Il fallait le faire. Et c’est arrivé effectivement. Air Mauritius a décroché la bourde en or des Jeux d’îles de l’océan Indien (JIOI). Pourtant, la compagnie aérienne nationale est un des Major Sponsors des Jeux, notamment avec une enveloppe de Rs 12 millions pour les épreuves sportives, dont le judo et le mini-marathon, se déroulant effectivement à Rodrigues. Le courrier d’Air Mauritius a atterri à l’aéroport régional de Plaine-Corail à la mi-journée sans son plus important « passager » en marge des 10e Jeux des îles. Pourtant, toute l’île Rodrigues s’était mobilisée — aux abords de l’aéroport ou tout au long du passage — pour réserver un accueil digne de ce nom à cette VVIP hors du commun. La Flamme des Jeux, qui était attendue par toute l’île Rodrigues, était restée au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport Terminal au départ du premier vol d’hier matin en raison d’un excédent de poids.
C’est l’explication officielle fournie par la compagnie aérienne nationale, dont le Chief Executive Officer Somas Appavoo qui avait été une des premières personnalités à s’emparer de la flamme à son arrivée sur le sol mauricien très tôt hier matin. Après une déception initiale de ce départ raté, les Rodriguais, armés de leur courage et de leur joie de vivre, et animés de cette rage de vaincre face à l’adversité, allaient accueillir dans la liesse tout au long de ce parcours de la flamme hier après-midi, et ce, jusqu’à très tard.
Peu après 12 h 30, hier, à l’arrivée du vol d’Air Mauritius dans l’île, c’était l’embarras le plus incroyable parmi les membres de la délégation officielle, dont le ministre des Sports, Stephan Toissaint, et le Chief Executive des JIOI, Jean-Pierre Sauzier, qui étaient du voyage. La Flamme des Jeux, la vedette du jour, était restée à Maurice. Il fallait faire face à cet imprévu et « face the music » en attendant de se rattraper avec le prochain vol annoncé peu avant 15 heures. Du côté d’Air Mauritius, on se refuse pour l’instant de se jeter dans une « blame game in this unfortunate mishap ».
«Pourquoi n’avoir pas débarqué un membre de la délégation?»
A l’annonce de cette mésaventure, le public, qui avait fait le déplacement à l’aéroport Plaine-Corail, cachait difficilement son amertume et se laissait aller à des commentaires désabusés. « C’est du boycottage, parce que la Flamme des Jeux allait traverser Rodrigues en premier », pouvait-on entendre à la ronde. Le député de l’Organisation du Peuple de Rodrigues (OPR), Buisson Leopolod, se demandait « pourquoi Air Mauritius n’a pas débarqué un des passagers au lieu de laisser la flamme sur le tarmac à Maurice ? »
Dans une tentative de calmer le jeu, les responsables de l’événement, de concert avec les autorités locales, ont pris la décision d’organiser une animation avec séga-tambour sur place, vu qu’il était confirmé que la VVIP du jour avait déjà été embarquée à bord du deuxième vol. Ainsi, tout au long du trajet, notamment dans les principales agglomérations de l’île, les membres du public ont profité de ce contretemps pour rentrer chez eux, le temps de se restaurer pour revenir en plus grand nombre en début d’après-midi.
A 14 h 40, après le débarquement de la Flamme des Jeux, cela a été le soulagement pour les organisateurs. Le coup d’envoi de la ferveur populaire était donné par Rose de Lima Edouard, Commissaire des sports, remettant la flamme au Chef commissaire, Serge Clair, à la sortie de l’aérogare de Plaine-Corail. Et c’était parti pour une tournée avec une animation sans précédent et la vedette du jour tantôt dans les mains des personnalités politiques de l’île tantôt, dans celles d’anciennes gloires du sport national et rodriguais, dont Jean-Marc Ithier, Eric Milazar, Christiane Legentil ou Elvino Pierre-Louis. La dernière partie du trajet d’hier soir entre Anse-aux-Angais et Pointe-Monier s’est faite sur une embarcation de pêcheurs.
La passion du Rodriguais pour la Flamme, en dépit de la mésaventure d’hier matin, s’explique par le fait qu’il est convaincu que les sportifs de l’île, faisant partie de la sélection de Maurice, vont faire honneur au quadricolore et à leur île natale. « Nou pe kraz partu dan JIOI », lançaient les plus hardis lors du passage de la flamme, qui retourne à Maurice par le premier vol de ce matin pour poursuivre sa route jusqu’au stade Anjalay le vendredi 19 juillet pour la cérémonie d’ouverture de ces 10es JIOI, soit le troisième sur le sol mauricien.