La marmite politique

Révigoré par l’enlèvement du nom de Maurice de la liste grise des pays blanchisseurs d’argent sale, Pravind Jugnauth multiplie ses apparitions, qui sont toutes télévisées.

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Il a même tenu une réunion des instances du MSM pour annoncer qu’il passait à l’attaque. Sa seule grande action aura été de ramasser un ex-député PMSD dont le bleu était passé à l’orange depuis des semaines. Fort de cette « prise », le leader du MSM annonce que d’autres défections d’autres partis de l’opposition sont à prévoir. Curieusement, il n’a pas accueilli officiellement le retour au MSM de Mme Dayal. Il faut parler de retour puisque cette dernière avait quitté le MSM, où elle se considérait maltraitée, pour aller respirer dans les rangs du MMM.

Son départ des instances mauves serait passé totalement inaperçu – comme sa présence, d’ailleurs ! – si elle n’avait pas eu droit à un passage dans le JT de la MBC. Il semblerait que ce soit un deal désormais : tous ceux qui quittent les partis de l’opposition bénéficient d’un passage au JT de la MBC pour justifier leur démission. C’est ainsi que des membres de partis d’opposition jamais aperçus dans le JT ont maintenant droit à des reportages en direct. Ces reportages auraient pour objectif de faire oublier plusieurs sujets de vraie actualité pas en faveur du gouvernement. Que la manifestation des Avengers a eu un impact certain. Que le PRB ne fait pas que des fonctionnaires heureux. Que Suren Dayal a intenté un procès accusant Pravind Jugnauth d’avoir juré un faux affidavit. Qu’un an après avoir fait l’objet d’attaques sur les conditions d’acquisition de sa propriété d’Angus Road par Roshi Badhain, Pravind Jugnauth vient de se rendre compte qu’il avait été diffamé et demande comme réparation la somme de Rs 50 millions. Plus de deux fois le prix – déclaré – de l’achat d’Angus Road. Mais si jamais, comme certains l’affirment, Roshi Badhain assure lui-même sa défense et parvient à faire Pravind Jugnauth entrer dans le box pour l’interroger, il y aura du spectacle. Car l’ex-baiseur de main et le propriétaire de la main baisée ont certainement beaucoup de comptes à régler.
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En parlant de procès, une drôle de rumeur a entouré celui que Suren Dayal intente à Pravind Jugnauth. Selon des informations dignes de foi, l’ex-député a reçu plusieurs coups de téléphone et de nombreux SMS des membres de la direction du PTr pour lui reprocher d’avoir intenté cette action… sans en avoir référé en haut lieu rouge, une action qui irait à l’encontre de la dernière stratégie du parti.

Laquelle stratégie aurait reçu l’imprimatur du Premier ministre indien et consisterait en une alliance orange – moins les derniers transfuges – et rouge avec des élections générales anticipées pour ne pas casser « un électorat commun. » Ce qui est présenté comme une grossière rumeur pourrait laisser songeur. Surtout quand on constate que lors d’un récent débat radiophonique, deux présidents de partis, qui n’ont pas la réputation de faire dans la dentelle et la délicatesse, se sont comportés comme des adversaires civilisés, plein de respect avec une certaine forme de complicité, l’un pour l’autre. Cette semaine a été aussi marquée par le retour à la télévision du prêtre qui ne fait pas de politique mais donne des consignes de vote. On l’a vu assister à une remise des clés de maisons et faire un espèce de sermon à la gloire du PM. Il a fait exactement ce qu’on a reproché pendant des années aux présidents des groupes socioculturels se transformant en agents politiques. Ce qui donne l’impression que les catholiques ont désormais leur mouvement socioculturel roulant pour Pravind Jugnauth.
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Il faut, cependant, reconnaître que Pravind Jugnauth a raison quand il dit que depuis les dernières élections,
« l’opposition dormi ek rev pou énan élecksion. » Il vrai que depuis novembre 2019, on n’arrête pas d’entendre que « election derrière la porte » ou des invitations à retourner aux urnes. Dans l’état actuel où se trouvent les partis de l’opposition, avec des leaders bloqués sur leurs égos surdimensionnés et leurs stratégies ubuesques, seraient-ils capables de participer – et de remporter ! – les élections générales anticipées qu’ils réclament à cor et à cri si Pravind Jugnauth les prenait au mot ?

 

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