Xavier Luc Duval a raconté une bonne blague, lors de la dernière conférence de presse du PMSD, tenue hier. Avec le même ton sérieux qu’il utilisait, il y a quelques mois à peine, pour affirmer que l’alliance PTr/MMM/PMSD était la seule solution pour débarrasser le pays du MSM, il a déclaré que Pravind Jugnauth n’a imposé aucune condition pour installer Adrien Duval sur le siège de Speaker. J’écris “installer”, car on ne peut pas parler d’élection dans ce Parlement dont les députés de la majorité ne font que hurler systématiquement « aye » à chaque proposition gouvernementale, sans même écouter son libellé ! Si l’on s’en tient à la déclaration du leader du PMSD, Pravind Jugnauth, séduit – quand, pourquoi et comment ? – par les capacités d’Adrien Duval, aurait décidé de le nommer Speaker de l’Assemblée Législative. Pour libérer le poste, il a fait Sooroojdev Phokeer démissionner à l’insu de son propre gré, alors que ce dernier se croyait en sick leave. C’est ainsi qu’a pris fin la carrière de cet exécuteur des basses besognes du Premier ministre au Parlement, celui qui a été son goal keeper parlementaire. Celui qui interdisait – par tous les moyens et pas forcément les plus démocratiques – que les questions parlementaires embarrassantes de l’opposition soient posées à Pravind Jugnauth ainsi qu’à ses ministres, a été jeté comme une vieille chaussette.
Cela a été organisé pour faire de la place au new blue eyed boy, en dépit du fait qu’il existe un Deputy Speaker, venant des rangs de la majorité – de ce qu’il en reste – et dont la fonction est d’assurer la suppléance à la présidence des débats parlementaires. Le Deputy a été, lui aussi, jeté comme une autre vieille chaussette pour faire de la place à celui qui semble être devenu, en quelques jours, le nouveau favori de Pravind Jugnauth.
En effet, le PM semble être tombé sous le charme du fils de Xavier Duval au point d’oublier tout ce qu’il a pu dire sur lui, comme le rappellent des vidéos actuellement diffusées sur les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas de montages, mais d’un extrait d’une séance parlementaire au cours de laquelle le PM dénonçait le comportement du fils du leader de l’opposition, poste alors occupé par Xavier Luc. Pravind Jugnauth faisait référence à un accident de la route causée par Adrien Duval – visiblement et audiblement sous l’effet de l’alcool – qui avait plusieurs fois changé de version dans ses déclarations à la police en passant de passager à conducteur. Ce qui était, répétait avec force et indignation le PM, un délit passible de poursuites et de condamnation. On le sait, en politique, les changements de discours, les retournements de veste, et les divorces et remariages express sont monnaie courante, mais on dirait que dans ce domaine, le PMSD est en train d’établir des records. En quelques semaines, il est passé du statut d’adversaire du gouvernement à celui de dénonciateur de ses anciens amis de l’opposition. Il a même fait mieux : quand son fils Adrien a prêté serment comme Speaker proposé par le PM, lui était encore assis dans les sièges du Parlement réservés à l’opposition !
Xavier Duval l’affirme : Pravind Jugnauth n’a posé aucune condition, avant de proposer son fils au poste de Speaker. Qui peut croire un instant que Pravind Jugnauth aurait démissionné Sooroojdev Phokeer pour le remplacer par Adrien Duval comme ça, juste pour le plaisir ! Si c’est vraiment le cas, alors Pravind Jugnauth doit se trouver dans une sérieuse impasse politique pour donner en cadeau de fiancailles à la future alliance MSM/PMSD le poste de Speaker. Faut-il que le MSM soit dans une position de faiblesse pour faire de tels cadeaux à un parti qui n’a que deux députés au Parlement et qui, surtout après la récente cassure et les démissions, ne représente pas grand-chose dans l’électorat ! Est-ce que dans la corbeille de noces de la future alliance, figureront aussi les têtes de MM Beekarry, Dip et Lee Shim, qui auraient été réclamées par le PMSD comme condition à l’alliance ? L’avenir nous le dira. Mais en attendant, il convient de souligner un trait du caractère du leader du MSM. Contrairement à son père qui a toujours protégé ses fidèles collaborateurs, Pravind Jugnauth n’hésite pas à les sacrifier si sa lecture de la situation politique le demande. Ce que vient de subir Sooroojdev Phokeer en est l’illustration. Si Pravind Jugnauth a été capable de se débarrasser d’une pièce maîtresse de sa stratégie parlementaire sans hésiter, quel traitement réserve-t-il à ses alliés circonstanciels que sont les partis satellites de MM Collendaveloo, Obeegadoo et Ganoo ?