La FMJ, cinglant paradoxe

« Il faut revoir le fonctionnement de la Corporate Social Responsibility (CSR) pour la relance du sport à Maurice ». Étonnante, n’est-ce pas, cette déclaration de Josian Valère, président de la Fédération mauricienne de judo (FMJ) dans Le Mauricien du 20 janvier ? Elle l’est forcément en tenant compte de la posture désinvolte de la fédération qu’il dirige à l’égard d’un certain nombre d’amoureux de la discipline.
Ainsi, Josian Valère s’est mué, depuis quelque temps, en grand défenseur du sport mauricien, puisque ce n’est pas la première fois qu’il se fait entendre sur le dossier CSR. Qu’en est-il cependant du développement de sa propre discipline si ce n’est qu’à chaque fois, il évoque un manque de moyen financier ? Comme si le sport ne se résumait qu’à cela et qu’autour, il n’y a pas lieu de bâtir des structures durables en s’appuyant sur l’existence des clubs.
N’est-il pas important, monsieur Valère, que vous jouiez enfin cartes sur table en évoquant plutôt un sujet brûlant et d’importance nationale ? Celui du non-renouvellement d’affiliation de 12 clubs membres depuis mars 2019 par votre fédération, au même titre que la demande de six nouveaux demeurés en suspens ? N’est-ce pas là, la vraie mission d’une fédération, celle de développer la discipline en s’assurant de regrouper un maximum de licenciés ? Or, à la FMJ, on a délibérément décidé de tourner l’aiguille de l’horloge dans le sens contraire !
Six ans après, les vraies raisons de cette révoltante démarche demeurent toujours floues et honteusement désormais, cela doit être considéré comme l’injustice la plus flagrante que la jeunesse ait eu à subir après la révolte estudiantine de mai 1975 pour protester contre le système d’éducation. Pour ceux à la FMJ qui ne le savent peut-être pas, les archives parlent aussi, début mai de la même année, d’une manifestation de collégiens pour contester les Rs 20 annuelles imposées par l’administration pour la pratique du sport !
Sauf que, 50 ans plus tard, la FMJ a trouvé moyen de priver plus de 300 jeunes de compétitions et des facilités, qui plus est, offertes par l’État. Est-ce à comprendre que le judo appartient à une groupe de personnes uniquement ? Qu’en pense le ministre des Sports, Deven Nagalingum, lui qui dit avoir reçu Josian Valère, fin décembre, et qui devait à nouveau le rencontrer début janvier ? Quel est désormais l’issue de ce problème alors que nous sommes déjà en février ?
Deven Nagalingum sait-il au moins que, parallèlement à la méthode “dominer” imposée aux jeunes et la poignée de compétitions organisée en 2024, Josian Valère a été à nouveau élu directeur de communication de l’Union africaine de judo (UAJ) ? Le paradoxe est cinglant et la couleuvre difficile à avaler. C’est dire que, même si le judo mauricien continue à perdre des points à l’échelle sportive, monsieur Valère s’est, lui, fait un beau nid douillet au niveau africain !
Certes, nous dira-t-on, Maurice a obtenu l’organisation de l’Open d’Afrique cette année. Pourquoi maintenant, mais pas avant, alors que Josian Valère occupe pourtant ce poste depuis plusieurs années ? Les délégués africains savent-ils que la fédération qu’il dirige a délibérément exclu 17 clubs du circuit local et plus de 300 jeunes ?
Nous apprenons que le “package” offert à la FMJ comprend aussi l’organisation des championnats d’Afrique vétérans et militaires ! Surprenant, n’est-ce pas ? Combien sont-ils d’ailleurs les anciens toujours actifs ? Maurice dispose-t-elle de militaires et, par conséquent, d’une sélection de judo à ce niveau ?
Voyez-vous, la situation dans laquelle se trouve le judo depuis mars 2019 est déplorable et il n’y a qu’à voir les performances pour s’en rendre compte. Combien sont-ils d’ailleurs ceux à avoir régulièrement brillé ces dernières années si ce n’est Priscilla Morand et Rémi Feuillet, deux expatriés vivant en Europe ?
À qui la faute si ce n’est celle de la FMJ ? Et malheureusement, l’ancien ministre des Sports, Stephan Toussaint, y a une grosse part de responsabilité après avoir laissé pourrir la situation. Alors qu’il avait pourtant l’opportunité de dissoudre ce comité et de mettre en place un comité temporaire en s’appuyant sur la Sports Act 2016. Il ne l’a cependant pas fait et a autorisé l’organisation des élections fin 2022.
Aussi choquante soit-il, l’ancien ministre n’avait rien trouvé à dire quand la réunion que son ministère avait convoqué en novembre 2021 avait été annulée. Cela, en raison de l’indisponibilité des 11 membres de la FMJ, alors qu’il était pourtant question d’une sortie de crise…dans l’intérêt du judo. Ni, n’a-t-il reprogrammé une nouvelle rencontre ! L’UAJ, au même titre que la fédération internationale sont aussi responsables pour n’avoir pas réagi. Preuve que personne n’a pris la peine de faire la différence entre développement et discrimination, si ce n’est qu’elles ont tous fui leurs responsabilités sociales !

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Jean-Michel Chelvan

 

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