— Alors, on ne t’entend plus ? Qu’est-ce que tu fais comme ça, tu cherches un ticket pour les élections ?
— Tu crois que je manque d’occupation ! ?
— Il paraît que toutes les alliances sont à la recherche de candidates avec une bougie rouge.
— Pourquoi, il y a une pénurie de candidates, comme il y a une pénurie d’oignons rouges ?
— Il paraît que beaucoup de celles qui veulent poser sont dans pince et que celles qui ont les capacités et que les alliances voudraient ne veulent pas faire de politique.
— Le MSM ne devrait pas avoir ce genre de problème.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Tu ne sais pas que tout le monde dit que le MSM est dirigé par une femme ?
— Pourquoi les gens disent ça ?
— Tu n’as pas vu les jokes sur Internet après la déclaration de Pravind qui disait que sa femme faisait trembler l’opposition et les journalistes.
— Quels sont les jokes qu’on a faits sur lui ?
— Qu’en réalité c’est lui que sa femme fait trembler !
— Ayo, tu peux me dire pourquoi il a été dire ça au meeting ?
— Tu sais, il a l’habitude de faire ce genre de jokes qui ne font rire que lui, et ses chatwas bien sûr, et qui se retournent tout le temps contre lui.
— C’est vrai que dans le ménage, c’est elle qui porte la culotte ?
— Cause comme ça même toi. Taleur la police va venir t’arrêter comme le leader du Parti Malin.
— C’est pas chic, toi. Qu’est-ce qu’il a dit de plus que tous les orateurs à tous les autres meetings du 1er Mai ?
— Écoute, Maurice est comme ça aujourd’hui. La police est comme le Speaker : elle n’entend que d’une seule oreille. Mais si tu n’étais pas en train de roder un ticket, pourquoi tu as disparu pendant quelques jours ?
— J’étais en train de m’occuper de mon bonhomme papa.
— Il est malade ? Pourtant la dernière fois que je l’ai vu il était bien fringant.
— Tu sais, il n’avait pas pris soin des lunettes qu’il met pour lire et aller sur le computer. Alors il est allé voir son opticien pour les faire nettoyer. On lui a dit qu’elles étaient rayées et qu’il fallait les changer et faire une consultation pour vérifier sa vue.
— C’est la technique pour faire acheter de nouveaux verres.
— Mais le vendeur avait raison puisque pendant la consultation, l’opticienne a découvert que la vue de papa avait un petit peu baissé et lui a fait une ordonnance pour de nouvelles lunettes, qu’il a commandées.
— Aujourd’hui, ça se fait rapidement : une semaine après la consultation tu as tes verres.
— C’est ce que mon papa croyait. On lui a dit qu’il aurait ses verres vendredi ou samedi. Le mardi suivant n’ayant pas eu de coup de téléphone, c’est lui qui a appelé.
— Qu’est-ce qu’on lui a dit pour justifier le retard ?
— Qu’on allait justement l’appeler pour lui dire que la machine qui fabrique les lunettes était cassée et qu’il fallait commander des pièces pour la réparer, ce qui allait prendre du temps.
— C’est partout pareil, quand on ne peut pas respecter les délais, on te dit qu’une machine est cassé et qu’il faut commander une pièce. Quand ton papa a eu ses verres, finalement ?
— Attends, c’est pas fini. C’est quand papa arrive chez lui avec les nouvelles lunettes qu’il se rend compte que pour lire sur son computer, il doit pratiquement se mettre devant l’écran !
— Tu sais, il faut parfois un peu de temps pour s’habituer aux nouveaux verres.
— Papa a cru ça, mais comme il ne pouvait toujours pas travailler sur son computer, il est retourné chez l’opticien, où on lui a dit qu’il fallait qu’il revoie l’opticienne.
— Mais combien de fois ton papa est allé chez l’opticien pour ses nouvelles lunettes ?
— Au moins une demi-douzaine de fois ! Devine ce que l’opticienne lui dit après avoir vu les nouvelles lunettes : qu’est-ce que vous avez dit à la vendeuse pour faire changer votre prescription.
— Ne me dis pas !
— Oui, toi. Là papa a commencé à être en colère et il lui a demandé comment il pouvait changer une prescription envoyée directement à la vendeuse par circuit informatique interne.
— Qu’est-ce qu’elle a répondu ?
— Que c’était sûrement la vendeuse qui avait fait une erreur.
— Un classique « Pa mwa sa, li sa ! »
— Oui, toi. Papa lui a dit : Allons voir la vendeuse en question. L’opticienne a répondu que la vendeuse n’était pas là, mais qu’elle allait faire remonter l’information et elle a donné à papa une autre prescription.
— Elle s’est pas excusée ?
— Elle l’a fait, mais vraiment du bout des lèvres.
— Après cette saga, ton papa a fini par avoir les verres qu’il fallait ?
— Attends. Papa était en colère et a pris rendez-vous avec le directeur de l’entreprise. Lui a été très correct, a écouté papa, a compris tout de suite ce qui s’était passé et a donné les instructions pour commander les bonnes lunettes.
— Quel était le problème ?
— Pour pouvoir lire de près et travailler sur son computer, papa a besoin de lunettes progressives. L’opticienne ne s’en était pas rendu compte !
— Je pense qu’il faudrait lui prescrire des lunettes à cette opticienne !
— Papa n’a pas osé dire ça au directeur, mais il le pensait !
J.-C.A.