Mercredi, ils étaient nombreux à battre le pavé de la capitale en soutien à Yogita Baboo, cette employée brutalement mise à pied par Air Mauritius pour s’être exprimée sur une radio privée sur les problèmes industriels rencontrés au sein de la compagnie nationale d’aviation. L’injustice est flagrante.
Toute la classe syndicale, à quelques exceptions notoires près, notamment celles des habitués qui avaient et qui ont toujours leurs petites entrées, par porte dérobée, au Paille en Queue Court, s’est jointe à ce mouvement de solidarité avec l’ancienne membre du personnel navigant en congé en solde d’Air Mauritius.
Le ministère du Travail s’est tardivement manifesté. Il n’a donné signe de vie que lorsque l’affaire a été internationalisée et que des instances veillant à la protection des droits des salariés ont commencé à s’intéresser à cette affaire qui concerne, en plus, une entité où l’actionnaire majoritaire est le gouvernement.
Ceux qui ont nommé leurs agents à la tête d’Air Mauritius et qui tolèrent leurs excès n’ont d’autre choix que de se faire petit et de se taire devant l’inéquité que constitue le licenciement de la syndicaliste. C’est honteux et cela dit beaucoup de leur degré de lâcheté.
Yogita Baboo n’aura en tout cas pas eu le même traitement que Mike Seetaramadoo. On se souviendra que cet ancien cadre d’Air Mauritius avait, en 2016, été suspendu et ensuite convoqué devant un comité disciplinaire pour répondre d’une accusation de mauvaise conduite. Celui qui avait les faveurs de Lakwizinn avait décidé d’ignorer la convocation.
Et la suite de cette affaire ? Burlesque et répugnant puisque ce n’est pas l’employé présumé indélicat qui a été sanctionné, mais le directeur général lui-même, Megh Pillay, débarqué sommairement par le conseil d’administration suivant les injonctions dans ce sens de Pravind Jugnauth et de sa clique.
Ainsi va la politique industrielle du MSM. Faire taire tous ceux qui osent critiquer les dérives des mignons qu’ils ont casé dans des organismes para-publics, à Air Mauritius, à l’aéroport, au port et ailleurs. Et ce sont ceux-là même qui iront brailler chaque 1er mai et se présenter comme les champions inégalés de la cause des travailleurs lors de leur opération politique de distribution de prébendes, de briani, d’alcools en tous genres et de convois éméchés pour la plage. Et la farce n’est pas près de disparaître.
La toute dernière farce est, elle, non seulement indigeste, mais de mauvais goût. C’est le lendemain même d’un drame routier à La Butte que le Premier ministre a relancé la fantomatique National Road Safety Commission, une structure lancée par Sir Anerood Jugnauth en 2016. La situation sur nos routes n’a cessé de se dégrader depuis.
Les accidents sont quotidiens, les morts ne se comptent plus et les blessés, nombreux. Mettre des sabots ici et là, c’est bien pour ceux qui prennent les rues pour leurs garages privés. Toujours plus de répression, d’amendes et de peines d’emprisonnement, c’est peut-être nécessaire mais c’est aussi la facilité qui ne résout rien.
Oui, il faut être intraitable avec ceux qui mettent en danger la vie d’autrui, mais il n’y a pas que ça. Ce serait bien d’essayer de tout remettre à plat si l’on veut vraiment diminuer le nombre de victimes sur nos routes. Initier les écoliers et les collégiens aux notions élémentaires du code de la route, au respect des règles et des personnes, ainsi qu’à la courtoisie.
Parce que les femmes sont généralement plus prudentes et qu’elles roulent moins vite, elles se font souvent insulter, le répertoire des épithètes les plus vulgaires et violentes étant vite épuisé par ceux qui croient pouvoir monopoliser l’asphalte juste parce qu’ils sont au volant de leurs bolides rutilants à la plaque ultra-personnalisée avec des inscriptions parfois ridicules.
Et les petites choses du quotidien et le rôle des institutions censées réguler le bon usage des voies publiques. On voudrait ainsi savoir pourquoi le permis de conduire probatoire n’a pas encore été introduit, alors que le nombre de jeunes impliqués dans des accidents mortels ne cesse d’augmenter.
Pourquoi de nombreuses rues ne sont toujours pas ré-asphaltées et les nids de poule comblés pour ne pas causer des inconvénients aux usagers et aux piétons ? Combien de black spots identifiés depuis des décennies ont été améliorés pour éviter des accidents ?
Quel est le nombre de ralentisseurs qui sont dangereux, pas repeints depuis des lustres et qui constituent de vrais guet-apens pour les usagers ? Et l’on s’étonne du nombre grandissant de véhicules qui quittent mystérieusement la route ou qui font de spectaculaires embardées.
Que font les municipalités et leurs supposés administrateurs, dont le permis de squatter a été une nouvelle fois prolongé pour le plus grand malheur des citadins ? Le marquage visible des routes, les haies en bambous de maisons qui débordent sur la voie, qui obstruent la vue des automobilistes et dont les propriétaires ne sont jamais sanctionnés, qui s’en soucie ?
Les haies de bambous sont jolies à regarder, elles changent du tout béton, sont rafraîchissantes et elles sont surtout utiles pour l’environnement. Elles aident à absorber le trop plein d’eau en temps de pluies. Lorsqu’elles sont bien taillées comme dans certains quartiers des hautes Plaines Wilhems, elles ne sont pas loin de l’œuvre d’art.
Mais que font les autorités vis-à-vis de ces propriétaires dangereusement négligents ? Comme à la croisée de Robinson Road et de la rue Lahausse de la Louvière à Curepipe ou au carrefour d’Allée Brillant ? Et on s’étonnera qu’il y ait un jour un accident sérieux dans ces régions-là ?
Et la NLTA ? La National Land Transport Authority qui n’a rien à envier à son ancêtre la NTA. Quel est son rôle dans la régulation de la qualité des véhicules qui empruntent quotidiennement nos axes routiers ? C’est lorsqu’on commencera à répondre de manière satisfaisante à ces questions que le bilan sur nos routes sera peut-être amélioré.