La parure

C’est un sujet devenu culte pour le gouvernement, notamment à l’approche des législatives. Le complexe sportif de Côte d’Or n’a jamais bénéficié d’une politisation de cette ampleur en si peu de temps, alors que sa mise en opération date pourtant de cinq ans suivant l’organisation des Jeux des Iles de l’océan Indien.

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L’objectif : Démontrer que ce complexe, qui abrite un stade d’athlétisme et de football, un gymnase et surtout le High Performance Centre (HPC), est loin d’être un éléphant blanc comme l’affirme l’opposition. La preuve ? Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, l’a défendu en avril à Beau-Vallon avant la manne tombée du ciel, le mois dernier. Celle consacrant la para-athlète Noemi Alphonse championne du monde à Kobe au Japon et Anaïs Angéline, médaillée d’argent. L’occasion rêvée pour le PM d’appeler les para-athlètes à vanter les facilités qui y sont offertes à Côte d’Or.

On pensait que c’en était fini après le discours sur le budget du ministre des Sports, Stephan Toussaint, largement consacré…au complexe ! Sauf que, mercredi, la direction du complexe a décidé de prendre le relais pour des raisons évidentes en honorant Noemi Alphonse et Anaïs Angéline. En somme, on voulait faire comprendre que cette infrastructure porte bien ses fruits.

Et les autres alors, où sont-ils ? Pourquoi le HPC ne parvient-il pas à faire briller plus d’une dizaine d’athlètes au plus haut niveau, alors qu’ils sont pourtant près de 200, sinon plus à profiter des installations ? C’est bien de rendre hommage aux deux athlètes, mais il ne faut pas que ces performances deviennent l’arbre qui cache la forêt.

Si Noemi Alphonse est parvenue à monter sur le toit du monde, c’est grâce au gros travail de son entraîneur, Jean-Marie Bhugeerathee, et de son staff technique. Ne faut-il pas non plus oublier que la para-athlète avait déjà commencé à montrer le bout du nez avant même de s’entraîner à Côte d’Or. Alors, que l’on s’abstient à s’approprier la paternité d’un travail de plusieurs années !

Un vieux de la vieille nous faisait d’ailleurs récemment cette réflexion. Le High Performance Centre n’est pas comparable à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) de Paris et ne le sera peut-être jamais. Et il a tout à fait raison, contrairement à ce qu’en pensent ceux qui croient tout savoir, notamment ce « chef cuisinier » et ses « apprentis » accrédités à la fameuse “lakwizinn”.

Là, on discute pas uniquement de politique, mais aussi de sport. Sauf que le langage est loin d’être connecté à la réalité. Ce n’est pas parce qu’on a été sportif qu’on devient obligatoirement un bon entraîneur ou un bon guide. Si on avait pris la peine de comprendre le fonctionnement du sport, on aurait vite réalisé pourquoi le HPC n’arrive même pas à permettre à Maurice de faire mieux que 91 médailles d’or aux Jeux des Iles de 2023 à Madagascar.

À moins, bien évidemment, qu’on décide de faire venir, à Maurice, des techniciens et autres cadres exerçant à l’INSEP pour redéfinir les vrais contours du très haut niveau. On comprendra alors mieux comment un athlète est poussé au delà de ses limites au point d’être dégoûté rien qu’à imaginer sa prochaine séance d’entraînement !

Alors, qu’on se garde ces réactions exagérées sur un complexe qui a encore tout à prouver et qui est certainement encore loin de pouvoir rentabiliser les Rs 5 Mds investit dans sa construction. Même si le ministre Stephan Toussaint a parlé de rentrée d’argent lors de la venue d’une poignée de stars de l’athlétisme mondiale à Côte d’Or.

La vraie question est aussi: profite-t-on réellement de la présence de ces vedettes comme le ministre l’a avancé ? Au cas contraire, ne devrions-nous pas au moins avoir un champion d’Afrique en saut en hauteur, par exemple ? Cela, après la venue, en janvier 2022, de l’Italien champion olympique 2021 et champion du monde 2023, Gianmarco Tamberi !
Il y a définitivement beaucoup mieux à faire que cette ultra-politisation autour de ce complexe qui, précisons-le une fois encore, tourne à Rs 100M de pertes annuellement. Et ça, Stephan Toussaint peine toujours à le comprendre au point de s’avancer dans du n’importe quoi comme “al tous lapis sintetik” du stade d’athlétisme de Côte d’Or. Ou encore, «…Pa bizin met kouler oranz pou rant ladan. »

Ces enfantillages ne servent, malheureusement à rien, monsieur le ministre, et il est grand temps que vous arrêtiez de vous voiler la face. Le sport tourne au ralenti dans pas mal de fédérations ou règne un chaos pas possible. Et pourtant, vous trouvez quand même le temps à vous dandiner pour ne défendre qu’un complexe qui, qu’on le veuille ou non, s’est dressé dans ses plus beaux habits orangés pour accueillir, comme une preuve, les prochaines élections.

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