Alors que l’actualité regorge de sujets – les accusations de planting contre le SST ; le faux diplôme de l’ex-CEO de la CHCL ; l’affaire du chassé de Grand-Bassin ; les arrestations répétées de certains avocats ; l’affaire Franklin ; le renvoi des municipales, entre autres –, la MBC a choisi de diffuser lundi dernier, dans son journal télévisé, un sujet sur les fakes news. Un sujet sur dramatisé, comme s’il était question de la découverte d’une cellule terroriste, avec en ouverture une citation de l’acteur Denzel Washington. Suivie d’images de coupures de presse, des logos de Week End et du Mauricien et une même photo utilisée à plusieurs reprises, alors que le terme « fake news » était répété. Martelé. Pendant plus de cinq minutes, la MBC a tenté de faire croire que Week-End et l’auteur de ces lignes ont été condamnés pour « fake news », ont dû payer des dommages et présenter des excuses à un directeur de clinique.
Le « sujet » de la MBC reposait sur les déclarations de ce directeur de clinique faisant l’amalgame entre deux affaires distinctes – l’une concernant le quotidien Le Mauricien et l’autre l’hebdomadaire Week-End – et donnant une interprétation erronée et mensongère des faits. Et, bien sûr, la MBC, grande donneuse de leçons d’éthique journalistique, n’a pas jugé nécessaire de demander notre version des faits pour vérifier les allégations du directeur de clinique. En plus, elle se permet de faire la leçon à la presse écrite ! Voici un résumé des faits de cette affaire dont la MBC n’a donné qu’une version. En novembre 2006, j’ai écrit un article intitulé « Rs 40,000 pour une fracture du poignet » concernant la clinique du Nord. S’estimant diffamé, le directeur de la clinique nous poursuit en justice en estimant le prix de son honneur bafoué à plusieurs millions de roupies. À l’issue du procès, qui a duré quelques années, la justice donne raison au directeur de la clinique et lui accorde quelques centaines de milliers de roupies de dommages. Week-End fait alors appel contre le jugement et une nouvelle procédure est entamée.
Le 15 juin de cette année, la Cour recommande aux deux parties en présence de trouver un arrangement pour mettre fin au procès. La recommandation est acceptée par les deux parties et leurs hommes de loi signent l’accord suivant, avalisé par la Cour. On the 15th June 2023, the abovementioned matter was settled before the Supreme Court of Mauritius whereby the Respondents undertook to publish this expression of regret in the issue of Weekend newspaper of 25th June 2023 at Page 19 as follows: “With reference to the article published by the Respondents in the issue of Weekend of 5 November 2006, under the title “RS. 40,000 POUR UNE FRACTURE AU POIGNET”, referred to in Paragraph 5 of the Plaint with Summons, and referring to Clinique du Nord, the Respondents never intended to cast any aspersion on the integrity and reputation of Jyotis Clinic Ltd (Clinique du Nord) and its directors and préposés. If ever the Appellant considers that the said article has caused it any prejudice or damage, the Respondents sincerely regret it.”
Comme nous venons de l’établir, il s’agit d’un « arrangement » en Cour pour mettre fin au procès. Pas d’une condamnation pour diffusion de fake news, avec paiement de dommages et présentation d’excuses, comme affirmé, à plusieurs reprises, dans le sujet de la MBC de lundi dernier. Il est évident que le médecin en question a fait des déclarations mensongères sur les faits, des déclarations contraires à l’accord signé en Cour par ses hommes de loi. Des déclarations que la MBC, auto promue au rang de grande donneuse de leçons d’éthique journalistique, n’a même pas vérifié avant de les endosser en les diffusant. À moins que la direction de la MBC ait choisi de réaliser le sujet de lundi dernier en sachant qu’aucune condamnation n’avait été prononcée contre Week-End et l’auteur de ces lignes. Cette possibilité n’est pas à écarter puisque notre groupe de presse et ses journalistes sont systématiquement attaqués par la MBC dans ses journaux télévisés. La direction de la télévision nationale – et ceux de qui elle prend les ordres – n’apprécie pas nos articles sur les manipulations, dysfonctionnements, dérives et surtout la politique des petits copains qui ont transformé la station nationale, financé des fonds publics, en une fabrique de la désinformation au service du parti au pouvoir.
Ce qui ressort finalement du « sujet » de la MBC de lundi dernier, c’est que son reportage était lui-même basé sur… une manipulation d’information. Comme c’est souvent le cas dans les opérations de com gouvernement/ MBC, l’arroseur s’est lui-même arrosé. En fin de compte, c’est le reportage de la MBC qui était le vrai fake news !