On a souvent reproché aux travaillistes quand ils arrivent au pouvoir de se comporter comme si le pays leur appartenait. Qu’ils peuvent donc disposer à leur guise de ses ressources, de ses services et de ses institutions.
On se souvient, entre autres, de Navin Ramgoolam ouvrant toutes grandes les portes de l’aéroport à sa bonne amie Nandanee Soornack, détournant la route de Choisy pour offrir un jardin à un copain hôtelier, ou faisant cadeau à son pandit d’un terrain de l’État pieds dans l’eau pour y faire construire un restaurant.
Le MSM, qui a passé des années à critiquer et à dénoncer le PTr, s’est empressé de faire la même chose dès qu’il est arrivé au pouvoir en 2014. Avec la voracité de celui qui, ayant été privé de dessert, se rattrape en avalant à toute vitesse au risque de s’étouffer. C’est ainsi que depuis décembre 2014, nous assistons à un partage des biens du pays aux proches de la famille royale, de ceux du dauphin rassemblés dans la cuisine et de leurs proches. Les autres partis de ce que fut Lalians Lepep ont également profité de ce “partage” des biens.
On se souvent des nominations des copines dans les ambassades et corps paraétatiques pour le ML, des demi-frères, cousins et copains à la tête d’autres institutions par le PMSD pendant son passage au gouvernement. Passage que certains de ses membres ne finissent pas de regretter, au point d’envisager sérieusement de quitter le poulailler bleu pour un retour à lakaz mama orange.
Cette semaine vient de révéler que ce ne sont pas seulement les membres de la famille royale et les dauphins et ses cuisiniers et leurs proches qui se comportent comme les héritiers-propriétaires de l’État mauricien. Certains députés non seulement le pensent, mais le disent et l’écrivent en toutes lettres. C’est le cas du député MSM élu dans la circonscription numéro 10, Soodesh Rughoobur.
Il a officiellement écrit une lettre au commissaire de police pour se plaindre du comportement d’un sergent affecté au poste de police de Goodlands. Dans cette lettre qui est datée du… 28 février 2018, le député soutient qu’il n’a pas obtenu l’aide qu’il sollicitait de la police pour surveiller des travaux de la CWA. En refusant d’obéir à sa demande, le député estime que le sergent s’est montré « disrespectful » et « undisciplined » envers un élu de l’Assemblée nationale. Pour le député qui se pose en spécialiste de la force policière, « we cannot tolerate such disrespect and indiscipline towards an Elected Member of the National Assembly. » En conséquence de quoi le député du MSM demande au commissaire de police le transfert du sergent qui a refusé d’obéir à ses ordres.
« I therefore kindly request you to transfer Police Sergeant P to another department or station where the police force can better optimize on his competencies. I would not be able to work with him in any of the police stations found in my constituency. » Il est clair pour le député que la police fait partie de ses biens personnels et qu’il peut faire transférer les policiers qui n’obéissent pas à ses ordres en adressant une simple demande au commissaire.
Il est étonnant, dit-on dans les milieux informés des Casernes centrales, que le commissaire — qui fait tout pour satisfaire le pouvoir — n’ait pas accédé à la demande du député. La raison est toute simple : le sergent visé est le secrétaire de la Police Officers Solidarity Union, le premier syndicat enregistré des policiers qui mène la vie dure au commissaire de police. Sinon, disent les milieux informés, le sergent désobéissant aurait été transféré dès réception de la lettre du député qui se prend pour un shérif capable de pratiquer de l’ingérence politique.
Décidément, on n’a pas fini d’en voir avec les députés élus en 2014 pour supposément nettoyer le pays des frasques et autres passe-droits du PTr et qui sont en train de faire pire que leurs prédécesseurs. Avec plus de grossièreté encore.
Jean-Claude Antoine
PS : À l’heure où est écrit ce texte, on annonce que Paul Bérenger a soumis sa démission comme leader du MMM. Est-ce une vraie démission ou une de ces manœuvres destinées à galvaniser les militants autour du leader en refusant à l’unanimité cette démission ? Une manœuvre souvent tentée et réussie par le lider maximo, surtout au lendemain des défaites électorales et des remises en question de ses stratégies électorales.