–D’où tu sors comme ça ? ça fait des âges que je ne t’entends pas.
–Ayo tu sais toi-même : entre le travail, la maison, le mari et les enfants, sans compter la belle-mère, il ne reste pas beaucoup de temps.
–C’est vrai ça. J’espère que tu vas bien quand même.
— Il faut bien toi. Comme dit ma maman : il faut faire avec. Je t’appelle d’abord pour prendre un peu de tes nouvelles et ensuite pour te demander un renseignement.
–Ecoute je vais bien malgré cette chaleur, cette humidité et ces prix qui n’arrêtent pas de monter.
–Ayo ne me parle pas de prix : au bazar on te dit que celui des légumes a augmenté parce qu’il n’y a pas de pluie, avant c’était parce qu’il y avait trop de soleil !Au supermarché on te dit que les prix ont monté à cause de la roupie faible et du dollar fort.
— Nous les consommateurs on est toujours tondu, toi. !
–Justement. Dis-moi tu as le téléphone de cette association qui défend les intérêts des consommateurs ?
— Tu veux parler de l’ACIM ? Je dois l’avoir quelque part sur mon téléphone. Qu’est ce que tu as comme problème ?
— Une saga, je te dis ! Figure toi que j’ai acheté un four qui ne marche plus.
–Ton four est encore sous garantie ?
–Oui, il est encore sous garantie. Et j’ai une autre garantie.
–Tu as deux garanties pour le même appareil ?
–Laisse-moi t’expliquer : quand j’ai acheté le four, il y avait une garantie dessus. Mais la vendeuse m’a dit que pour plus de précaution je devais prendre une supashield.
–Qu’est-ce que c’est que ça ?
–C’est une autre garantie ou assurance de quatre ans que tu prends en plus, pour plus de sécurité. J’ai pris ce supashield là qui coutait presque mille roupies
–Mais quel est ton problème : tu n’as qu’à utiliser ta double garantie/assurance pour faire réparer ton four qui ne marche plus.
–C’est ce que j’essaye de faire depuis quatre mois.
— Que tu essayes ! Depuis quatre mois ! Qu’est-ce que tu veux dire par là?
— Tu sais c’est une affaire facile d’acheter un appareil électro-ménager dans un grand magasin. C’est enn lot zafer de le faire réparer quand il ne marche plus.
— Racontes-moi ce qui s’est passé comme ça !
–Quand le four a arrêté de marcher, j’ai pris un taxi pour l’apporter dans le grand magasin pour le faire réparer. Environ dix jours après on m’a téléphoné pour me dire que la réparation avait été faite, et je suis allé chercher le four.
–La réparation avait été bien faite ?
–Tu parles ! Quand j’ai allumé j’ai entendu un pack pack et j’ai senti une odeur de fil électrique brûlé. Tout de suite j’ai pris un taxi pour ramener le four au magasin et ils ont re-renvoyé à leur atelier.
–Combien de temps tu as dû attendre pour avoir ton four réparé.
–Une quinzaine de jours et pendant ce temps j’ai du prendre un autre four en emprunt pour rôtir ce que j’avais besoin de faire rôtir. Puis on m’a téléphoné et je suis allée chercher le four et on m’a dit que tout était correct, que le four marchait bien.
–Ah bon !
–Oui toi l’atelier avait envoyé un rapport pour dire que tout était correct. J’ai alors allumé le four dans le magasin même et tout de suite on a senti une odeur de brûlé.
–Dans le four qui venait d’être réparé ?
–Oui, toi ! Même la vendeuse a été obligée de reconnaitre que ce n’était pas une odeur normale pour un four qui soi-disant venait d’être réparé.
–Et alors ?
–Ils ont repris le four pour le re-renvoyer à l’atelier et tiens toi bien, pour le mettre en observation et depuis j’attends. A un moment donné j’étais fatiguée d’attendre et j’ai téléphoné pour demander à parler a un responsable.
–Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
–J’ai parlé à plusieurs personnes qui m’ont renvoyé a plusieurs autres personnes et aucune d’entre elles n’a été capable de me donner une explication.
–Je me demande s ’ils ne font pas exprès de t’envoyer à plusieurs personnes juste pour te dégoûter, pour que, fatiguée, tu finisses par laisser tomber.
–C’est vrai que je suis fatiguée de téléphoner pour m’entendre dire que l’atelier n’a pas fini d’observer le four et qu’on va bientôt me donner des nouvelles.
— On dirait que ton four est en observation a l’hôpital ! Mais pourquoi tu ne demandes pas qu’on te donne un autre four, un qui marche !
–Bien sûr que j’ai demandé qu’on me donne un autre four, mais on me dit qu’il faut attendre le rapport de l’atelier avant.
–Combien de temps ça va prendre ?
–Je ne saurais te dire.
–Qu’est-ce que tu vas faire à part attendre. Acheter un autre four ?
— En tout cas, si jamais je le fais ce ne sera certainement pas dans ce magasin la que je vais l’acheter. En plus, il parait qu’il y a plein de personnes comme moi. On me dit qu’il faut aller faire une complainte à l’association des consommateurs et alerter la presse et les radios.
–Pourquoi ?
–Il parait que c’est la seule manière de faire réagir les compagnies commerciales aujourd’hui et de les contraindre à respecter les contrats qu’ils ont signé avec leurs clients !
JCA