C’est à travers les médias interposés que Pravind Jugnauth et Roshi Badhain se sont livrés vendredi et hier, à un duel sur l’affaire Angus road, dont les différents épisodes n’ont rien à envier aux sagas brésiliens. La série a commencé en Aout au cours d’une meeting du leader du Reform party qui a lancé des allégations sur l’acquisition d’un terrain à Angus Road par Pravind Jugnauith pour en faire sa résidence. Curieusement, le leader du MSM a laissé son ex frère adopté devenu son ennemi juré continuer, de congrès en congrès, ses allégations sans lui faire servir du papier timbré. Par contre, ce qu’il a accepté de Badhain il l’a refusé, parfois bruyamment, parfois méchamment, au leader de l’opposition et tout parlementaire de l’opposition qui tentaient d’évoquer le sujet au Parlement. Il a été aidé dans cette tâche par le Speaker qui est trop souvent sorti de sa fonction d’arbitre pour jouer au goal keeper prompt à distribuer des cartons jaunes et rouges et à expulser à tour de bras. Tout en refusant de répondre aux questions au Parlement, dans les réunions socio culturelles Pravind Jugnauth répétait à qui voulait l’entendre qu’il était en train de rassembler les documents nécessaires pour montrer que les allégations de l’opposition étaient des faussetés. Il a pris son temps pour retrouver ses papiers : trois mois et demi. Et au lieu de les présenter au Parlement où le sujet a fait l’objet de quatre PNQ du Leader de l’Opposition, il a choisi la MBC pour répondre à ses détracteurs lors d’une conférence de presse que ses services ont interdite aux représentants d’un quotidien. Encore une manière de procéder qui donne à Maurice des airs de république bananière.
Le Premier ministre s’est lancé dans un long monologue en accusant ses adversaires d’avoir fait circuler des « allégations » et des « faussetés » contre lui et sa famille. Il a qualifié les documents montrés par le leader de l’Opposition au Parlement – dont des reçus – de faux en annonçant qu’il avait remis ses vrais documents à l’ICAC et qu’il compte les produire en Cour. Car le Premier a annoncé son intention de poursuivre le leader de l’Opposition et le quotidien qui avait publié certains documents dès lundi matin pour des millions. Curieusement Roshi Badhain, celui qui avait lancé l’affaire Angus Road et qui a été un des plus virulents sur le sujet, n’est pas cité dans la liste de ceux que Pravind Jugnauth entend traîner en Cour. Lors de son monologue télévisé mélangeant accusations et menaces Pravind Jugnauth a même cité une réflexion négative de Navin Ramgoolam sur Arvind Boolell. Pravind épargnant Roshi et citant Navin comme référence ! Tout est vraiment possible en politique ! Si les partisans du Premier ministre ont trouvé, comme d’habitude, sa prestation télévisé brillante, les nombreux commentaires sur les réseaux sociaux disaient exactement le contraire et démontraient le peu de confiance que lui font les internautes.
Avant d’aller monologuer sur la MBC, Pravind Jugnauth aurait du méditer sur le proverbe qui affirme « never start something you can’t stop » puisque le lendemain de son monologue, il a eu droit à la réponse sur les réseaux sociaux de Roshi Badhain. Entouré de son état major le leader du Reform party s’est livré à une analyse critique et caustique du monologue de Pravind Jugnauth et qualifié ses accusations de « fausses », comme ses preuves. Il a rendu public un document qui, selon lui, dément celui que Pravind Jugnauth avait présenté la veille comme une preuve pour se disculper. Selon Roshi Badhain, le document qu’il cite établit que Pravind Jugnath a signé un document d’achat du terrain d’Angus Road en 2004 et que dans une lettre datant de 2013 l’ICAC avait reconnu les reçus présentés par Arvind Boolell que le Premier ministre avait qualifié de faux. Pour terminer son monologue à lui Roshi Badhain a invité Pravind Jugnauth a démissionner lundi matin, sinon il allait à son tour le trainer en cour et publier d’autres documents. Bref comme déjà écrit dans cette rubrique, plus les explications sur l’affaire Angus Road sont données, moins on comprend ce qui s’est vraiment passé. Le monologue de Pravind Jugnauth, et celui de Roshi Badhain n’ont fait qu’embrouiller d’avantage une affaire déjà très compliquée. Par conséquent, la saga d’Angus Road va occuper pendant encore longtemps une place de choix dans l’actualité mauricienne.