Les défis de la jeunesse

On dirait que ça coince toujours avec la jeunesse. Les mesurettes annoncées et exécutées depuis l’année dernière n’ont visiblement pas eu les effets escomptés et, maintenant que nous sommes à la veille des élections générales, le régime se précipite pour annoncer de nouvelles mesures dans une ultime tentative d’influencer leur vote.
On dirait aussi que la sortie de samedi dernier, quand au lancement de l’internet gratuit pour les 18/25 ans, qui se voulait un rendez-vous historique avec la jeunesse, n’ait pas, non plus, témoigné d’une mobilisation accrue des jeunes. C’est, peut-être, le déploiement de snipers qui a effarouché le public mais, au final, ce qui se voulait un événement n’a attiré que quelques vieux passants curieux au Tribeca Mall.
Les plus sarcastiques diront que Rs 315 de forfait mensuel, ce n’est que l’argent de poche d’une semaine d’un adolescent, et encore, sans doute, le prix d’un menu basique au fast food du coin. Mais ce qu’a introduit le gouvernement a aussi eu pour effet de pousser des milliers de jeunes à réenregistrer leur carte sim, une disposition contestée par ceux qui craignent un détournement de leurs données personnelles.
Pas de jeunesse en liesse le samedi 31 août, il fallait donc trouver autre chose. Et c’est jeudi que le Premier ministre a sorti un nouveau “cadeau” de son chapeau, des prêts-logements sans intérêt pour les 18/35 ans. Mais attention, ce n’est pas pour tout de suite. La mesure ne s’appliquera que s’il est reconduit au pouvoir après les prochaines consultations populaires. Il a même pris le soin de préciser que cela concernerait 250,000 personnes de cette tranche d’âge.
C’est bien joli, cette promesse. C’est comme l’augmentation de la pension annoncée en 2019 mais appliquée au compte-gouttes en toute fin de mandat. Il faut, d’ailleurs, s’attendre à d’autres annonces le 29 septembre, date à laquelle la journée internationale des personnes âgées sera célébrée.
Pour revenir au logement, c’est un dossier complexe qui ne saurait être réduit à des effets d’annonce. Déjà le gouvernement, bien qu’ayant construit un certain nombre de maisons, est bien loin des 12,000 promis depuis plusieurs années déjà.
Une politique ambitieuse du logement doit intégrer plusieurs facteurs comme l’aménagement du territoire, les zones à construire, celles qui doivent être dévolues à l’agriculture pour assurer une certaine sécurité alimentaire, le développement d’un autre tourisme moins axé sur les plages, déjà saturées et menacées d’érosion avec le changement climatique.
Et les 250,000 demandeurs potentiels de ce prêt à zéro taux d’intérêt, selon le chiffre du chef du gouvernement, où vont-ils trouver les terrains sur lesquels bâtir ? Lorsqu’on sait que le gouvernement lui-même a reconnu avoir rencontré d’énormes difficultés pour trouver des terrains pour son projet de logement social et qu’il doit procéder à des acquisitions obligatoires pour aménager des abribus, on peut imaginer ce que tout cela implique.
Pourquoi ne pas annoncer accorder cette facilité à ceux qui construiraient sur le domicile de leurs parents avec des structures plus respectueuses de l’environnement ? Certains aménagent déjà des appartements séparés pour leur progéniture avec une structure en bois et tôle sur le toit de leur résidence, ce qui est, souvent, du plus bel effet. Achète-t-on d’ailleurs un terrain et construit-on une maison à 18 ans ? Même lorsqu’on essaye d’acheter grossièrement des adhésions, il vaut mieux éviter de verser dans le ridicule.
Puisque c’est de la jeunesse qu’il s’agit, comment ne pas saluer la performance de Yovanni Philippe aux jeux paralympiques de Paris. La deuxième médaille olympique, après celle de Bruno Julie en 2008. Comme c’est stimulant et réconfortant pour la jeunesse que ce ne soit pas un “piti” de notable opportuniste qui accède à un poste, malgré ses déboires judiciaires pour quelques mois, mais qui est suffisant pour empocher près de Rs 2 millions et se procurer une pension à vie !
Celui qui a obtenu sa médaille de bronze au terme d’une très belle course et d’un finish époustouflant est un gars simple. Il n’a pas eu besoin de piston ou de privilège pour réaliser ce qui est un véritable exploit. Sa consécration – qui vaut de l’or pour tout un pays –, il ne la doit qu’à son courage, sa persévérance et sa volonté de transformer son handicap en challenge. Il a relevé le défi, qui doit être celui d’une vie, de manière magistrale.
Cela arrive à un moment où la jeunesse est confrontée à des urgences. À côté des cadeaux de circonstances, il y a la drogue qui n’a jamais fait autant de ravages dans ses rangs qu’en ce moment. Dans tous les coins de rue, dans les villes comme dans les villages, à l’école, la drogue est partout. Il y a des dealers qui n’ont que 14 ans et il y a des morts par overdose qui n’ont que 21 ans.
De cela, on n’entend jamais parler le Premier ministre et ministre de l’Intérieur. Il a d’ailleurs cessé de nous bassiner de son grand projet de “kas lerin mafia” parce qu’il a lamentablement foiré et que la Special Striking Team, que lui et son commissaire de police ont créée et promue, se révèle une énorme farce. Les membres de cette équipe étant eux-mêmes les cibles d’un striking à coups d’accusations d’extorsion.
Plus de grand discours sur la drogue parce que la triste réalité est tellement évidente et éloquente. Le cas de ce jeune homme à peine sorti de l’adolescence, mort avec un sac plastique sur la tête après avoir été “piqué” par ses “amis”. Un autre jeune homme a été retrouvé dans un appartement mort, lui aussi, d’une overdose.
Il y a aussi ces centres clandestins socio-religieux aux méthodes peu orthodoxes, faites de violence, de cœrcition, de châtiment corporel et de séquestration, qui opèrent au nez et à la barbe des autorités. Il a fallu qu’un pauvre toxicomane en quête de réhabilitation succombe sous les coups de ses soi-disant protecteurs pour qu’il y ait, enfin, un début de réaction. Comme on le constate, les défis de la jeunesse sont bien plus pressants que des goodies de dernière heure.

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