En 2008 a eu lieu aux États -Unis un fait qui aurait été inimaginable seulement quelques années auparavant. Depuis qu’ils s’étaient constitué en fédération, les États-Unis d’Amérique avait toujours eu comme Président un WASP (un anglo-saxon blanc et protestant). Il y eut aussi des Présidents catholiques, mais les trois premières règles énoncées plus haut avaient été toujours respectés. Aux primaires de 2008, les membres du parti Démocrate se retrouvent face à une situation inédite : ses deux principaux candidats à l’investiture présidentielle sont Hillary Clinton et Barack Obama. Une Femme et un Noir. On l’a oublié, mais ce pays qui donnait des leçons de morale politique et de démocratie au monde entier n’avait jamais eu de candidate à la fonction suprême. Le mieux que les Américaines pouvaient espérer était de devenir un jour la First Lady, l’épouse du Président. Pire dans ce pays qui allait rétablir – souvent par la force des armes – la démocratie dans le reste de la planète, les droits civiques d’une des composante de sa nation, les noirs, n’ont été appliqués – après des années et des années de combats – qu’à partir de 1964. Ce duel politique inédit – et probablement déroutant pour beaucoup d’Américains, fut remporté par Barack Obama qui devint, en 2008, le 44ème Président des États-Unis et fut réélu en 2012. Aux élections des 2016 mené par Donald Trump, l’Amérique des WASP rétablit ce qu’elle appelait la loi et firent tout pour essayer de dénigrer et démanteler ce que Barack Obama avait construit en parlant de parenthèse à effacer. Mais aux élections de 2021 et malgré une campagne haineuse qui culmina en un rejet des résultats par Donald Trump, c’est Joe Biden qui fut élu Président avec comme vice-Présidente une Indo Jamaïcaine, Kamala Harris. Ils récoltèrent les voix de 305 grands électeurs, alors que Donald Trump n’en totalisait que 232. Ce qui ne l’empêcha pas de proclamer que sa victoire lui avait été volée et d’organiser l’assaut contre le Capitole pour exprimer son mécontentement.
Depuis sa défaite de 2021, Donald Trump est entré en campagne pour les élections de 2024 en faisant de Joe Biden sa cible principale et le sujet de ses moqueries et de ses insultes. Il faut admettre que l’état de santé du Président américain, ses gaffes, ses oublis et ses chutes ont été du pain béni pour son adversaire qui – en dépit de tout ce qu’il a pu dire et faire, et malgré ses condamnations – reste populaire dans son électorat. On s’acheminait vers une victoire sans appel de Trump face à Biden, surtout après le duel télévisé catastrophique d’il y a quelque jours quand Joe Biden a, enfin, pris la décision qui s’imposait. Après avoir beaucoup résisté et souvent affirmé qu’il était en état d’affronter Trump, il a fini par reconnaître que, comme on le déclame dans la tragédie antique, des ans il avait subi l’irréparable outrage et a jeté l’éponge. Mais il ne fit pas qu’annoncer son renoncement : il expliqua qu’il se retirait pour laisser la place aux jeunes générations, en passant le relais à Kamala Harris. Laquelle, avec les soutiens en sa faveur qui se multiplient dans le camp démocrate, sera, à moins d’un coup de théâtre de dernière minute, l’adversaire de Donald Trump aux élections de novembre prochain. Est-ce qu’après Trump et Biden, les Américains confieront leur pays à une femme dont le père était un Jamaïcain et la mère une Indienne, mais qui sont des Américains à part entière ? L’avenir dira s’ils seront majoritaires à choisir de retourner dans une Amérique figée dans le passé ou dans les États-Unis de l’avenir. En tout cas, il est évident que privé de Joe Biden comme adversaire, Donald Trump se retrouve dans une situation qu’il n’aurait jamais imaginé dans ses pires cauchemars : avoir à affronter une femme et, qui plus est, une non blanche !
Ce qu’il faut retenir de ce qui vient de se passer aux États-Unis est surtout le message de Joe Biden, pour expliquer son retrait de la course électorale : je me retire pour laisser la place aux jeunes générations. Pour conclure, ramenons le débat à Maurice et osons poser la question qui fera grincer certaines dents : est-ce que le message de Joe Biden a été entendu, compris et, surtout, sera appliqué à Maurice ? Plus particulièrement par deux habitants de Riverwalk, à Floréal ?
Jean-Claude Antoine