Le ministre des Sports, Stephan Toussaint, l’a annoncé jeudi matin lors d’un point de presse. Son ministère a pris la décision de dissoudre le comité directeur de la Mauritius Football Association (MFA) selon les dispositions de la loi sportive. Un Temporary Committee prend désormais le relais, avec Jean-Pierre Sauzier comme président, pour gérer les affaires fédérales jusqu’aux prochaines élections. Quitte à ce que le football soit suspendu pour deux ans par la Fédération internationale de football associations (FIFA).
La décision de Stephan Toussaint est très forte et mérite d’être saluée. Après avoir longtemps soufflé le chaud et le froid, il a enfin eu le courage de dire stop aux excès de la MFA. Il n’a fait qu’appliquer la loi et ne peut être tenu pour responsable des conséquences.
Exit donc Samir Sobha et sa bande après un règne qui aura duré près de dix ans et qui, en termes de bilan sportif, fait pitié. L’association ayant très souvent brillé loin des pelouses, en faisant surtout parler d’elle dans des scandales et autres enquêtes policières qui, malheureusement jusqu’ici, n’ont toujours pas livré leurs secrets !
Ce qu’il est important de préciser, c’est que le ministre Stephan Toussaint a enfin compris le sens de notre combat. Une croisade menée dans le but précis de remettre en question une association qui peine depuis des années à l’échelle de la transparence et de la bonne gouvernance. Une association qui baigne dans la médiocrité en raison d’un manque évident de vision et de crédibilité. Loin surtout de démontrer une réelle volonté de développement en l’absence d’une politique visant à “putting football first”.
Ce sont surtout des considérations autres que le football qui ont primé et ça, nombreux sont-ils à le reconnaître. Désormais, Samir Sobha et ses proches auront à assumer leurs responsabilités. Celle notamment d’avoir failli, entre autres, sur le dossier de la non-conformité à la Sports Act 2016 ayant conduit à la dissolution du comité directeur. Contrairement aux autres qui ont pu harmoniser les règlements internationaux avec ceux du pays.
Le problème du football sous l’ère de Samir Sobha et de son équipe est d’avoir cru que tout était permis. Qu’on pouvait naviguer au-dessus des lois d’un pays comme bon leur semble et sans pour autant être inquiétés. Qu’on pouvait brandir la menace de la sanction internationale pour faire peur et ainsi continuer à manoeuvrer à son aise.
Sauf que Stephan Toussaint a fini par cerner le contexte en mettant fin à ce petit jeu. Il n’a pas tremblé face aux pressions extra-sportives. Aussi, il n’a pas été lâché par son leader et Premier ministre, Pravind Jugnauth. Au cas contraire, le ministre des Sports aurait été incapable de s’affirmer autant d’autorité et demeurer sur la même position ferme pendant des semaines.
Ce faisant, le gouvernement a démontré que Maurice, en tant qu’État souverain, n’est pas près à se laisser dicter par qui que ce soit et encore moins par la FIFA. Même s’il faut reconnaître que dans d’autres sphères, notamment sur le dossier Agaléga et la présence indienne sur l’île, ce gouvernement peine à affirmer une indépendance à toute épreuve !
En sanctionnant la MFA, Stephan Toussaint est venu donner raison à Week-End. Le football local n’a rien à perdre avec cette éventuelle sanction internationale de deux ans compte tenu du niveau déplorable de nos sélections nationales. Et forcément, dans ces conditions, ce sont les dirigeants qui feront les frais avec zéro déplacement à l’étranger !
La sanction serait problématique si nous étions dans la même situation que Madagascar. Une nation redoutée et irréprochable sur le plan africain d’un point de vue purement sportif. Pas nous en revanche. Maurice étant devenue la risée de l’Afrique et de la région ! Alors que, par le passé, on faisait jeu égal avec des pays africains et on dominait outrageusement nos voisins.
La décision du ministère des Sports vient donc offrir une deuxième chance au football local. Celle de repartir sur de nouvelles bases avec, cette fois, une administration qui, on l’espère, sera à la hauteur de la situation.
L’objectif étant d’être discipliné et rigoureux, afin de faire oublier cette culture systématiquement tournée vers l’opacité. Une réalité qui ne date malheureusement pas d’hier avec cette nouvelle génération de dirigeants à l’ADN distordu.
Samir Sobha et son équipe ne peuvent cependant être tenus pour seuls responsables. Ceux qui les ont précédés doivent également porter le chapeau pour tout le tort causé à la discipline. Des « requins » désormais à l’affût, ailerons à l’air, afin de reprendre le contrôle à Trianon. Et c’est justement cela qu’il faudra à tout prix éviter si nous voulons donner cette nouvelle chance au sport roi.
À Jean-Pierre Sauzier et ses collaborateurs de penser à une sortie de crise durable. D’autant que gérer les affaires d’une fédération n’a rien à voir avec l’organisation des Jeux des Iles. À lui aussi de prouver qu’il a les épaules suffisamment larges pour rallier tout le monde derrière la même cause. Cela, en harmonisant, avec tous les stakeholders, les statuts de la FIFA avec ceux du pays. Chose que l’ancien comité directeur de la MFA n’a pas eu la volonté de faire, malheureusement !
La MFA enfin corrigée !
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