits humains, dont leur accès à l’éducation, jouent aux abonnés absents. Comme d’habitude.

Pour se faire entendre, certains recalés et leurs parents ne savent plus vers qui se tourner. Certains ont parlé d’une action en justice, mais eu égard aux lenteurs du système d’ici que l’affaire soit prise, beaucoup de mois se seront écoulés. Exclus du système qui n’a d’yeux, d’oreilles et d’attention que pour ceux qui ont les cinq Credits, certains de « recalés » songent même à une action plus forte pour exprimer leur désespoir : une grève de la faim. Voilà où nous sommes rendus en 2012 à l’île Maurice : un collégien de 19 ans ayant envie de continuer à étudier doit envisager une grève de la faim pour se faire entendre de la ministre responsable de l’Éducation.

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