— Hello matante, ça qui s’appelle une bonne surprise ça ! Ça fait un bout de temps qu’il n’a pas eu l’occasion de cause-causer. Ça fait longtemps qu’on n’a pas eu de tes nouvelles.
— Tu sais, j’ai été un peu occupée et j’ai pas eu l’occasion de t’appeler ces temps derniers.
— Quelles sont les nouvelles de ton côté ?
— Ça va aussi bien que ça peut aller quand tu as mon âge. Les enfants vont bien, mais je les vois une fois de temps à autre, parce que chacun a ses occupations, et puis ici, en Australie, on n’habite pas un à côté de l’autre, comme à Maurice.
— Qu’est-ce que tu vas faire ? Nous on est une petite île et vous un grand continent.
— Vous êtes un tout petit pays, c’est vrai, mais vous pouvez faire des affaires extraordinaires.
— Tu trouves ? De quelle affaire tu veux parler ?
— Mais des dernières élections et des 60/0 toi ! Qu’est-ce qui s’est passé pour que les Mauriciens votent comme ça ?
— Ils ont voté avec rage, je te dis. Ils étaient mari plein du gouvernement MSM et de ses alliés. Ça fait dix ans qu’ils sont au pouvoir et ils ont trop fait, toi.
— Tu as raison. Tu sais quand j’ai compris que les Mauriciens étaient mari plein du gouvernement et de ses abus, comme tu dis ? C’est quand j’ai commencé à regarder les clips de Missié Moustass !
— Quoi ! Ne me dis pas que toi aussi tu as regardé ces vidéos-là en Australie ?
— Mais qu’est ce que tu crois ? On vit avec notre temps et on est connectés sur internet. Pour les élections, on a regardé les épisodes du feuilleton Missié Moustass !
— Il y avait beaucoup de monde pour ces séances-là ?
— Et comment ! Tu sais comment on est en Australie. Chacun a « bring his own », gâteau ou gajacks, et il y avait du thé, du café, des jus et du fort, pour ceux qui voulaient. Pour ceux qui n’ont pas pu venir, on leur a forward les vidéos par internet pour qu’ils les download pour regarder chez eux.
— Qu’est-ce que tu as pensé de ces vidéos-là, Ma… heu, pardon Tante ?
— On dirait que tous les gens du gouvernement qui sont sur ces vidéos n’avaient qu’une occupation : faire des complots pour, excuse mon langage grossier, mais il n’y a pas d’autres mots, baiser leurs adversaires !
— Ha ben Tante ! On dirait que toi aussi tu connais jurer.
— En tout cas, je ne le fais pas « aussi bien » que la femme de l’ancien Premier ministre. Je n’ai jamais entendu une femme parler aussi vulgairement que ça : elle est ce qu’on appelle une poissarde. Mais il y a une chose que je n’ai pas comprise dans cette élection et qu’il faut que tu m’expliques.
— Quelle affaire ?
— Qu’est-ce que Xavier-Luc a voulu faire en cassant l’alliance avec l’opposition pour aller se mettre avec le MSM ?
— Franchement te dire, Tante, je crois que lui-même ne sait pas pourquoi il a fait ça !
— S’il était resté avec l’alliance de l’opposition, avec les 60/0, il aurait été aujourd’hui le Numéro 2 du nouveau gouvernement et aurait fait élire au moins une dizaine de députés. Au lieu de ça, il se retrouve comme un coq complètement déplumé !
— D’après ce que j’ai compris, c’est son garçon qui l’a poussé à casser l’alliance avec l’opposition pour entrer avec le MSM.
— Le fameux Adrien !
— On me dit que ses deux garçons ont fait pression sur Xavier-Luc pour qu’il quitte l’alliance et entre avec le gouvernement.
— Mais ils ont oublié comment Pravind Jugnauth s’était servi du Parlement pour dénoncer Adrien, en l’accusant d’avoir violé la loi dans une affaire d’accident de la route, alors qu’il était sous l’emprise de l’alcool ?
— C’est ce que tout le monde avait dit. Mais Xavier Luc et Adrien n’ont écouté personne et ont fait entrer le PMSD — enfin ce qui en restait — dans l’alliance avec le MSM. C’était un véritable suicide politique.
— Mais il est dans la politique depuis quarante ans Xavier Luc, il ne voyait pas que les Mauriciens étaient — comment tu as dit ça ? — mari plein avec le gouvernement et allait voter pour l’opposition ?
— Je ne peux pas te dire quel dilo dir wi son fils lui a fait boire, mais il était persuadé que l’alliance du gouvernement — qu’il avait passé des années à critiquer et dénoncer — allait l’emporter ! Et puis on a appris, avec Missié Moustass, que ça faisait longtemps qu’il avait des négociations anba-anba avec le gouvernement. On a même dit qu’il donnait la PNQ au MSM avant de les poser au Parlement !
— Mais c’est un vrai….de sa maman ce Xavier-Luc là, toi. Sorry de dire ça comme ça, mais il n’y a pas d’autre terme ! Heureusement que son papa n’est pas là pour voir le spectacle de son parti politique jeté dans le karo kann de la défaite à cause de son fils.
— Et dire que ce fils avait eu autrefois le toupet de dire que, parfois, il avait honte de s’appeler Duval !
— Je crois que s’il pouvait revenir de là où il est aujourd’hui, et après ce désastre politique, c’est Gaëtan Duval qui dirait qu’il a honte d’avoir un fils comme Xavier-Luc à la tête du PMSD !
J.-C.A.