— Tu vas de bonne heure au travail ?
— Non, toi. J’ai pris tous les local leaves qu’il me restait.
— Mais alors, où tu vas comme ça si tu es en congé ?
— Finir mon shopping de Noël toi. Il ne me reste que deux ou trois affaires à prendre.
— Mais tu n’avais pas dit que tu n’allais pas faire de cadeaux de Noël cette année parce que tu n’avais pas les moyens ?
— Oui, je sais que j’avais dit ça et je le pensais. Mais depuis, la situation a changé, toi.
— Ne me dis pas que vous avez eu des promotions dans votre travail toi et ton bonhomme ?
— Pas du tout, mais avec tous les efforts que fait le gouvernement pour améliorer l’économie et le pouvoir d’achat du Mauricien, ce n’est plus pareil.
— Les efforts du gouvernement pour améliorer l’économie et le pouvoir d’achat ?! Je croirais entendre le discours d’un ministre dans un meeting.
— J’étais sûre que tu allais dire ça !
— Il t’a suffi d’un treizième mois et d’une compensation salariale pour te faire changer d’avis et de parti ?!
— Je n’ai pas changé de parti.
— Pas encore, mais je peux te dire que tu es sur la bonne voie !
— Écoute, essayons d’être objectifs un moment.
— Ceux qui soutiennent le gouvernement ne sont pas objectifs, ils sont one-sided.
— Ayo, arrête de tirer l’ail et laisse-moi causer un coup donc ! Est-ce que le Premier ministre et le gouvernement n’ont pas fait des efforts malgré la situation économique difficile ?
— Si tu continues à parler comme ça, tu vas battre Obeegadoo pour ce qui est de passer la langue avec le PM et le gouvernement !
— Au lieu de m’insulter, écoute au moins ce que j’ai à te dire, foutour va !
— Tu n’as pas besoin de dire quoi que ce soit, j’ai fini de tout comprendre…
— Comment tu peux savoir ce que je veux dire si tu ne me laisses pas causer.
— Allez, qu’est-ce que tu as à dire comme ça ?
— Si on est honnête, il faut reconnaître que le gouvernement a fait des efforts…
—… pour améliorer l’économie et le pouvoir d’achat du Mauricien malgré la situation économique difficile. Je te signale que tu l’as déjà dit et répété plusieurs fois !
— Il a donné Rs 20 000 aux jeunes, Rs 2 000 aux parents ayant un enfant en bas âge, fait passer le salaire minimum de Rs 11 575 à 18 500 avec l’allocation CSG…
— Tu connais tous les chiffres par cœur ! Si je ferme les yeux, j’entends un backbencher du gouvernement…
— C’est la vérité des chiffres… sans compter la compensation salariale et l’allocation de Rs 2 000 pour la End of the Year Party.
— Qu’est-ce que c’est l’allocation de la End of the Year Party ?
— Tu ne sais pas que le gouvernement a prévu une allocation de Rs 2 000 pour permettre aux fonctionnaires de faire une End of the Year Party ?
— Non, et les employés du secteur privé, ils n’ont pas droit à la fête eux ? Tu ne trouves pas que tout ça sent fort le bribe électoral.
— Mais non puisque, malgré ce que Bérenger répète depuis des années, les élections ne sont pas derrière la porte. Les efforts du gouvernement ont créé ce feel-good factor que tu sens dans tout le pays et qui te pousse à consommer.
— Mais tu ne réalises pas que ce que le gouvernement te donne en allocations — que j’appelle des bribes —, il le reprend à travers les taxes et la TVA ?
— Je ne veux pas le savoir. Ce que je sais, c’est qu’avec les efforts du gouvernement, on va pouvoir au moins bien fêter les fêtes ? Après on verra, puisque comme disait ma vieille tante : demain est un autre jour.
— Dis-moi un coup, qu’est-ce qui s’est passé, comme ça, pour que tu changes ton point de vie sur le gouvernement ?
— Mais rien du tout.
— Tu ne vas pas me faire croire que tu t’es levée un beau matin en disant que Pravind n’était plus un Pinnochio mais enn tigit pli tipti ki bondie !
— Je vais te le dire parce que tu vas finir par l’apprendre : l’autre jour X est passé à la maison.
— X est venu chez toi ! Tu fréquentes les transfuges chatwas maintenant ?
— Pourquoi tu utilises des termes comme ça ?
— C’est toi même qui l’avait traité comme ça. Tu disais que tu ne voulais plus le voir, même en peinture, depuis qu’il a quitté l’opposition pour aller soutenir le gouvernement !
— Écoute… c’est quand même un petit parent à mon bonhomme.
— À l’époque, tu disais que tu avais honte d’avoir un parent comme lui.
— Tu sais quand tu es en colère, tu dis beaucoup de choses que tu regrettes après.
— Ah bon, tu regrettes de l’avoir traité de transfuge chatwa ?
— Franchement te dire, et après avoir bien réfléchi : oui, je le regrette.
— Qu’est-ce qu’il t’a promis pour te faire changer d’avis sur le gouvernement ?
— Mais je te dis que…
— Hey toi, je te connais depuis qu’on est à l’école maternelle et je sais que tu ne changes pas d’avis bonavini, sans qu’on te promette quelque chose d’important. Qu’est-ce qu’il t’a promis comme ça ?
— C’est entre nous, hein !
— Mais bien sûr.
— Il m’a promis de faire les démarches pour que mon grand garçon ait une place à Air Mauritius. Tu comprends, il faut que je pense à l’avenir de mon garçon…
J.-C.A.