La satisfaction a un prix !

Comment peut-on parler de satisfaction lorsqu’on a été battu aux 11es Jeux des Iles de l’océan Indien par un écart aussi considérable au classement final ? Peu importe si l’organisation des compétitions à Madagascar a été contestable, le fait demeure que le Club Maurice a été incapable de faire mieux que les 92 médailles d’or de 2019. Et ça, c’est inquiétant, alors pourtant qu’il y avait bien plus de disciplines au programme des Jeux.
Forcément, dans ces conditions, il y a de quoi être perplexe en écoutant le ministre des Sports, Stephan Toussaint, parler de performances satisfaisantes ! Au même titre que le président du Comité olympique mauricien (COM), Philippe Hao Thyn Voon, qui pousse, lui, le bouchon encore plus loin, en affirmant que Maurice va aux Comores en 2027 pour gagner les Jeux!
À les écouter, il est clair que, quelque part, on est en train de nous prendre pour des imbéciles. Cela, en tenant compte de toutes les louanges adressées au High Performance Center de Côte d’Or par le ministre lui-même et de tous ces millions de roupies investies dans la préparation pour ne finalement décrocher qu’une médaille d’or en moins comparativement à 2019 !
Et bien, si, dans ces conditions, le sport local ne souffre pas d’un problème grave, alors c’est nous qui dérapons. Au moins, ayons le courage de remettre tous ceux souffrant d’amnésie à leur place, à un seuil considérable et acceptable de ce que c’est réellement la satisfaction ou de ce qui lui rapproche le mieux.
Certes, des records des Jeux ont été battus, mais combien de records nationaux ont été améliorés pendant les deux semaines de compétitions ? Combien sont ceux issus de la jeune garde qui ont brillé parmi les 91 médailles d’or remportées ? Une quinzaine, peut-être ? Allez faire vos comptes messieurs et vous serez alors en mesure de dire si nous sommes sur la voie du progrès ou pas.
Aussi, posez-vous cette question fondamentale: que serait le total de Maurice aux Jeux des Iles sans la performance de nos handisportifs ? Ou encore, pourquoi La Réunion ne brille-t-elle plus comme au bon vieux temps ? Accorde-t-elle toujours autant d’importance aux Jeux des Iles si ce n’est sa domination en natation ?
Comment aussi ne pas évoquer le cas du nageur Bradley Vincent quatre médailles d’or en 2019, mais pourtant laissé sur la touche en raison d’une suspension injuste et extra-sportive infligée par le COM en octobre 2022 ? Bradley Vincent qui détenait pourtant le meilleur pointage World Aquatics, cette année, n’aurait-il pas rapporter au minimum une médaille d’or, voire même plus ?
Ce qui est très important de faire remarquer — et nous l’avons archi-répété — contrairement à d’autres qui continuent à croire au contraire, c’est que les Jeux des Iles ne sont pas la plate-forme par excellence pour évaluer le sport mauricien. Et cela s’est vérifié à peine quelques jours seulement aux Championnats d’Afrique de judo. Que deux médailles de bronze obtenues !
Maurice peine à être régulière sur le plan continental si ce n’est qu’elle brille par à-coups et, qui plus est, avec les mêmes visages au cours de ces dernières années. Même en boxe, on peine difficilement à percer comme lors de la récente phase qualificative africaine des Jeux olympiques tenue à Dakar au Sénégal. Ce qui place désormais Maurice dans une situation inconfortable en marge des Jeux parisiens où pourtant, le ministre Toussaint parlait, dans le passé, haut et fort de ses espoirs de remporter des médailles.
Combien seront-ils à pouvoir réellement prétendre à une participation aux Jeux planétaires par excellence dans quelques mois ? Tout cela pour dire que le sport local repose, pour l’heure, sur des blabla susceptibles de noyer le poisson et de faire croire que tout va bien dans le meilleur des mondes !
À ce jour du reste, seuls les handisportifs font vivre l’espoir avec déjà quatre qualifiés aux Jeux paralympiques de l’année prochaine. Noemi Alphonse demeurant, pour l’heure, l’une des rares athlètes à posséder le potentiel pour marcher dans les pas du boxeur Bruno Julie, le seul médaillé olympique (bronze en 2008 en Chine) mauricien.
Et bien voilà ce qu’est la réalité du sport local, contrairement aux artifices lancées autour de la performance du Club Maurice aux Jeux des Iles. N’en déplaise à certains, c’est la vieille garde qui a encore assuré. Ceux qui roulent leurs bosses depuis des années et issus d’une tout autre structure et certainement pas de l’ère-Toussaint, ni de celle de Sawmynaden ! L’ancien ministre des Sports et CEO du Trust Fund for Excellence in Sports, Michael Glover, peut en témoigner.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour