— Dis-moi un coup, qu’est-ce que tu faisais comme ça à Curepipe, mardi matin, de bonne heure ?
– Comment tu sais que j’étais à Curepipe ? Comme ça tu veilles mes affaires ?
– Tu crois que j’ai du temps à perdre ! Une amie t’a vu passer devant les arcades à toute vitesse et me l’a dit. Ça même tout.
– Avec tes amies qui te disent tout ce qui se passe dans le pays, tu devrais aller travailler au CCID, toi.
– Au moins, ils auraient de bons renseignements et n’iraient pas faire des perquisitions pour ne rien trouver !
– Il paraît que les personnes chez qui le CCID a fait la perquisition vont faire un procès à la police.
– Elles ont raison. La police, qui se croit tout permis, ne fait que des cacades, ces temps derniers. Comme disait SAJ, « ça ne peut plus se continuer. » Avec un ou deux procès, tu vas voir, ils vont se calmer un peu.
– Je me demande si ça va les calmer. Certains policiers font comme s’ils étaient au-dessus de la loi !
– En tout cas, le PM ne rate pas une occasion pour défendre la police.
– C’est à cause de ça même que je me demande si certains policiers vont arrêter de se comporter comme des tontons macoutes, comme dit Navin Ramgoolam.
– Ayo celui-là… il ne faut pas oublier que lui aussi protégeait la police quand il était PM. Il a oublié que la police avait arrêté un quelqu’un juste parce qu’il avait fait une photo de Lady Cotomili ?
– C’est vrai, il y avait des excès, je ne te dis pas, mais c’était pas comme aujourd’hui, quand même !
– Arrête de défendre ton Navin, donc ! Comme dit Roshi Badhain, Navin ne vaut pas mieux que Pravind.
– Et lui, il a oublié ce qu’il a fait quand il était dans le gouvernement MSM ? Il croit qu’aujourd’hui, « li même meilleur », comme disait Rama Sithanen à l’époque ?
– Écoute moi un coup…
– …et c’est pour ça qu’il faut qu’il devienne Premier ministre ? Dis à ton Badhain de se rappeler de ce que disait Arvind Boolell : arrête revé do camarade !
– Ayo, on ne va pas entrer dans une discussion politique sans fin ou on va redire les mêmes choses. Allons changer de conversation pour éviter de gâte zamis…
– Laisse-mo te dire une affaire…
– …tu ne m’as toujours pas dit ce que tu faisais à Curepipe, mardi dernier ?
– Là, tu es en train de détourner la conversation.
– J’essaye seulement d’éviter une bagarre comme à chaque fois qu’on parle de politique. Alors, qu’est ce que tu es allée faire à Curepipe ?
– Je savais que tu allais revenir là-dessus. To bizin konn tou zafer, toi ! Maintenant, je comprends pourquoi ton nom gâté c’est la gazette chiffon bleu.
– Arrête de koz n’importe, donc. Je ne veille pas les affaires des gens, je m’informe, c’est pas la même chose. By the way, qui dit que je suis enn lagazette chiffon bleu ?
– Ayo, je vais faire comme les journalistes, je ne vais pas révéler mes sources.
– Il vaut mieux parce que si je savais qui est ce ……….mama qui en train de causer sur moi…
– Allez, allons changer de sujet de conversation.
– Il vaut mieux… Alors, à moins que ce soit un grand secret, dis-moi ce que tu faisais à Curepipe, mardi matin ?
– Je suis simplement allée payer une contravention.
– Mais tu n’as plus d’auto. Tu as bien vendu ta machine depuis décembre 2016, non ?
– Oui, mais la contravention date de novembre 2016.
– On te fait payer une contravention après cinq ans ? Il n’y a pas prescription après tout ce temps-là ?
– Non, toi.
– Attends un coup, tu veux me dire que c’est en novembre 2022 qu’on te fait payer une contravention datant de 2016 ?
– Oui, toi.
– Tu n’as pas protesté avec le magistrat ?
– Non, je ne suis pas allée en Cour. Ce n’était pas possible, toi. Le policier m’a découragée de le faire.
– Quel policier encore ?
– Celui qui m’a téléphoné pour me demander si j’avais bien reçu ma contravention. Je lui ai dit que je trouvais aberrant qu’on me fasse payer en 2022 une contravention de 2016 et j’allais le dire au magistrat.
– Qu’est-ce qu’il a répondu ?
– Qu’il me comprenait, mais qu’il ne pouvait que suivre les instructions. Je lui ai dit que j’allais aller en Cour pour protester, il m’a déconseillé de le faire.
– Pourquoi ?
– Il m’a dit que, de toutes les manières, j’étais coupable, puisque j’avais été flashée et qu’aller devant le magistrat n’allait rien changer. Que ça allait me faire perdre mon temps et perdre le temps de la Cour puisqu’il y a des centaines de gens qui, comme moi, doivent payer pour des offenses commises il y a bien des années.
– Qu’est-ce qu’il t’a dit de faire, alors ?
– De remplir la forme qui reconnaît que je suis guilty et revenir après pour payer l’amende.
– Tu as fini d’aller payer ?
– Non. Je vais aller faire ça la semaine prochaine. Si ton informateur de Curepipe me voit entrer dans le bâtiment de la Cour, dis-lui que c’est pour aller payer une contravention. Pas pour être jugée pour un vol ou un crime !
– Pourquoi tu me dis ça ?
– Pour éviter ki la gazette chiffon bleu publiyé enn foss news !
JCA
La contravention
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